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L'évaluation du risque d'extinction des arbres et le projet Nassonia

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 86 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 15/10/2021
    • de COLLIN René
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    L'un des objectifs de Madame la Ministre fixés dans le cadre du Plan de relance est l'adaptation des forêts pour les rendre plus résilientes.
     
    Selon une étude récemment publiée par l'organisation des jardins botaniques, dont celui de Meise, près d'une espèce d'arbre sur trois serait menacée d'extinction (17 500 sur les 60 000 recensées). La situation est bien entendu très alarmante dans certaines régions du globe (ex.  Brésil ou Madagascar) qui présente plus de 50 % d'espèces d'arbres menacées. En Europe, la situation est aussi très inquiétante avec plus d'une espèce sauvage sur deux menacée d'extinction (58 %).
     
    Quelle est la situation en Wallonie ?
     
    À l'instar des listes rouges pour d'autres groupes, dispose-t-elle d'une liste des espèces d'arbres menacées l'échelle régionale ?
     
    Le projet Nassonia représente une association inédite entre le privé et le public impliquée dans la cogestion de 1 650 ha au sein de la forêt Domaniale de Saint-Hubert. Plusieurs objectifs sont ciblés dont la renaturation du massif forestier pour le rendre notamment plus résilient aux menaces actuelles et futures.
     
    Ce projet s'inscrivant logiquement sur le long terme, quels premiers retours peut-elle nous faire après les deux premières années ?  
     
    Cet espace inclut-il des espèces d'arbres menacées ?
     
    Celles-ci sont-elles prises en compte à l'aube d'un nouveau plan d'aménagement et dans un contexte global de réchauffement climatique qui impactera probablement certaines espèces emblématiques telles que le hêtre ?
  • Réponse du 10/11/2021
    • de TELLIER Céline
    La liste des espèces floristiques protégées en Wallonie concerne les espèces rares, menacées et protégées de Wallonie. Actuellement, seules quatre espèces d’arbres figurent parmi les 575 espèces reprises sur cette liste, à savoir l’orme lisse, le chêne pubescent ainsi que deux espèces de chêne hybrides. Le genévrier, l’if, le cotonéaster sauvage et le piment royal sont des espèces arbustives menacées. Toutes ces espèces sont protégées par la loi sur la conservation de la nature et ne font l’objet d’aucune exploitation. Leur rareté tient au fait qu’elles occupent des milieux marginaux comme des bords de cours d’eau, des milieux calcicoles ou très secs.

    La zone concernée par le projet Nassonia ne comprend pas d’espèces d’arbres reprises dans la liste des espèces protégées en Wallonie. Deux espèces composent majoritairement la forêt de Saint-Michel Freyr, accueillant le projet Nassonia : le hêtre y occupe 75 % de sa surface et l’épicéa, 11 %. Les observations et analyses de terrain effectuées ces dernières années au sein de la forêt Domaniale de Saint-Michel Freyr ont permis de mettre en évidence des zones de hêtraies soumises à un phénomène de dépérissement et des zones d’épicéas scolytés.

    De plus, les études et les inventaires réalisés ces trois dernières années, appuyés par les observations des gestionnaires forestiers, indiquent une uniformisation des futaies feuillues (conséquence de la surdensité de la grande faune et des anciennes pratiques de martelage) par une domination massive du hêtre au détriment d’autres essences potentiellement mieux adaptées au dérèglement climatique (chêne et érable), faute de lumière et d’espace et entrainant une diminution en diversité des habitats et en résilience des écosystèmes forestiers.

    Lors des inventaires, il a été également mis en évidence que des essences comme le chêne ne se régénèrent plus naturellement depuis près de 80 ans et l’érable depuis près de 60 ans.

    Cette absence de diversification dans la régénération, en plus d’homogénéiser fortement la forêt, entrainera une diminution certaine des ventes de bois sur le long terme. La diversification des massifs forestiers pour permettre à la forêt de perdurer et d’être davantage résiliente sur le long terme est donc primordiale et se retrouve au cœur du Master Plan de Nassonia déposé à l’automne 2020. L’équipe en charge du projet Nassonia s’est en effet fixé comme objectif, entre autres, d’augmenter la résilience de la forêt de Saint-Michel Freyr face aux variations du climat, aux crises sanitaires et autres aléas des siècles à venir.

    Plusieurs actions ont donc été menées afin de poursuivre et amplifier les actions de diversification forestière déjà appliquées depuis de nombreuses années par le Département de la Nature et des Forêts.

    À titre d’exemple, deux projets ont été déposés afin d’obtenir un financement auprès du Programme wallon de Développement rural (PwDr) et sont en cours de réalisation sur le massif. Le premier ambitionne de restaurer 54 ha de forêt alluviale, en y éliminant la régénération de hêtre pour favoriser les semis d’érables, de chênes, d’aulnes et de frênes encore présents notamment. Les baliveaux coupés seront maintenus au sol afin de reconstituer la litière et offrir une protection des semis contre la dent de la grande faune. Le second vise à transformer 22 ha de vieilles plantations d’épicéas instables, hors station ayant été impactée par les scolytes, en forêts mélangées indigènes de type boulaie-chênaie-aulnaie enrichie en essences secondaires (sorbier, alisier, saules, etc.).

    Par ailleurs, l’identification, via l’inventaire en plein, des trouées au sein des hêtraies a déjà permis, en deux ans, le semis et la plantation de diverses essences (bouleau, chênes, sorbiers) sur 2 ha au sein de ces trouées. Dès cet hiver, 13 000 chênes et érables seront plantés dans d’autres trouées afin de diversifier la hêtraie.

    D’autres projets visant à la restauration des milieux naturels et à l’accueil d’un tourisme diffus ont également déjà été menés : restauration de 4 ha de prairies alluviales dans la vallée de la Masblette au Fourneau Saint-Michel et installation d’un sentier didactique autour de celles-ci ; création de 21 nouvelles mares et restauration de 8 ha de landes à bruyères par étrépage dans la Réserve naturelle domaniale ; travaux d’entretien et de restauration de l’ancien arboretum de Saint-Michel.