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Le départ des entreprises de Bruxelles vers la Flandre

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 75 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 15/10/2021
    • de SCHYNS Marie-Martine
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Tel que relayé par l'Écho en date du 12 octobre dernier, Statbel vient de publier les données relatives aux déplacements des sociétés. Et force est de constater que de plus en plus d'entreprises quittent la capitale pour s'installer au nord ou au sud du pays. En 2020, ce sont 2 824 entreprises bruxelloises qui ont en effet décidé de s'implanter en Flandre ou en Wallonie.

    Sur ce nombre, 1 708 sociétés ont quitté la capitale pour s'installer au Nord de la frontière linguistique. Un chiffre quasiment en perpétuelle évolution depuis une dizaine d'années. En 2009, elles n'étaient que 905. Une augmentation quasiment doublée donc depuis 2009. Les déplacements vers la Wallonie sont également en augmentation par rapport à 2009, mais de façon beaucoup plus légère (une hausse d'un peu moins de 15 %).

    Inversement, hélas pour Bruxelles, seules 1 928 sociétés wallonnes et flamandes ont quitté leur région pour s'implanter à Bruxelles. Un triste constat pour la Région Bruxelles-Capitale, mais qui témoigne des conséquences des externalités négatives que peuvent générer une concentration régionale trop forte. Notons cependant que Bruxelles reste une des régions d'Europe avec le plus haut taux de création d'entreprises, point de satisfaction pour elle.

    Mais pourquoi un tel attrait pour la Flandre ? Selon Olivier Willocx, CEO de Beci, les raisons se trouvent entre autres dans le développement de zonings, la situation au niveau de la main-d'œuvre, la « dynamique pro-entreprise » et la concertation avec les partenaires publics.

    Que pense Monsieur le Ministre de cette situation ?

    Pourquoi les entreprises fuyant Bruxelles se « réfugient-elles » prioritairement en Flandre selon lui ?
    Partage-t-il les constats du CEO de Beci ?

    Comment rendre notre région plus accueillante selon lui ?

    Envisage-t-il de revoir sa politique régionale afin de rencontrer les demandes des entreprises désireuses de s'implanter sur le territoire wallon ?
  • Réponse du 09/11/2021
    • de BORSUS Willy
    Les statistiques (source : https://statbel.fgov.be/fr/themes/entreprises/entreprises-assujetties-la-tva/migrations-des-entreprises-assujetties-la-tva#figures) de mouvements d’entreprises inter-régionaux belges disponibles depuis 2009 permettent en effet de faire quelques constats. Tout d’abord l'honorable membre évoque un nombre croissant de sorties d’entreprises depuis Bruxelles. C’est exact, mais il faut relever que le nombre d’entrées a également tendance à augmenter. Le nombre d’entrées et de sorties augmente aussi pour les deux autres régions, il y a donc une hausse générale du mouvement des entreprises entre les régions.

    Si l’on regarde l’évolution du solde net des mouvements d’entreprises pour les trois régions on constate pour Bruxelles 500 sorties nettes annuelles en moyenne de 2009 à 2016 puis une accélération depuis 2017 avec 702 sorties cette année-là, puis 662 en 2018, 782 en 2019 et 896 en 2020. Il s’agit donc d’une véritable hémorragie et d’un départ important d’entreprises quittant Bruxelles.

    Dans le même temps, Flandre et Wallonie enregistrent des entrées nettes presque chaque année. La Wallonie est la région qui enregistre le plus d’entrées nettes (i.e. les entrées moins les sorties), avec plus de 5 000 entrées nettes de manière cumulée depuis 2009 contre 2 241 pour la Flandre. La Wallonie est donc la région qui attire le plus d’entreprises si on considère le solde net.

    Pour ce qui est des sorties depuis Bruxelles, on constate en effet que la somme des sorties depuis Bruxelles se fait majoritairement vers la Flandre avec un total de 15 770 entreprises depuis 2009 contre 12 561 pour la Wallonie. Sachant que le tissu économique flamand compte environ deux fois plus d’entreprises que la Wallonie, notre région ne parait pas souffrir d’un manque d’attractivité. En chiffres pondérés, la Wallonie fait proportionnellement mieux que la Flandre. Les informations sur les codes NACE des entreprises permettent d’affiner un peu le diagnostic. La majeure partie des sorties cumulées depuis 2009 de Bruxelles concernent les activités spécialisées, scientifiques et techniques et les sorties sont très équilibrées entre Flandre et Wallonie (3 400 contre 3 200). L’autre activité qui concerne le plus de mouvements de sorties d’entreprises depuis Bruxelles est le commerce et réparation d’automobiles, là encore les flux sont assez équilibrés avec une légère tendance favorable pour la Flandre (2 628 contre 2 223). Cela dit, les mouvements vers la Flandre sont deux fois plus importants que ceux vers la Wallonie pour le cas spécifique de la troisième activité principale qui est la construction (3 000 contre 1 500) ; elle explique la majeure partie de la différence totale du nombre de sorties vers les deux régions.

    On l'aura compris on peut faire de nombreuses statistiques descriptives à partir de ces informations. Pour être tout à fait rigoureux en termes démographiques, il faudrait rapprocher ces données de mouvements de données de création d’entreprises nouvelles pour chaque région. Le constat global est en tout cas le suivant : Bruxelles connaît un exode relatif de ses entreprises pour de multiples raisons notamment quand celles-ci cherchent à se développer.

    Cependant, la Wallonie ne souffre donc pas d’un déficit d’attractivité au vu de ces informations, bien au contraire.