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Le biomonitoring wallon et sa prise en compte dans la politique agricole de la Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 89 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 19/10/2021
    • de FLORENT Jean-Philippe
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Je souhaiterais revenir sur le biomonitoring wallon qui a fait l'objet d'un débat d'actualité en séance plénière. Nous questionnons les différents ministres du Gouvernement dans le cadre de leurs compétences et sans en faire l'objet unique ou principal de nos questions, il convient aussi de vous interroger dans vos compétences sur l'agriculture.

    Les résultats publiés dans le résumé de ce biomonitiring abordent notamment les « pesticides actuels » : glyphosate, pyréthrinoïdes, organophosphorés (dont chlorpyriphos) :
    - les pesticides pyréthrinoïdes sont utilisés contre une grande variété d'insectes notamment en agriculture et horticulture ;
    - le chlorpyriphos-éthyl (ou chlorpyrifos-éthyl ; 0,0-diethyl-O-[3,5,6-trichloro-2-pyridyl]phosphorothioate) est une substance active de produit phytosanitaire (ou produit phytopharmaceutique, ou pesticide), qui présente un effet insecticide à large spectre, et qui appartient à la famille chimique des organophosphorés (OP) chlorés. En France, cette molécule entre dans la composition du Pyristar, notamment utilisé dans la culture des épinards, pour lutter contre les insectes (pucerons, chenilles et mouche des semis) ;
    - les pesticides organophosphorés ont été dans la majorité des cas progressivement interdits.

    Sans la considérer comme source exclusive, l'agriculture wallonne utilise-t-elle ces « pesticides actuels » et dans quelle proportion ? Quels sont les outils de suivi développés par la Wallonie ?

    Quelle est l’action politique de Monsieur le Ministre pour en réduire l'usage ? Comment évolue la situation ?

    Comment met-il en œuvre les engagements de la DPR en ce qui concerne le conseil indépendant aux agriculteurs et le développement d'alternatives pour les agriculteurs ?

    Quelles sont les initiatives prises pour mettre en oeuvre la résolution de notre Parlement demandant d'orienter le Plan stratégique wallon vers la sortie progressive des pesticides ?
  • Réponse du 29/10/2021
    • de BORSUS Willy
    En Belgique, l’utilisation des produits de protection phytosanitaires contenant du chlorpyriphos ou du chlorpyriphos-méthyle n’est plus autorisée depuis le 16 avril 2020. L’actuelle autorisation européenne du glyphosate va jusqu’au 15/12/2022. La procédure de réévaluation est donc en cours. Actuellement, on retrouve 8 molécules de pyréthrinoïdes autorisées en Belgique. À la suite de l’apparition de mécanismes de résistance chez certains ravageurs, ces substances perdent en efficacité, ce qui pourrait conduire à terme à une réduction de leur utilisation.

    En matière de suivi, la veille réglementaire et la rédaction des bulletins de suivi des substances actives réalisées par la cellule Comité régional PHYTO permettent d’anticiper les retraits et changements d’usage de ces molécules. Se faisant, le secteur de la recherche est tenu informé des éventuels besoins de développement d’alternatives.

    Un projet est en cours, avec pour objectif de suivre avec plus de précision les quantités vendues de produits de protection phytosanitaires en Belgique ainsi que les quantités utilisées de produits par les différents secteurs d‘activités en Wallonie.

    Je rappelle que, depuis 2013, le Programme wallon de réduction des pesticides (PWRP) a pour objectif principal la réduction de la dépendance aux produits de protection phytosanitaires de synthèse. Parmi les actions soutenues, il y a notamment le développement d’alternatives techniques ou biologiques, ainsi que le financement de projets de recherche en ce sens. Les systèmes d’avertissement des Centres pilotes permettent de limiter les traitements au strict nécessaire, et d’appliquer la lutte intégrée au sein de leurs secteurs.

    Le futur PWRP III (2023-2027) contient notamment un objectif stratégique visant à diminuer la dépendance aux produits de protection phytosanitaires de synthèse en développant et en renforçant les méthodes ou techniques de substitution à ceux-ci.

    Les derniers chiffres publiés disponibles (jusqu’à l’année 2017) montrent une stabilisation voire une légère baisse des quantités de substances actives de produits de protection phytosanitaire utilisées (exprimées en kg/ha) en agriculture en Wallonie depuis 2004 pour la plupart des cultures étudiées. Les données 2018 ne seront publiées que d’ici fin 2021. Un délai de 3 ans avant publication est appliqué pour des questions de protection face à la concurrence pour les opérateurs du secteur.

    Le glyphosate reste la molécule la plus vendue en Belgique. Il n’est toutefois pas utilisé exclusivement dans un contexte agricole (Exemple : SNCB). On constate une diminution des ventes des molécules de type organophosphorées depuis 2015 alors que les ventes de produits à base de pyréthrinoïde restent relativement stables.

    Enfin, les quantités vendues de produits de protection phytosanitaires peuvent varier selon le contexte de l’année considérée (variabilité climatique, mesures légales en vigueur…).

    L’actuel PWRP 2018-2022 prévoit déjà une mesure visant à favoriser le développement d’un réseau de conseillers indépendants. La Cellule Comité régional PHYTO et le service PreventAgri sont reconnus comme organismes de conseil du Système de Conseil agricole pour la problématique des produits de protection phytosanitaires. L’ASBL Protect’Eau dispense également des conseils sur le bon usage des produits de protection phytosanitaires et les bonnes pratiques en vue de protéger les eaux de surface et souterraines. Un projet intitulé « Générations Terre » a pour mission de proposer des itinéraires techniques permettant des cultures rentables avec une réduction significative d’usage des produits de protection phytosanitaires. L’objectif est le suivant : moins 30 % de produits de protection phytosanitaires après 2 ans, et moins 50 % après 5 ans. Le projet « promouvoir l’action d’un conseiller indépendant au sein d’un CETA » (Thuin) vise à faire essaimer cette initiative en Wallonie afin de fournir aux agriculteurs des conseils avisés et indépendants.

    Enfin, au sein de l’administration, diverses démarches sont en cours pour garantir l’impartialité et l’absence de conflit d’intérêts des conseillers, notamment via la relance des travaux du GT « Conseil Agricole Indépendant ».

    Afin d’orienter le Plan stratégique wallon pour la PAC vers une réduction progressive d’usage des pesticides comme suggéré dans la résolution du parlement, les mesures proposées dans le futur PWRP 2023-2027 seront priorisées sur la base de l’objectif européen de réduction des pesticides d’ici 2030. Elles viseront notamment à améliorer la mise en œuvre de la lutte intégrée contre les ennemis des cultures. Elles favoriseront également le transfert de connaissances de la recherche vers le terrain.

    Comme l’honorable membre le constate, je suis donc de façon concrète, engagé dans le soutien à diverses actions et programmes concrets de diminution de l’utilisation et du recours aux produits phytosanitaires.

    Enfin, je ne peux que regretter la présentation unilatérale, voire tronquée, qui lui a été faite de ce biomonitoring wallon.