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Le manque d'anticipation des PME wallonnes relevé par la Louvain School of Management (LSM)

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 61 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 08/10/2021
    • de SOBRY Rachel
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    La Louvain School of Management, en partenariat avec la banque CBC, a mis en place un outil d'évaluation du niveau de préparation des PME wallonnes à l'avenir. Leur pérennité et leur faculté à répondre aux défis du futur dépendent largement de la mise en place d'une stratégie sur le long terme.

    Entre 2019 et 2021, 148 PME issues de différents secteurs et aux chiffres d'affaires très différents ont été passées au crible par le « scan PME », nom donné à l'instrument développé. Alors qu'au début de l'expérience, c'est le faible niveau de digitalisation qui a rapidement été mis en évidence, différents points ont pu être analysés et classifiés.

    La gestion opérationnelle est généralement saine et permet une vision à long terme. En ce qui concerne les dimensions environnementales, en revanche, les entreprises y accordent trop peu d'importance, privilégiant une vision à plus court terme basée sur l'économie des coûts (électricité, consommation de papier, et cetera). Pourtant, c'est dès à présent que les PME doivent investir dans ce domaine. À défaut, elles risqueraient de devenir indésirables, notamment lorsque les banques commenceront à évaluer les entreprises selon leur impact environnemental. Enfin, la majorité des PME se contenteraient de vendre leur produit sans y ajouter du service ou des conseils et sans exploiter les données de leurs clients.

    Amélie Jacmin, professeure à la LSM en conclut un manque global d'interrogation des PME sur leur avenir. Alors que le soutien de la Wallonie aux indépendants est important, notamment en encourageant l'émergence d'entreprises et en facilitant des partenariats, mes questions sont les suivantes :

    Quelle analyse Monsieur le Ministre fait-il des résultats de ce scan réalisé par la LSM en partenariat avec la CBC ?

    Les PME wallonnes anticipent-elles effectivement trop peu l'avenir ? Comment y remédier et leur assurer une plus grande pérennité ?

    Quels dispositifs la Wallonie met-elle en place pour assurer aux entreprises une certaine longévité ?

    Comment sensibiliser les entrepreneurs à l'importance de la dimension environnementale, dès aujourd'hui ?
  • Réponse du 05/11/2021
    • de BORSUS Willy
    Nous avons en effet pris connaissance de l’étude très intéressante menée par La Louvain School of Management, laquelle a retenu toute notre attention. En effet, l’intérêt d’une telle démarche est de coupler l’accompagnement d’une institution bancaire avec une expertise en stratégie d’entreprise. Les entrepreneurs sont souvent absorbés par la gestion à court terme de l’entreprise dans un contexte de pression ou de complexité administrative et juridique sans cesse croissante. Ils trouvent difficilement le temps de se plonger dans une réflexion stratégique plus prospective. Les résultats, publiés en 2019, portent sur l’année 2018 juste avant la période inédite de pandémie que nous avons connue. Les entreprises ont dû faire face à de nouveaux défis et se sont retrouvées dans des situations compliquées, voire parfois extrêmement complexes.

    Dans le cadre du dispositif Réaction, selon les résultats du 12 mars 2020 (pour avoir l’impact de la pandémie) au 31 août 2021, soit 17 mois d’activité, sur près de 1.100 entreprises, il s’avère que 39 % des demandes des entreprises concernaient les mesures spécifiques liées au Covid. Les mesures prises par les autorités publiques ont joué un réel rôle protecteur de ces entreprises.

    Sur les 1 100 demandes, 30 % des entreprises ont été orientées vers d’autres sources de financement (Sowalfin (21 %), micro-crédit, Invest locaux ou institution financière pour 18 %).

    Malheureusement, seulement 10 % des entreprises ont demandé des conseils en matière de gestion d’entreprise, or c’est à ce niveau que se situent les principales raisons des difficultés que rencontrent les TPE/PME. Quand les activités de l’entreprise vont bien - même si le potentiel de l’activité n’est pas optimalisé – l’entrepreneur a régulièrement tendance à « ne pas se poser trop de questions ». Dès que des difficultés apparaissent, il se trouve démuni et n’identifie pas nécessairement les solutions adéquates par rapport à sa situation. Des erreurs liées à ces incompréhensions ont comme conséquence d’aggraver les difficultés.

    Les principales causes en matière de gestion sont :
    - un problème de capitalisation : le montant des fonds propres négatifs est trop important pour que l’intervention de la SOGEPA puisse les remettre en positif (condition de l’intervention). Cet élément est difficile à comprendre pour le chef d’entreprise qui ne maîtrise pas toujours parfaitement les règles comptables et leur impact dans la gestion quotidienne ;
    - certaines entreprises ont un compte courant débiteur qui aggrave les difficultés. Avant toute intervention financière de la SOGEPA, l’entrepreneur devra apurer le montant du compte courant ;
    - beaucoup d’entrepreneurs pensent également que leurs problèmes seront réglés par du financement. Souvent, un accompagnement est nécessaire avant d’envisager toute forme d’intervention financière. Parfois l’accompagnement suffit et l’entreprise peut à nouveau travailler en toute sérénité, dans le cas contraire, un dossier d’intervention financière est analysé ;
    - le calcul des marges pose souvent problème, certains entrepreneurs travaillent sans tenir ou sans tenir suffisamment compte des frais fixes et certains ne prennent aucun salaire ;
    - il est également constaté dans la majorité des dossiers traités que l’entrepreneur attend trop longtemps pour faire appel à une aide quelconque. Il est très pris par ses activités, la gestion est souvent délaissée et considérée de manière péjorative : les « papiers » rebutent les chefs d’entreprises qui se reposent entièrement sur leur comptable sans comprendre les éléments de gestion et les éléments du statut d’indépendant.

    Les conseillers de la SOGEPA, en collaboration avec les Chambres de Commerce et d’Industrie prodiguent un accompagnement sur mesure à l’entrepreneur dans toutes les dimensions de l’entreprise y compris l’environnement afin de mener une politique de rationalisation des coûts et d’identifier les coûts cachés.

    La SOGEPA a mis en place une politique d’anticipation par une campagne de communication ciblée afin de toucher les entreprises dès que les premières difficultés se présentent, quelles qu’elles soient. Le message récurrent est : n’attendez pas et faites-vous accompagner dès que vous avez des interrogations sur votre business.

    La SOGEPA a également élaboré une stratégie de professionnalisation des TPE par l’accompagnement économique offert par les conseillers, mais également par la mise en place de personnes-ressources dans les Conseils d’administration et/ou Comités d’avis. L’objectif est de soutenir le chef d’entreprise dans son quotidien.