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Les accidents en trottinette électrique et la nécessité de statistiques plus détaillées

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 48 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 18/10/2021
    • de DI MATTIA Michel
    • à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
    En 2020, Vias note 404 accidents corporels qui ont touché des utilisateurs de trottinettes électriques. 342 blessés légers et 26 graves dont un tué. Cela fait plus d'un accident par jour. En plus de cela, on dénombre 15 blessés légers et un grave parmi les usagers d'autres moyens de mobilité douce, surtout les monoroues. Ces chiffres sont bien plus élevés que ceux que vous m'aviez donnés lors d'une réponse à une question écrite récente, ce qui montre sans doute qu'il existe encore des difficultés à obtenir des statistiques suffisamment précises. De plus, Vias estime que près de 80 % des accidents de ce type ne sont pas déclarés et échappent donc à vos statistiques. Vous avez, à plusieurs reprises, fait le constat que les statistiques sur lesquels vos services peuvent se baser actuellement sont insuffisamment précises, notamment sur les circonstances des accidents. Elles ne permettent pas non plus d'avoir une vision des accidents sans intervention de la police. Votre objectif annoncé était de créer un bureau d'enquête et d'analyse, ainsi que de futures actions et campagnes de prévention, en plus de campagnes générales sur le partage de la route, d'émissions « Contacts » et de supports sur les réseaux sociaux.

    Madame la Ministre peut-elle détailler ces nouvelles mesures de prévention ?

    Ne faudrait-il pas inclure une sensibilisation spécifique dans les écoles ?

    Où en est-elle dans la mise en œuvre de nouveaux outils statistiques, permettant de mieux détailler les circonstances d'un accident et notamment les modes de circulation en cause, ainsi que d'englober ceux qui ne font pas l'objet d'une déclaration à la police ou qui n'entraînent pas une visite immédiate à l'hôpital ?
  • Réponse du 03/11/2021 | Annexe [PDF]
    • de DE BUE Valérie
    404 accidents corporels impliquant une trottinette électrique ont effectivement été enregistrés par les services de police en 2020 en Belgique, ce qui correspond approximativement à un accident corporel par jour.

    Toutefois, seuls 43, soit 11 %, ont été enregistrés sur nos routes wallonnes. Dans ces accidents, 2 trottinettistes ont été grièvement blessés et 40 légèrement.

    Par ailleurs, seuls 2 accidents corporels impliquant un autre type d’engins de déplacement motorisés ont été enregistrés en 2020 en Wallonie, dont 1 utilisateur légèrement blessé.
    Même s’ils souffrent très certainement de sous-enregistrement, ces chiffres indiquent que la problématique des accidents impliquant un engin de déplacement motorisé reste mineure, pour l’instant, en Wallonie.

    Toutefois, il est évidemment important d’accorder une attention particulière à ce mode de déplacement en raison de son usage croissant par la population.
    Cette thématique devra faire l’objet d’un module spécifique développé par le Département Formation récemment créé au sein de l’AWSR. Je compte profiter de celui-ci pour initier de nouvelles mesures de prévention spécifiquement dédiées aux dangers liés à la micromobilité.

    Comme annoncé à la suite des États généraux de la sécurité routière, j’ai également pour projet d’implémenter un brevet lié au partage de la route en milieu scolaire à destination des jeunes du secondaire. Ce sera l’occasion de parfaire les connaissances et les comportements à adopter selon que l’étudiant se trouve en qualité de piéton, cycliste, utilisateur d’un deux-roues motorisé ou encore futur conducteur. L’utilisation des nouveaux modes de déplacement aura évidemment pleinement son sens dans le cadre de ce brevet, dont les contours sont en cours de réflexion.

    S’agissant du bureau d'enquête et d'analyse, dans sa conception telle qu’envisagée actuellement, les accidents qui feront l’objet d’une analyse approfondie seront sélectionnés parmi ceux qui auront été déclarés.
    L’objectif de ce bureau est d’avoir une meilleure connaissance des caractéristiques et du déroulement des accidents de la route en vue d’améliorer la sécurité routière. Il n’a donc pas pour vocation spécifique d’évaluer leur sous-enregistrement, même s’il pourrait indirectement y contribuer.

    En ce qui concerne le développement de statistiques permettant de mieux détailler les circonstances d'un accident et d'englober ceux qui ne font pas l'objet d'une déclaration à la police ou qui n'entraînent pas une visite immédiate à l'hôpital, ce point est complexe à évaluer.
    En effet, il s’agit de quantifier ce qui reste habituellement invisible.

    Les données hospitalières permettent dans une certaine mesure de récupérer des informations.

    Un projet de l’institut Vias ayant pour objectif de comparer données hospitalières et policières a permis de quantifier une partie du sous-enregistrement. Mais les données hospitalières elles-mêmes ne sont pas parfaites et contiennent de nombreuses données manquantes.

    Selon ce projet REKOVER de Vias, le ratio de blessés graves est le nombre de blessés graves enregistrés dans la base de données hospitalière pour 1 blessé grave dans la base de données policière.

    Les ratios sont proches de 1 pour les automobilistes et les passagers de deux-roues motorisés, ce qui indique que les données policières et hospitalières sont proches l’une de l’autre.
    Les rations sont proches de 2 pour les piétons et conducteurs de deux-roues motorisés, mais se situent entre 5 et 6 pour les cyclistes.

    Les données ne contiennent pas de trottinettes, mais nous pouvons imaginer que le ratio doit être proche de celui des cyclistes signifiant qu’un grand nombre d’usagers de trottinette blessés se rendent aux urgences sans contacter la police. (voir tableau en annexe)

    Il s’agit néanmoins de rester prudents dans ces types d’enquêtes où le risque de fausse déclaration est important.

    En définitive, il n’existe pas actuellement de moyen efficace de recenser l’entièreté des accidents de la circulation.

    Toutefois, les données policières, malgré leur non-exhaustivité, se révèlent relativement complètes sur les accidents les plus graves.

    Or, ce sont ceux-là mêmes que nous voulons prioritairement éviter.

    C’est pourquoi les activités du Centre de connaissances s’orienteront prioritairement vers la meilleure compréhension des processus de survenue des accidents et de leur déroulement sur base d’une sélection des accidents enregistrés par les services de police.