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Le développement du fret ferroviaire et son impact sur le secteur logistique

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 71 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 15/10/2021
    • de SCHYNS Marie-Martine
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    La semaine dernière dans le cadre de son accord sur le budget 2022, le Gouvernement fédéral a annoncé qu'une enveloppe complémentaire de 250 millions viendra renforcer le Plan Boost, une partie de ce montant est destinée au renforcement du fret ferroviaire.

    La volonté est de doubler le volume du fret ferroviaire à l'horizon 2030. Si l'objectif devait être atteint, cela représenterait 15 000 camions en moins par jour sur nos routes, une réduction d'un million de tonnes de CO2 ainsi qu'une réduction des files et des embouteillages.

    Ce transfert modal est naturellement important pour notre secteur logistique, dans lequel la Wallonie a massivement investi ces dernières années notamment via le Plan Marshall et certains projets comme le Trilogiport de Liège.

    Monsieur le Ministre a-t-il pris des contacts avec le Fédéral, en particulier le Ministre de la Mobilité, pour identifier les impacts de ces investissements pour le secteur logistique en Wallonie ?

    Le SPW a-t-il pu identifier les projets qui pourraient être retenus ? Va-t-il soumettre une liste de projets au Fédéral ?

    Les acteurs de ce secteur, je pense en particulier au CESW et au pôle de compétitivité Logistics in Wallonia, seront-ils associés à cette réflexion ?
  • Réponse du 09/11/2021
    • de BORSUS Willy
    L’accord du Gouvernement fédéral « vise une amélioration substantielle du transport ferroviaire de marchandises en vue de doubler son volume d’ici 2030 ». Le gouvernement fédéral prévoit d’ailleurs de mettre « à la disposition d’Infrabel des ressources d’exploitation et d’investissement suffisantes pour lui permettre de répondre à la demande croissante de transport de marchandises ».

    Le Gouvernement wallon a adopté sa stratégie régionale de mobilité le 29 octobre 2020. Au sein de celle-ci, il est spécifié que la revitalisation du fret ferroviaire en Wallonie a fait l’objet d’une stratégie spécifique en 2016. Les recommandations peuvent en être reprises en les adaptant aux nouvelles ambitions économiques, sociales et environnementales. Il faut en particulier sauvegarder l’existant, augmenter ponctuellement les capacités et moderniser l’usage des infrastructures.

    La vigueur du tissu économique dépend entre autres de la performance du système de transport, singulièrement de fret. La circulation optimale des marchandises, que ce soit pour leur production ou leur distribution, est une condition sine qua non de la vitalité, voire du maintien, de très nombreuses activités économiques. Cette vitalité a une implication directe sur le nombre d’emplois et la création de valeur ajoutée dans notre région.

    Malheureusement, le constat est le suivant : l’essentiel des infrastructures liées à l’activité fret n’a pas été suffisamment entretenu et doit être désormais rénové. Le réseau est dense et largement dimensionné. Néanmoins les coupes budgétaires successives subies par le gestionnaire d’infrastructure l’ont empêché d’entretenir correctement les gares de formation, les lignes industrielles et les raccordements, même si le nouvel accord de coopération relatif aux investissements ferroviaires stratégiques conclus en 2018 entre les Régions et le fédéral sous l’impulsion du Ministre fédéral de la Mobilité de l’époque, Monsieur François Bellot, tente d’y remédier.

    Il faut désormais résorber ce retard. L’entretien du réseau utile à nos industriels est la première des priorités. Dans le même esprit, la Région doit insister auprès d’Infrabel pour qu’elle élabore une vraie stratégie en matière de fret ferroviaire (entretien, adaptation, financement, développement, et cetera). Enfin le gestionnaire de l’infrastructure doit être proactif en ce qui concerne l’information aux industriels. Cela concerne l’état du réseau, les travaux en cours ou à venir, les évolutions possibles sont autant d’informations cruciales.

    Pour se prémunir des stratégies parfois volatiles des opérateurs fédéraux, la Wallonie doit assurer son rayonnement à l’international. Plusieurs pistes sont identifiées, de la promotion du ferroviaire de/vers les principales régions partenaires en Europe à l’identification des flux routiers qui pourraient compléter l’offre ferroviaire vers ces territoires. De plus, notre Région a tout intérêt à encourager une concurrence équilibrée entre les modes de transport et pour ce faire, les coûts générés par les autres modes doivent être plus largement pris en compte, le respect des législations doit être davantage encouragé et les exigences de sécurité doivent tendre vers plus d’homogénéité. Enfin, le ferroviaire doit se tourner vers l’avenir, en identifiant les marchés porteurs et les moyens de répondre aux attentes des secteurs concernés.

    La revitalisation du fret ferroviaire passe par un ensemble de mesures qui doivent être portées par de multiples opérateurs. Il est essentiel pour aller de l’avant d’avoir un consensus sur des objectifs et des moyens. Même s’il s’agit d’une compétence fédérale, nos industriels souffrent d’une perte de consistance du réseau et de l’exploitation ferroviaire. La Wallonie ne peut y rester indifférente, car le fret ferroviaire est une condition sine qua non du développement futur de Wallonie. C’est pourquoi il est nécessaire d’encourager la concertation entre nos entités afin de déterminer les priorités qui sont à déterminer sur notre territoire. Ceci doit se réaliser en y intégrant divers acteurs wallons, comme notamment Logistics in Wallonia, l’Union wallonne des Entreprises, l’Union des classes moyennes ou encore notre Cellule ferroviaire.

    Récemment, j’ai d’ailleurs sensibilisé le Ministre fédéral de la Mobilité, Monsieur Georges Gilkinet, ainsi que le Chief Executive Officer d’Infabel, Monsieur Benoît Gilson, sur la nécessité de rassurer le secteur concerné relativement à la revitalisation du fret ferroviaire en Wallonie et sur le fait que je suis convaincu que nous sommes à un momentum pour le réinvestissement dans l’infrastructure ferroviaire.

    Il est important que cette volonté ambitieuse que nous partageons soit traduite au sein d’une stratégie pour le fret ferroviaire, au travers notamment du prochain Plan pluriannuel d’investissement d’Infrabel.

    Il en va de la cohérence avec les politiques menées au travers des différents Plans de relance, des deux accords gouvernementaux, de la Vision FAST wallonne et de sa Stratégie régionale de mobilité, ou encore du « Rail Roadmap 2030 ».