Les fouilles du site protohistorique dans le zoning de Tournai Ouest
- Session : 2021-2022
- Année : 2021
- N° : 43 (2021-2022) 1
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Question écrite du 08/10/2021
- de AGACHE Laurent
- à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
Le 12 février de cette année, Madame la Ministre nous apprenait que 72 ha sur les 105 ha concernés ont déjà été explorés et une douzaine d'hectares étaient en cours de fouilles préalablement à l'implantation prochaine de l'entreprise CEBEO. Ces investigations devaient être terminées pour le mois de mars 2021 tandis qu'une fouille plus approfondie devait avoir lieu au printemps-été 2021 sur plusieurs parcelles ayant révélé une occupation dense.
Les fouilles préventives sur les terrains restants n'étaient pas encore programmées, leur mise en œuvre étant conditionnée par le planning général d'IDETA et par la disponibilité du personnel de fouille.
Les objets découverts étant confiés à l'AWaP qui en devient propriétaire et qui assurera l'étude de l'ensemble du matériel, sa conservation et sa mise en valeur, il était prématuré en février de donner plus de précision sur ces aspects, puisque les investigations n'étaient pas terminées.
Six mois plus tard, Madame la Ministre peut-elle nous dire où nous en sommes ? Les fouilles sont-elles toujours en cours ? Ont-elles pris fin ?
Sait-on maintenant comment ces découvertes seront conservées ? Est-il prévu une mise en valeur touristique future ? S'agissant ici d'un des plus vastes sites protohistoriques de Belgique jamais découvert, est-il possible de partager cet héritage avec nos concitoyens dans un futur relativement proche ?
Réponse du 22/10/2021
- de DE BUE Valérie
D’une part, comme cela était prévu, l’évaluation et la fouille archéologiques du site CEBEO (Phase 2A) ont pris fin en mars 2021. Elles ont mis en lumière une occupation du Second Âge du Fer, constituée d’un enclos délimitant l’espace, d’un réseau de fossés et de fosses de détritiques qui contiennent les rejets, c’est-à-dire les poubelles de la protohistoire. Ces éléments sont tout à fait typiques pour les sites de cette période qui s’étend entre les 5e et 1er siècles av. J.-C.
D’autre part, les recherches se sont poursuivies sur une surface de 10 ha située au nord-est du zoning (Phase 1C). Elles ont été menées en deux temps, d’août à décembre 2020 et de mai à septembre 2021. Après l’évaluation, une fouille extensive a eu lieu sur un peu plus de 1 ha. Elle a livré près de 400 vestiges archéologiques particulièrement bien conservés. Ils appartiennent à une zone d’habitat datée de la fin de l’Âge du Bronze et du début du Premier Âge du Fer, c’est-à-dire des 9e et 8e siècles av. J.-C.
Outre la découverte de bâtiments sur poteaux tout à fait exceptionnels pour la période, la fouille a révélé des aires d’extraction de matière première (notamment d’argile pour fabriquer le torchis ou la céramique), de lieux de stockage et des témoins d’artisanat. Les nombreux artéfacts récoltés sur ce site sont en cours de nettoyage ou en attente de traitement dans les ateliers de l’AWaP à Mons et Namur.
À terme et après étude, comme convenu dans le protocole d’accord signé avec le propriétaire de la ZAE, l’AWaP devra déposer les biens archéologiques dans un dépôt agréé ou dans un musée reconnu par la Communauté française. Ce matériel, conformément aux dispositions du CoPat, y sera accessible aux chercheurs et pourra faire l’objet d’expositions, pour autant que les conditions de conservation adéquates soient garanties.
En ce qui concerne la poursuite des travaux, depuis la mi-septembre, l’équipe s’attèle à la mise en ordre des données de terrain. L’objectif est de permettre une compréhension globale de l’ensemble des occupations observées depuis 2018.
Une communication est prévue sur le sujet dans le cadre des Journées d’archéologie wallonne qui se dérouleront le 25 novembre prochain.