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La présence et le développement des technologies douces (low-tech) en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 77 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 15/10/2021
    • de AGACHE Laurent
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Les technologies douces, ou « low-tech », désignent, par antonymie avec le « high-tech », des innovations sobres, agiles et résilientes. Elles visent l'émergence d'une société plus économe et responsable en ressources et en énergie.
    Ces technologies ne sont pas nouvelles. Cela fait des années que l'on trouve une serre californienne au sein du jardin-forêt des fraternités ouvrières de Mouscron par exemple. Sur Internet, d'ingénieux tutoriels low-tech pullulent : des cuiseurs solaires aux éoliennes domestiques, en passant par les « frigos du désert ».
    Et pourtant, les technologies douces et leurs principes de durabilité et réparabilité peinent à se développer. Le low-tech ne serait pas assez profitable et presque toute notre attention reste focalisée sur les hautes technologies pour trouver des solutions au moindre de nos problèmes.

    Comment expliquer que ces alternatives, pourtant prometteuses sur le plan écologique, peinent tant à s'inscrire durablement dans notre paysage technique, technologique et scientifique ?
    Est-ce parce qu'il serait moins coûteux de consommer des ressources, émettre des gaz à effet de serre, que de mobiliser le travail et l'inventivité humaine ?

    Notre futur semble confisqué par la high-tech. L'image du low-tech est d'office associée à un retour en arrière. Il n'en est pourtant rien, car c'est bel et bien la promesse d'un futur durable que portent les technologies douces.

    Monsieur le Ministre est-il sensible aux principes des low-tech ?

    Quelles sont les initiatives qu'il prend afin que puissent davantage se développer ces filières, afin que la Wallonie devienne pionnière en la matière ?

    Une filière de formation aux low-tech ne pourrait-elle être développée par l'IFAPME afin de permettre l'émergence de futurs projets entrepreneuriaux axés sur ces techniques beaucoup plus économes en ressources, et qui pourrait répondre à un marché qui va se développer, vu la sensibilité croissante dans la population à cet égard ?
  • Réponse du 09/11/2021
    • de BORSUS Willy
    Mon cabinet et moi-même sommes sensibilisés à la transition environnementale et circulaire. Afin d’assurer une croissance économique pérenne et de s’aligner sur les priorités européennes en la matière, je capitalise sur le numérique comme outil transversal dans l’accélération d’une croissance plus soucieuse de son empreinte écologique. Ma logique d’intervention n’est pas de soutenir le numérique pour le numérique, mais bien de saisir toutes ses opportunités et avancées pour répondre aux défis d’aujourd’hui et de demain.

    À travers ses différents axes, Digital Wallonia couvre depuis 2019 la thématique du numérique et de l’environnement. Le volet « société digitale » de la stratégie numérique wallonne contribue à rendre notre société plus inclusive, responsable et consciente de son impact sur l’environnement. L’Agence du Numérique développe en collaboration avec mon cabinet la troisième version de Digital Wallonia. Cette dernière s’adapte aux nouvelles réalités wallonnes et s’inscrit dans une optique plus globale permettant à la Wallonie de contribuer aux chaînes de valeur européennes. Cette version met un accent particulier sur les enjeux environnementaux et circulaires tout en s’alignant avec les ambitions des stratégies régionales comme la S3 et Circular Wallonia.

    La Wallonie évolue dans un contexte européen de plus en plus soucieux de la problématique environnementale. Cette priorité stratégique incite la Wallonie à renforcer son expertise, son innovation et sa dynamique autour de démarches technologiques et non technologiques plus vertes. La publication de la Commission européenne des trois stratégies sur l’écologie (le Green Deal), le numérique et l’industrie souligne tout l’attrait de contribuer, à l’échelle de notre région, à la neutralité climatique d’ici 2050. C’est dans cette optique que l’offre et la demande de solutions numériques en Wallonie vont évoluer dans le courant des années à venir. Cette évolution tiendra compte de la réduction de l’empreinte écologique des technologies numériques et des opportunités circulaires et énergétiques que les avancées numériques peuvent générer. Par conséquent, le marché wallon évoluera vers des technologies plus sobres, plus agiles et plus résilientes afin d’assurer une rationalisation de l’utilisation des ressources ainsi qu’une efficience énergétique.

    Je suis conscient qu’il existe des innovations technologiques plus douces qui pourraient être capitalisées afin d’être plus durable et résilient. La Wallonie n’est d’ailleurs pas novice en la matière. Les mécanismes de financement de la recherche et de l’innovation du SPWEER financent une multitude de projets low tech prometteurs. Les pôles de compétitivité jouent aussi un rôle central dans le développement d’initiatives low tech.

    En effet, plusieurs appels à projets de pôles s’inscrivent dans une telle démarche au vu des bénéfices environnementaux et économiques qu’ils génèrent.

    Un autre mécanisme et non des moindres, est le chèque entreprise. La Wallonie compte en 2021 plus de 450 prestataires labellisés pour accompagner les entreprises dans leur volonté de transformation et d’innovation. Jusqu’ici, plus de :
    - 130 entreprises ont bénéficié de chèques énergie dans la finalité de s’inscrire dans une transition énergétique durable ;
    - 500 entreprises ont bénéficié du chèque innovation. Les bénéficiaires ont initié une multitude de projets qui ne s’inscrivent pas systématiquement dans des prototypes technologiques avancés ;
    - 2 600 entreprises se sont vu accorder un chèque croissance afin de se développer et de s’aligner avec les évolutions du marché et de la société.

    Le numérique peut jouer un rôle stratégique dans le développement de solutions low tech. Il peut aussi être un pivot dans la mobilisation des acteurs du paysage technique, technologique et scientifique afin de les sensibiliser. Il est important de souligner que la low tech trouve aussi ses fondements dans une résilience collective et une transformation tant culturelle que comportementale. Divers axes de la stratégie wallonne de l’économie circulaire peuvent être capitalisés pour accroitre ce marché, fédérer une dynamique régionale et pour positionner la Wallonie comme leader en la matière.

    Circular Wallonia soutient une série d’innovations technologiques et non technologiques pouvant s’inscrire dans une démarche circulaire, de réemploi, de revalorisation, de recyclage et de réparabilité. Pour soutenir cette dynamique, la stratégie mobilise les parties prenantes régionales autour de la thématique en agissant sur l’information, l’éducation, la sensibilisation et la formation. Cette mobilisation induit une mise en capacité tant des consommateurs que des producteurs afin de favoriser plus d’initiatives basées notamment sur les principes du low tech dans les six chaînes de valeur prioritaires de la stratégie.

    En parallèle, les domaines d’innovation stratégiques de la nouvelle stratégie wallonne de spécialisation S3 se mobilisent autour des principes de durabilité et du réemploi. À titre d’exemple, je peux citer les matériaux circulaires, le remanufacturing, la réduction des émissions de CO2 dans la construction, l’efficacité énergétique des productions industrielles, le déploiement des énergies renouvelables, la décarbonation de la mobilité, les pratiques agricoles et les productions alimentaires plus durables, et cetera. Comme l’honorable membre peut le constater, divers axes vont être mis en œuvre afin de renforcer la recherche et l’innovation dans ces filières low tech. Une approche plus transversale est soutenue à travers les initiatives d’innovation stratégiques. Cela permet de fédérer plus d’inventivité humaine afin de contribuer ensemble à la réduction des émissions des Gaz à effet de serre, par exemple.

    Par ailleurs, en adéquation avec les ambitions de la S3 et de Circular Wallonia, la low tech représente une opportunité de développer des initiatives robustes pouvant être conçues plus facilement et rapidement grâce à la co-création et à un dialogue continu entre les maillons de la chaîne de valeur.

    Pour finir, dans le cadre de Circular Wallonia, l’offre de formation de l’IFAPME et d’autres organismes sera renforcée et adaptée pour répondre aux besoins en compétences organisationnelles, techniques et appliquées de l’économie circulaire. Le dispositif des générations entreprenantes renforcera la dimension circulaire afin d’inciter les écoliers, étudiants et entrepreneurs en herbe à adopter une optique plus low tech. Cette nouvelle filière de formation incitera les porteurs de projets à innover sur des solutions technologiques et non technologiques plus économes en ressources et en énergie.

    Ce travail sur la formation et l’éducation sera élaboré en partenariat avec ma Collègue Christie Morreale et la Fédération Wallonie-Bruxelles.