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L'augmentation de la consommation d'antidépresseurs par les jeunes

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 86 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 20/10/2021
    • de GALANT Jacqueline
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Selon des propos rapportés par De Morgen, le nombre d'antidépresseurs consommés en Belgique a augmenté de 25 % au cours de la décennie passée. Cette croissance est en particulier observée chez les plus jeunes, ce qui inquiète les experts.

    Pire encore, ce sont davantage des jeunes de moins de 20 ans qui ont recours à ces médicaments, à savoir 8 % de plus qu'au cours des trois dernières années.

    Madame la Ministre a-t-elle pris connaissance de ces chiffres ? Qu'en pense-t-elle ?

    Quelle est sa stratégie afin de soutenir les jeunes en difficulté au niveau mental ?

    Une campagne de sensibilisation est-elle prévue à ce sujet ?
  • Réponse du 24/11/2021
    • de MORREALE Christie
    L'honorable membre a raison de relever le constat de l’augmentation de la consommation d’antidépresseurs par les jeunes dont le Morgen, qui tire ses données de l’INAMI, se fait l’écho.

    Je ne connais pas tous les aspects de cette analyse, mais il me semble que nous pouvons en déduire d’une part, que plus de jeunes se trouvent dans une situation génératrice de souffrance psychique et, par ailleurs, que l’expression de leur mal-être les conduit vers le médecin généraliste qui opte pour la prescription de ces anti-dépresseurs.

    Pour autant, je ne me risquerais pas à tracer des conclusions hâtives sur les causes de cette situation. Tout au plus pouvons-nous observer que les jeunes, certains jeunes, sont davantage exposés à toutes les pressions et toutes les questions qui traversent la vie sociale, la vie en société. Vivre ensemble et grandir au sein d’une famille, de l’école, du lieu d’apprentissage, des cercles de sport et de loisirs – ne va pas de soi. Ce sont autant de lieux et de liens d’appartenance qui permettent de grandir, mais la construction de l’individualité n’est pas une mince affaire. Les expériences que les enfants et les jeunes font dans ces différents milieux sont parfois synonymes de mise à l’épreuve.

    Il semble que la difficulté de vivre dont beaucoup d’adultes font l’expérience (cf. Les constats des dernières enquêtes de santé publique qui montrent que plus d’un quart des personnes de plus de 15 ans ont fait l’expérience d’un trouble de santé mentale au cours de leur vie et qu’une grande partie d’entre eux ont dû recourir à des soins) devient une réalité chez les plus jeunes, et de plus en plus jeunes.

    Cependant, ce dont souffrent ces jeunes n’est pas fondamentalement différent de ce qu’éprouvent leurs aînés : anxiété, dépression, stress et tristesse. Culpabilité aussi, étant la responsabilité qu’ils sentent peser sur leurs épaules dans une société de la performance – sans compter les ‘risques’ qu’ils font courir aux personnes plus fragiles en temps de crise sanitaire !

    Enfin, le grand mal contre lequel il est bien difficile de lutter et qui est souvent à la source des troubles est sans doute le sentiment de solitude. Contre ce mal, le médecin n’a pas beaucoup de ressources. Ce n’est pas son rôle d’aider à retisser le lien social aux multiples facettes dont le jeune a besoin pour se construire. Le médecin voit le danger d’une situation qui peut aller rapidement vers une dégradation, une altération de l’équilibre mental et vital du jeune pour qui les émotions sont rarement en demi-teintes. Évitons l’aggravation d’un trouble ou sa chronicisation passe peut-être pour le professionnel des soins par le remède qui a pour effet de dissiper la tempête ou du moins l’apaiser. C’est aux médecins généralistes qu’il faudrait poser la question, et savoir par eux si la population et les plaintes ont évolué ou si d’autres éléments les amènent à prescrire davantage d’antidépresseurs à de jeunes patients.

    J’ai déjà eu l’occasion de dire les moyens ponctuels que le Gouvernement wallon a déployés pour mieux accueillir l’afflux de demandes de prises en charge, et celles des jeunes entre autres. Bien entendu ces moyens ne sont pas suffisants.

    Je rappellerai encore le site www.trouverdusoutien.be qui relaie dans la rubrique « Des ressources pour les jeunes », les coordonnées des services d’aide en milieu ouvert, des centres PMS ou encore du numéro 103. Je rappelle aussi que les acteurs du secteur sociosanitaire sont encouragés à relayer autant que possible les dispositifs d’aide existants pour les jeunes qui peuvent être diffusés via cette ressource.

    Ma conviction est qu’il faut travailler davantage en amont sur tous les déterminants de santé et de société qui peuvent contribuer à soutenir les jeunes. Il faut prévoir et veiller à entourer bien davantage les plus fragiles. Ils ont besoin de contenance, d’un portage suffisant de leurs énergies vitales pour oser se projeter dans l’avenir sans avoir trop peur des catastrophes qu’on leur prédit !

    Une large campagne sera lancée bientôt, à laquelle nous espérons associer le public cible des jeunes à qui elle s’adresse, mais également tous les secteurs qui ont le bien-être des jeunes en point de mire.

    Enfin, je me dois de féliciter le Centre de référence en santé mentale pour le choix du thème de la semaine de la santé mentale pour lequel il a opté. Quoi de plus parlant et de plus évident que d’associer santé mentale et lien social. C’est sans conteste le bien précieux, agissant tel un antidépresseur naturel, auquel les citoyens de tous âges et de toutes conditions aspirent de façon intrinsèque.