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L'avenir des caillebotis dans les Hautes Fagnes

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 103 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 18/10/2021
    • de FREDERIC André
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Les caillebotis des Hautes Fagnes constituent un élément majeur de la valorisation de cet exceptionnel espace naturel de Wallonie. Pourtant, le DNF souhaite remplacer ces caillebotis pour privilégier l'empierrement des chemins, une solution moins coûteuse.

    A l'origine, ces caillebotis ont été conçus dans le but d'épargner le milieu naturel du piétinement et pour permettre de guider le public à travers la Réserve les Hautes Fagnes. Ils ont ainsi un rôle important dans la protection de la biodiversité, tout en permettant de contenir les marcheurs. Mais ces caillebotis constituent également un enjeu touristique, pédagogique et ludique non négligeable.

    J'entends que le budget à consacrer à l'entretien de telles infrastructures représente des moyens conséquents. En 2021, l'estimation de la somme nécessaire pour les réparations des caillebotis était estimée à 2 251 540 euros.

    Madame la Ministre souhaite-t-elle maintenir ces caillebotis ou effectivement, privilégier à l'avenir les chemins d'empierrement ?
    Ce faisant, ne risque-t-on pas de perdre l'un des atouts des Hautes Fagnes ?

    Actuellement, le bois des caillebotis n'est pas traité pour protéger la biodiversité mais cela a évidemment des conséquences sur leur durabilité. Ne dispose-t-on pas aujourd'hui de moyens de traiter le bois qui soient à la fois compatibles avec la protection de l'environnement et durables ?

    Elle avait prévu d'associer son homologue de la Communauté germanophone sur ce thème. Des échanges ont-ils pu avoir lieu ? Avec quels résultats ?

    Les travaux au domaine de Malchamps, puisque c'est la portion dont il est question pour le moment, pourraient-ils se faire rapidement ?
    N'y a-t-il pas un risque, si ce n'est pas le cas, que certains des chemins soient fermés au public ?
  • Réponse du 10/11/2021
    • de TELLIER Céline
    Le cantonnement de Spa du DNF constate depuis des années des dégradations importantes des caillebotis. Lors de l’hiver 2020-2021, une dégradation plus rapide que prévu de nombreux tronçons de caillebotis en bois dans la Réserve naturelle domaniale des Fagnes de Malchamps a été constatée. Ces tronçons font quelques mètres à plusieurs dizaines de mètres et sont répartis tout au long des 3 660 m de caillebotis que compte la Fagne de Malchamps.

    La fréquentation du public dans les espaces naturels a fortement augmenté ces dernières années, particulièrement durant l’actuelle pandémie du Covid, usant davantage les infrastructures touristiques de ce type, ce qui peut contribuer à cette accélération des dégradations.

    La grande majorité des caillebotis en Fagne ont connu un remplacement entre 2013 et 2016, suite à un phasage des travaux. Ils étaient censés perdurer 10 ans et sont constitués principalement de bois indigène, les pieds étant en chêne fendu, les longerons en cœur de douglas et les planches en épicéas traités.

    Le cantonnement de Spa a d’abord tenté de les sécuriser fin de l’hiver 2020-2021 par ses propres moyens. Ensuite, des marchés publics ont été lancés pour le remplacement d’une dizaine de tronçons d’une longueur totale de 166 m. Ces travaux ont été réalisés cet été 2021.

    Malheureusement, ils ne suffisent pas face à l’ampleur des réparations nécessaires. C’est pourquoi dès le printemps 2021, le DNF et les Parcs Naturels concernés, des Sources et des Hautes-Fagnes, nous ont interpellés ainsi que la Ministre De Bue ayant le Tourisme dans ses attributions.

    Le DNF de Spa a provoqué des réunions et obtenu des avis de terrain du Département d’Étude du Milieu naturel et agricole (DEMNA), de l’Office Économique wallon du Bois (OEWB), de la Cellule Natura 2000 de la Direction DNF de Liège et de la Commission consultative de Gestion des Réserves naturelles domaniales (CCGRND de Liège). La solution d’empierrer une majeure partie du sentier compris entre la Croix Pottier et la Tour Radar (environ 3 km) a donc été analysée et des recommandations ont été adoptées. Il s’agit d’un sentier en une longue ligne droite à empierrer sans accès carrossable en Fagne.

    L’empierrement envisagé par le cantonnement de Spa est léger puisqu’il ne concerne que maximum 20 cm de décaissement quand cela sera nécessaire, le placement d’un géotextile et d’un empierrement léger en pierres locales de moins de 2 m de large (engin de chantier léger également de 1,5 m en largeur d’impact au sol). Grâce aux avis de terrain, 6 alternatives (561 m) s’écartant du caillebotis actuel permettent d’éviter les zones les plus sensibles (lithalses et bas marais acides principalement). À ces endroits les caillebotis en bois actuels seront maintenus et entretenus pour permettre au public de continuer à observer ces habitats naturels remarquables.

    À ces 561 m de caillebotis, s’ajoutent 406 m de caillebotis existants entre la Tour de Berinzenne et le Monument des Aviateurs qui ne seront pas concernés par le projet d’empierrement et seront en même temps rendus plus accessibles avec des engins légers (type quad 6 roues) pour faciliter leur entretien à l’avenir.

    L’accessibilité des secours en Fagne sera facilitée sur un sentier empierré, les chutes moins nombreuses, les déchets (anciens caillebotis) pourront enfin être emportés plus facilement à l’aide d’engin léger.

    L’investissement d’un empierrement s’inscrit sur plus de 50 années. Sur une telle période, un caillebotis doit théoriquement être remplacé de 4 (caillebotis en chêne intégral, coûteux !) à 7 fois (en résineux) ! C’est la raison pour laquelle le coût d’un caillebotis considéré sur une période de 50 ans est environ 10 fois plus élevé qu’un empierrement. On estime le remplacement d’un caillebotis de 60 cm de large à 100 euros/mc (évacuation des déchets compris).

    L’équipe des Géomètres du SPW a donc réalisé les plans pour permettre au DNF de demander un permis d’urbanisme au Fonctionnaire délégué à Liège. Celui-ci a accusé réception le 02/09/2021 de la demande de permis d’urbanisme. La décision sera rendue dans les 130 jours, soit pour la mi-janvier 2022 au plus tard. Si le permis le permet, les travaux ne débuteront pas avant le printemps 2022 et seront réalisés en au moins 2 phases, impactant ainsi au minimum la saison touristique de juin à septembre.

    De manière générale, les caillebotis des Hautes-Fagnes constituent certainement un des atouts touristiques majeurs de la Région. Ils permettent également la découverte de magnifiques espaces naturels protégés. Mon souhait est donc d’en conserver un maximum.

    Toutefois, il convient également de rationaliser l’ensemble des investissements destinés à la fonction sociorécréative des espaces naturels et d'établir le meilleur rapport coût-bénéfice. Il s’agit également de ne pas faire porter uniquement au budget de la conservation de la nature ces lourds investissements. C’est en ce sens en effet que mes services concertent d’autres administrations et cabinets afin de dégager des solutions et des coopérations durables. Je souhaite aboutir à un accord prochainement sur ce sujet.