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L'expansion du moustique tigre

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 102 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 18/10/2021
    • de MATAGNE Julien
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    À l'heure d'une intense reprise des activités suite à l'abandon des mesures drastiques prises contre le Covid-19, le risque d'introduction du moustique tigre s'accroît à nouveau. Madame la Ministre peut-elle nous dire si les mesures anti-Covid ont freiné temporairement l'entrée de cette espèce ? Des mesures spécifiques ont-elles été prises pour assurer une détection, un suivi et une gestion efficace ?

    Le projet MEMO visant à la surveillance des différents points d'entrée potentiels s'est terminé en 2020. Quel est le bilan de ce projet ?

    Quels mesures et/ou projets sont ou seront développés à sa suite ?

    En dépit de la fin du projet, la coordination des actions de lutte contre le moustique tigre se réalise-t-elle toujours de manière synchronisée avec les autres régions ?

    Comme elle le soulignait en réponse à Madame Laffut il y a un an, « ces moustiques ne sont pas porteurs de virus tropicaux, comme la dengue ou le chikungunya, en raison du fait que ces virus ne sont pas installés, ou pas encore installés, en permanence dans les régions d'Europe où le moustique est installé en permanence ». L'émergence (ou la ré-émergence) d'une maladie tropicale sous nos latitudes dépend notamment de la présence d'un environnement favorable (humidité, chaleur) à l'écologie du vecteur (le moustique).

    Dans un contexte de réchauffement climatique global et de redéploiement (essentiel !) de la trame bleue qui pourrait potentiellement offrir le terrain humide propice à la prolifération de certains moustiques (reméandration, création de zones d'immersions temporaires...), l'apparition et l'expansion de certaines espèces nuisibles sont-elles suffisamment prises en compte dans les réflexions ?
  • Réponse du 10/11/2021
    • de TELLIER Céline
    Le projet MEMO s’est effectivement terminé à l’été 2020. Outre la détection de nouvelles introductions de moustiques exotiques sur le territoire national, il a permis de mettre en avant trois éléments spécifiques :
    * la possibilité de détecter des espèces de moustiques exotiques qui n’avaient encore jamais été répertoriées en Belgique (par exemple Aedes aegypti),
    * la confirmation qu’un même site pouvait se retrouver infesté par deux espèces de moustiques exotiques en même temps (par exemple le site de Maasmechelen en Flandre, infesté par Aedes japonicus et Aedes koreicus)
    * la confirmation que les autoroutes constituent une voie de pénétration pour des espèces de moustiques exotiques.

    Dans ce dernier cas, leur transfert est assuré par l’habitacle des véhicules au départ de zones où des populations sont déjà bien implantées. Cela fut le cas sur des aires d’autoroutes wallonnes où l’on a retrouvé (et détruit) des pontes d’Aedes albopictus, le moustique tigre. Des femelles préalablement fécondées avaient vraisemblablement été importées du nord de l’Italie ou du sud de la France, régions où cette espèce est bien présente. Aucune implantation durable n’a été permise, les sites ayant été traités après chaque détection.

    Il n’y a malheureusement pas eu de surveillance organisée en 2021. En effet, le projet qui avait été proposé aux autorités fédérales et à ses partenaires fédérés n’a pas reçu l’aval de leur inspection des finances au début de l’année. Un nouveau marché public a donc été lancé pendant l’été 2021 et vient juste d’être attribué en septembre à un Consortium regroupant Sciensano et l’Institut de Médecine tropicale (IMT) d’Anvers.

    Ce nouveau projet de surveillance des moustiques exotiques en Belgique, dénommé « MEMO Plus » est d’une durée de 4 ans répartit sur 5 années. Il fera l’objet d’un premier financement conjoint par le Fédéral et les Entités fédérées pour la période 2021-2022. Ce financement sera renouvelable trois fois, soit jusqu’à l’été 2025.

    Ce projet se distingue du projet « MEMO » par deux aspects :
    * la réduction du nombre de points d’entrée (PoE) qui seront surveillés en permanence par l’IMT. Cette réduction a été définie en fonction des informations recueillies lors du projet « MEMO » et vise à permettre de suivre des situations déjà bien connues en Belgique (Natoye, Maasmechelen, Anvers, etc.).
    * la future mise en place d’un site internet par Sciensano qui fonctionnera comme le fait déjà son réseau TiquesNet, soit sur base d’une participation citoyenne. Cela permettra de mettre en place une surveillance plus étendue en Belgique, car n’étant plus cantonnée à des PoE prédéfinis.

    La pose des premiers pièges pondoirs a été réalisée par l’IMT fin septembre de cette année. Pour rappel, la destruction des populations de moustiques détectées dans le cadre du projet « MEMO plus » sera toujours à la charge de la Région concernée. Un nouveau marché de service vient d’être lancé par mon administration pour disposer d’une équipe capable d’agir sur le terrain dès l’entame de la saison prochaine.

    Il est très peu probable que des actions de reméandrations sur notre territoire favorisent l’installation des moustiques exotiques. Les reméandrations étant des zones d’eau courante, elles sont très peu propices à la reproduction des moustiques. D’autre part, dans ces milieux riches en biodiversité, de nombreux prédateurs sont présents, ce qui diminue encore les possibilités d’établissement de ces espèces.