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Le risque de disparition des trains touristiques suite à l'interdiction des désherbants

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 105 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 19/10/2021
    • de LEPINE Jean-Pierre
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Depuis le 1er juin 2019, il est interdit d'utiliser des pesticides dans les espaces publics en Wallonie. Des gestionnaires de voies ferrées à but touristique, qui sont pour la majorité des ASBL, s'estiment lésés par cette interdiction alors qu'Infrabel a pu obtenir une nouvelle dérogation cette année.
     
    Ces neuf gestionnaires estiment que le transport de personnes doit former un tout cohérent et que les règles doivent être les mêmes pour tous.
     
    Certains de ces opérateurs ont tenté de mettre en œuvre des traitements qui avaient donné de bons résultats dans le secteur des parcs et jardins, malheureusement avec des résultats décevants : négatifs pour le désherbage thermique et avec de grosses réserves pour le recours à la vapeur haute pression.
     
    Ils pointent également la sécurité — en août, un train a glissé, heureusement sans conséquence, le travail fastidieux — il faut plusieurs passages qui ne s'attaquent pas aux racines — et l'usure du ballast. La problématique est telle qu'ils disent craindre la disparition des trains touristiques.  
     
    Madame la Ministre a-t-elle été interpellée par ces associations ?
     
    Comment leur venir en aide, très concrètement, afin d'assurer la poursuite de leurs activités, de veiller au bon état et à la sécurité des infrastructures, et ce, sans perdre de vue les impératifs de durabilité ?
     
    Un soutien financier pour l'entretien de ces voies ferrées peut-il être envisagé ?
  • Réponse du 13/12/2021
    • de TELLIER Céline
    Quatre questions orales sur le sujet m’ont été adressées sur le sujet ce 19 octobre 2021. Voici la réponse que j’ai apportée aux députés .

    La situation est en effet assez compliquée. Comme je l'indiquais dans mon courrier adressé aux neuf associations, je regrette sincèrement que ce secteur n'ait toujours pas trouvé de solutions pour désherber leurs voies de chemin de fer.

    La décision d'interdire l'usage de ces produits dans les espaces publics est entrée en vigueur en 2019, mais la décision du Gouvernement date, quant à elle, d'il y a maintenant huit ans. Il me semble que ce délai qui a été prévu par le législateur à l'époque afin de permettre à l'ensemble des secteurs concernés de trouver des alternatives est suffisant. La problématique des chemins de fer est en effet plus complexe que d'autres, compte tenu de certaines contraintes sur lesquelles je ne m'étendrai pas ici. Néanmoins, sur des réseaux relativement restreints, plusieurs pistes de solutions existent et je vais d'ailleurs y revenir dans un instant.

    Je me permets d'abord de rappeler l'objectif général dans lequel la Wallonie a décidé de s'inscrire : « l'évolution vers une Wallonie sans pesticides. » À un moment donné, nous devons savoir ce que nous voulons si nous souhaitons nous inscrire dans une préservation de la santé humaine et de l'environnement. Je confirme que nous devons, acteurs privés et acteurs publics, nous engager et progresser en ce sens. Nous devons à un moment donné être cohérents et volontaristes. Cette transition ne se fait pas en un jour, j'ai rappelé les délais qui avaient été fixés. Elle doit permettre aux secteurs de s'adapter, raison pour laquelle des délais furent et sont toujours mis en place.

    J'ai déjà eu plusieurs fois l'occasion de m'exprimer sur les raisons qui font qu'Infrabel soit la seule organisation à bénéficier d'une dérogation limitée dans le temps en Wallonie dans les espaces publics. J'en profite d'ailleurs pour rappeler que les golfs, qui m'ont formulé la même demande, ont également vu celle-ci refusée. Les raisons de l'exception accordée à lnfrabel sont liées à l'ampleur du réseau et aux potentielles conséquences sur le trafic ferroviaire du pays et sur la sécurité ferroviaire ; elles ont été exposées à maintes reprises en ce Parlement et aux différents demandeurs de la même manière. J'estime désormais avoir répondu aux interrogations que cette exception suscite. Je renvoie donc l’honorable membre à mes différentes interventions précédentes sur le sujet si des questions subsistent.

    Ces dernières années, les neuf associations de chemin de fer touristiques ont pris part à un groupe de travail constitué d'experts de l'administration et de plusieurs ASBL travaillant sur les alternatives aux pesticides. À la suite des tests réalisés sur les rails, elles m'ont transmis un rapport au printemps dernier, mentionnant pour chaque alternative les différents freins rencontrés. Si je peux tout à fait imaginer que les techniques alternatives, comme les désherbages mécanique ou thermique, représentent une charge supplémentaire de travail et des investissements en matériel, rien aujourd'hui dans les informations transmises par ces différents secteurs ne me permet de mesurer l'ampleur des répercussions de manière objective. J'ai donc invité les associations à continuer leur réflexion afin d'explorer des scénarios chiffrés combinant si nécessaire plusieurs méthodes, plutôt que de rester centrés sur la recherche d'une seule solution, d'une solution miracle.

    Je les ai également invitées à inclure des personnes externes au groupe de travail initial, qui pourraient amener un regard neuf sur la problématique. Je veux parler ici de mémorants, de chercheurs ou d'experts en gestion, pouvant les aider à élaborer plusieurs modes de gestion alternatifs. Le désherbage de la septantaine de kilomètres de rails dont nous parlons ici pourrait également faire l'objet d'une mutualisation des moyens humains et matériels. À ma connaissance, cette piste n'a jusqu'ici pas été évaluée ; je les ai donc invités à y réfléchir.

    Quant au soutien financier, j'ai effectivement indiqué aux demandeurs que je n'étais pas opposée au principe de subsidiation des investissements de départ, qui peuvent représenter un coût non négligeable, en particulier pour le secteur associatif, j'en suis bien consciente. Toutefois, avant de fixer un montant précis, il est nécessaire de disposer d'un plan d'action assorti d'une évaluation budgétaire de sa mise en œuvre. Je suis donc tout à fait ouverte, je le répète, à un soutien. Il faut évidemment qu'il y ait une demande en bonne et due forme qui me soit formulée. J'ai aussi besoin que le groupe de travail regroupant les associations concernées puisse poursuivre son travail et revienne avec des données chiffrées.

    Pour arriver à ce résultat, mon cabinet est, bien entendu, disposé à participer aux échanges, dont les demandeurs resteront cependant les initiateurs et les coordinateurs.

    Je terminerai par rappeler que, dans ce débat, comme dans d'autres, nous devons être orientés « solution » plutôt que « problème », et c'est dans ce sens que je travaille.