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La problématique de surproduction d'électricité et des pannes de panneaux solaires

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 124 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 15/10/2021
    • de MATHIEUX Françoise
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    Ce lundi 11 octobre, la presse flamande relayait un problème rencontré par l'opérateur de réseau flamand Fluvius. Celui-ci a déjà reçu 2 397 plaintes concernant des panneaux solaires défaillants cette année (soit 65 % de plus que l'année précédente). En cause : l'onduleur des installations.

    L'onduleur fonctionne comme une protection lorsque le réseau électrique ne peut plus traiter l'excès d'électricité produit. Le problème se pose par temps ensoleillé, principalement dans les zones où il y a beaucoup de panneaux et où l'électricité doit parcourir de plus longues distances. Quand le soleil brille, l'excès d'électricité produit ne peut être correctement traité et les installations tombent en panne. Les citoyens flamands sont évidemment très mécontents, d'autant qu'il faut du temps pour rétablir la situation à chaque panne et que les pertes sont donc importantes.

    Monsieur le Ministre est-il au fait de cette importante problématique sur laquelle a été interpellée très récemment son homologue flamande, Zuhal Demir? Le même problème existe-t-il en Wallonie ?

    A-t-on identifié d'autres problèmes liés à la surproduction d'énergie des panneaux solaires en Wallonie ? Dans l'affirmative, comment entend-il gérer ce manque à gagner pour la population ? Dans la négative et dans la perspective de l'objectif d'un recours accru à l'énergie solaire par les particuliers, a-t-il anticipé ce type de problèmes et envisagé des solutions adaptées ?
  • Réponse du 18/11/2021
    • de HENRY Philippe
    En effet, le réseau wallon connait les mêmes problèmes que celui de nos voisins.

    Les installations photovoltaïques chez des particuliers ont une puissance inférieure à 10 kWc. Pour cette gamme de puissance, l’installation n’est pas munie d’un dispositif de contrôle commande permettant au GRD de réduire ou d’interrompre la production. C’est l’onduleur qui, via une fonction de protection, peut empêcher l’installation de produire. Cette fonction, imposée au niveau européen, évite que l’onduleur augmente la tension dans l’installation intérieure et dans l’entourage du point de raccordement, ce qui pourrait occasionner des dégâts. Dès lors, s’il y a beaucoup de production sur un même câble basse tension et que celui-ci est long et/ou d’une section faible, cette protection peut être amenée à fonctionner. Il est à noter que dès que le danger a disparu, l’onduleur se reconnecte automatique et reprend sa production.

    Comme l’honorable membre le rappelle dans sa question, les réseaux de distribution ont à l’origine été conçus et dimensionnés pour alimenter les consommateurs depuis les unités de production d’électricité centralisées. L’évolution technologique et les objectifs de lutte contre le réchauffement climatique modifient progressivement cette réalité, en injectant également de l’électricité renouvelable sur le réseau depuis un nombre croissant de foyers et entreprises.

    Les gestionnaires de réseau de distribution s’adaptent à ces nouvelles contraintes via des programmes d’investissements dans des renforcements de réseau et dans des outils informatiques et de télécommunication modernes (compteurs communicants, pilotage à distance du réseau, outils d’intelligence artificielle pour maximaliser les capacités d’accueil du réseau, et cetera).
    L’objectif de ces programmes d’investissement est de réduire au maximum les risques de saturation du réseau et donc le déclenchement des onduleurs, tout en maintenant un coût de gestion du réseau (et donc des tarifs) soutenable structurellement.

    Par ailleurs, lorsqu’une plainte introduite par un « prosumer » s’avère fondée, des travaux sont entrepris pour remédier à la situation (typiquement changement du réglage du transformateur en cabine, équilibrage des phases, placement d’un Transformateur Zigzag, assainissement du raccordement, et cetera). Ce suivi fait l’objet d’un rapportage spécifique dans la partie rapport qualité du plan d’adaptation auprès du régulateur. À titre d’illustration, en 2019, ORES a reçu 569 plaintes dont 257 étaient fondées, parmi lesquelles 229 ont nécessité une adaptation réseau. Ce nombre est à mettre en relation avec les uns peu plus de 125 000 « prosumers » que comptait le réseau d’Ores à la fin 2019.

    Enfin, dans certains cas très localisés et spécifiques, le déclenchement de ces onduleurs est inévitable pour garantir le bon fonctionnement du réseau et éviter des problèmes de tension électrique dans une zone donnée, pour l’ensemble des clients, qu’ils soient équipés ou non de panneaux photovoltaïques.

    Il faut savoir que les GRD ne peuvent pas s’opposer au raccordement de ces unités de productions et qu’ils doivent mettre (raisonnablement) tout en œuvre pour garantir l’accueil de ces unités. Cet élément couplé au fait que les citoyens ne peuvent choisir la cabine à laquelle ils vont être raccordés expliquent le fait qu’il n’y a pas de cartographie des capacités du réseau mise à disposition des citoyens. Rien n’empêche cependant l’utilisateur du réseau de prendre contact avec son GRD pour s’informer avant d’effectuer son investissement qu’il prendra soin de dimensionner correctement. Il est par ailleurs à noter que pour les installations importantes, les gestionnaires de réseaux ont l’obligation de publier sur leur site les capacités d’injections disponible sur leur réseau.

    Enfin, concernant les possibilités de recours, il faut faire une distinction entre les installations de maximum 5 kVA et celles entre 5 et 10 KVA.

    Concernant les premières, vu qu’il n’y a pas d’étude de détail, mais juste une notification auprès du GRD lors du raccordement, ce dernier ne pourra constater un éventuel problème de congestion que sur base d’une plainte documentée des clients. Sur base de cette plainte, il analysera le problème et, le cas échéant, opérera les adaptations nécessaires au réseau.
    Quant aux clients qui ont une installation de production d’une puissance supérieure à 5 kVA, ils ont droit à une compensation financière en cas d’interruption. Pour cela, ils doivent apporter la preuve de la perte et, le cas échéant, ils recevront une compensation financière pour toute l’année.