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L'étude de Vias sur les personnes tuées sur les routes

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 49 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 18/10/2021
    • de DI MATTIA Michel
    • à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
    Selon Vias, en 2020, 118 seniors sont morts dans un accident de la circulation. Si cela représente moins de morts que par le passé, les chiffres, concernant cette catégorie d'âge, reculent moins vite que dans les autres catégories. Cela représente en effet près d'un tué sur quatre contre un sur cinq en 2010. Plus on avance en âge, plus le danger est important.

    Des aides existent pour les conducteurs plus âgés. Ils peuvent, mais c'est un choix personnel ou à la demande d'un médecin, avoir recours au CARA, qui évalue l'aptitude à la conduite et accompagne l'usager également pour adapter son véhicule ou prend la décision soit d'interdire la conduite soit de la restreindre dans certaines circonstances.

    Vias note diverses circonstances dans lesquelles la conduite est plus compliquée pour les personnes qui avancent en âge. Notamment l'approche des carrefours, où l'attention doit être portée sur différents facteurs de risque en même temps.
    Si les seniors ont plus d'accidents en voiture, ils sont aussi les plus fragiles à pied ou à vélo. En effet, 63 % des piétons et cyclistes tués sont des seniors. Et les nouveaux modes de mobilité électriques sont aussi un danger supplémentaire pour eux.

    De quels moyens dispose Madame la Ministre afin d'inciter les usagers de plus de 65 ans à avoir recours au CARA ?

    Que peut-elle faire pour mettre en place une prévention plus importante auprès des personnes concernées ?

    Une campagne de prévention destinée particulièrement à ces personnes est-elle prévue ?

    Sachant que les plus de 65 ans sont aussi parmi les personnes les moins connectées, quels canaux pourrait-elle prévoir pour les atteindre ?

    Comment peut-elle sensibiliser les personnes plus âgées aux dangers de la mobilité douce ? Des actions de sensibilisation, voire la création d'ateliers, pourraient-elles être lancées sur cette problématique spécifique ?
  • Réponse du 03/11/2021 | Annexe [PDF]
    • de DE BUE Valérie
    Il convient effectivement d’avoir une attention particulière à destination des seniors en sécurité routière, plus vulnérables physiquement que les personnes plus jeunes, notamment lorsqu’ils sont usagers actifs.

    Les statistiques en annexe concernant les seniors en Wallonie démontrent que ceux-ci représentent approximativement 10 % des victimes de la route, mais 20 % des tués. Cette différence s’explique par cette plus grande vulnérabilité.

    Il s’agit effectivement de reconnaître que les seniors ne bénéficient pas de la même évolution favorable de l’accidentalité que l’ensemble des usagers.

    Il est néanmoins important de rappeler que les seniors sont de plus en plus nombreux dans la population et restent plus longtemps acteurs de leur mobilité.

    Ainsi, deux tiers (63 %) des seniors victimes de la route en Wallonie sur la période 2016-2020 l’ont été en tant qu’occupants de voiture. C’est légèrement inférieur à ce que l’on observe chez les adultes plus jeunes (68%).

    Mais ce qui caractérise surtout les seniors est la part importante de victimes « modes actifs » (cyclistes et, surtout, piétons). Les cyclistes et les piétons représentent respectivement 8 % et 19 % des victimes seniors contre seulement 5 % et 7 % parmi les personnes plus jeunes.
    Chaque victime est une victime de trop. Le fait que le nombre de victimes et de « décédés 30 jours » seniors est relativement stable depuis 10 ans n’est donc pas nécessairement un mauvais signe compte tenu de l’évolution du nombre de seniors sur les routes.

    En ce qui concerne les automobilistes, le risque d’accident corporel par kilomètre parcouru des jeunes seniors (65-74 ans) est sensiblement le même que celui des conducteurs de 35 à 64 ans et inférieur à celui des jeunes conducteurs. Toutefois, le risque semble augmenter à partir de 75 ans en moyenne.

    Lorsqu’un accident survient, les seniors sont beaucoup plus susceptibles de subir des blessures graves ou de décéder, à nouveau à cause de leur plus grande fragilité.

    À violence de collision égale, le risque de décès d’une personne de 75 ans est environ le triple de celui d’une personne de 18 ans.

    En ce qui concerne l’aptitude à la conduite, il importe de rappeler que tous les seniors ne doivent pas faire appel à une évaluation de leur aptitude, contrairement à certaines idées reçues.

    Je précise, à cet effet, que, dans la foulée de la sixième réforme de l’État, pour les personnes domiciliées en Wallonie, un Département spécifique d’Aptitude à la Conduite, appelé DAC, a été créé en 2019 au sein même de l’AWSR. Les intéressés recourent, dès lors, à ce service et non plus au CARA, qui reste compétent pour la Flandre et Bruxelles.
    Le DAC dispose actuellement de 17 antennes réparties sur le territoire Wallon, à même d’évaluer les citoyens concernés.

    Le médecin, qui connaît son patient et le voit évoluer, reste néanmoins le premier maillon de l’évaluation de l’aptitude à la conduite.
    Lorsqu’il estime que son patient présente une diminution de ses aptitudes fonctionnelles (locomotrices, cognitives ou sensorielles) ou s’il doute de ses capacités à conduire, il l’envoie vers le DAC.

    Le DAC effectue différents bilans afin de déterminer si la personne est toujours apte à conduire.

    Il ne faut pas négliger que la perte d’autonomie chez la personne âgée peut avoir des conséquences dramatiques. Il s’agit donc de respecter l’équilibre entre ce besoin de mobilité et l’enjeu de la sécurité routière. Lorsque cela est souhaitable, l’objectif est de préparer progressivement la personne à l’arrêt de la conduite, grâce à des restrictions d’usage intermédiaires. Ainsi par exemple, il peut être estimé que l’intéressé reste capable d’effectuer uniquement des petits trajets. Cette condition se trouve alors indiquée sur le permis de conduire.

    Notons également que la personne âgée a tendance à s’autoréguler en fonction de ses capacités physiques et sensorielles, notamment la vue. Elle adopte d’elle-même des comportements routiers plus prudents, plus restreints : elle ne conduit plus la nuit, effectue des trajets familiers ou n’emprunte plus l’autoroute, par exemple.

    En définitive, il ne s’agit pas d’inciter les seniors à avoir recours aux services du DAC, qui sera saisi par un médecin, mais plutôt de les conscientiser qu’un bilan médical auprès de leur médecin traitant et/ou ophtalmologue peut devenir opportun.

    À cet effet, le DAC est occupé à finaliser la rédaction d’une brochure ayant entre autres l’objectif de sensibiliser le monde médical sur leur rôle et leur responsabilité en matière d’aptitude à la conduite des patients.

    Animés par cette notion de partage de la route et de sécurité de tous les usagers, ils sont primordiaux en vue de conscientiser d’une part les automobilistes qui partagent la route avec les modes actifs et d’autre part, les cyclistes eux-mêmes afin qu’ils veillent à leur propre sécurité, en portant des éléments de protection et se rendant visibles, principalement dans l’obscurité.

    Enfin, s’agissant de la prévention spécifique à destination des seniors en matière de sécurité routière, nous estimons qu’au-delà de la sensibilisation, la formation représente un élément clé pour améliorer la sécurité routière.

    C’est la raison pour laquelle un Département Formation a été récemment mis en place au sein de l’AWSR.
    Celui-ci est particulièrement, et même prioritairement, sensible à la problématique des seniors sur la route.

    En ce sens, l’AWSR a développé un module de formation spécifiquement dédié à ce public particulier, plongés au cœur d’une mobilité qui se transforme et se densifie afin de leur donner les clés d’une mobilité adaptée à leurs besoins et sécurisée.
    Un module vise également l’utilisation du vélo électrique et ses dangers.
    Si la crise sanitaire a freiné quelques initiatives, le module à destination des seniors a déjà été dispensé dans certaines provinces et le sera encore plusieurs fois d’ici la fin d’année.

    Outre les campagnes de sensibilisation diverses, notamment sur le partage de la route s’adressant à l’ensemble des usagers, ce modulé spécifique représente un canal adapté et appréciable en termes de formation et de prévention à destination des seniors.
    D’autres modules ou ateliers pourront bien entendu être proposés par le Département en fonction des besoins et demandes.