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La mise en place de politiques structurelles pour lutter contre la précarisation des familles monoparentales

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 90 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 21/10/2021
    • de LEPINE Jean-Pierre
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Avant l'éclatement de la crise de la Covid-19, on estimait qu'un tiers des familles en Wallonie étaient monoparentales. Une écrasante majorité de celles-ci sont des femmes seules avec un ou plusieurs enfants.
     
    Médias et observateurs ont mis en exergue que la crise a joué un rôle de catalyseur et a laissé dans son sillage un nombre accru de familles monoparentales, accentuant ainsi ce changement dans la structure des ménages.
     
    On le sait, ces familles sont davantage exposées au risque de pauvreté. On estimait ainsi, en 2020, avant l'éclatement de la crise, qu'une famille monoparentale sur deux est au seuil ou sous le seuil de pauvreté. Nombreuses sont d'ailleurs celles qui avouent devoir faire appel à la solidarité pour satisfaire des besoins primaires tels que l'alimentation.
     
    Pour ces familles, l'accès au logement sur le marché locatif privé est également un vrai parcours du combattant, non seulement en raison d'un loyer qui est devenu prohibitif pour elles, mais aussi de la frilosité d'un nombre croissant de propriétaires à louer un bien à une personne ne disposant que d'un seul revenu et avec d'autres personnes à charge.
     
    S'ajoutent à cela les difficultés d'accès aux crèches, un parcours professionnel davantage tributaire du rythme de vie des enfants, des risques psychosociaux accrus, l'incertitude entourant les revenus du ménage, sur lesquels pèsent aussi, bien souvent, des manquements en matière de paiement des pensions alimentaires.
     
    Madame la Ministre dispose-t-elle de données chiffrées sur les familles monoparentales à ce jour ?
     
    D'éventuelles analyses scientifiques nous permettent-elles de constater que la crise a joué un rôle de catalyseur dans les séparations et divorces, laissant de nombreuses familles parentales faire face à un contexte social que nous savons extrêmement complexe ?
     
    Ce changement dans la structure des ménages sera-t-il pris en considération dans le Plan wallon de sortie de la pauvreté avec des mesures ciblées sur ces ménages ?
     
    Qu'en est-il au niveau du Plan fédéral de lutte contre la pauvreté et les inégalités ?
     
    Quels sont les leviers régionaux dont nous disposons pour venir en aide à ces familles ?
     
    Quels leviers pertinents identifie-t-elle aux autres niveaux de pouvoir en la matière ?
     
    La Région bruxelloise s'est dotée, en juillet 2021, d'un plan spécifique d'aide aux familles monoparentales. Celui-ci contient 31 mesures chiffrées avec un délai de concrétisation fixé à 2025.
     
    A-t-elle pu prendre connaissance dudit plan ? Quelle en est son analyse ? Une planification spécifique de mesures en vue de pallier la situation de ces familles lui apparait-elle opportune ?
     
    Qu'entend-elle porter comme mesures afin de contribuer à la mise en place de politiques structurelles, bien nécessaires, contre la précarisation des familles monoparentales ?
  • Réponse du 18/11/2021
    • de MORREALE Christie
    Les statistiques arrêtées au 1er janvier 2021 dénombrent 195 739 familles monoparentales au 1er janvier 2021, soit 12,2 % des ménages privés. Si l’on ajoute à ce pourcentage les gardes alternées, on peut considérer que plus de 30 % des ménages wallons sont en réalité des familles constituées d’un parent qui élève seul ses enfants. Il s’agit de familles particulièrement vulnérables. En effet, en Wallonie, sur base des revenus de 2017, 51.6 % de la population vivant dans un ménage monoparental dispose d’un revenu net inférieur au seuil de pauvreté (IWEPS, 2019).

    Selon les chiffres de Stat Bel de septembre 2021, 2020 n’a pas été une année record en ce qui concerne les divorces. La Fédération des notaires belge confirme, de son côté, que les données restent stables.

    Au vu de ce contexte, mieux accompagner et soutenir les familles monoparentales qui ont, pour 80 % d’entre-elles, une femme à leur tête est un des enjeux majeurs de cette législature en Wallonie, tout comme à d’autres niveaux de pouvoir. Ainsi, je salue le Plan bruxellois de soutien aux familles monoparentales inscrit dans la déclaration de politique régionale commune au Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale et au Collège réuni de la COCOM. Au niveau fédéral, en juillet dernier, le Conseil des ministres a marqué son accord de principe sur la stratégie d’élaboration du plan fédéral de lutte contre la pauvreté et contre les inégalités. Une des quatre priorités transversales de ce futur plan sera la prise en compte de la question de genre dans les politiques de lutte contre la pauvreté pour proposer une réponse renforcée aux situations de pauvreté vécues par les femmes.

    Au niveau wallon, il a été décidé d’adopter un Plan de sortie de la pauvreté, avec un budget ad hoc, qui soit transversal à l’ensemble des compétences wallonnes. La note d’orientation de ce Plan identifie les femmes comme un groupe financièrement vulnérable. Cette note pointe les leviers pour lutter contre la précarisation des familles monoparentales :
    - l’information et la sensibilisation, pour lutter contre le non-recours au droit ;
    - l’action sociale et la santé, en ce compris la santé mentale et les violences intrafamiliales ;
    - les allocations familiales ;
    - La formation et la recherche d’emploi ;
    - Le logement public .

    En 2021, trois mesures du Plan de Relance concernent spécifiquement les familles monoparentales :
    - créer des guichets d’accompagnement spécialisés. Concrètement, il s’agira d’offrir aux familles monoparentales, via les 26 Centres de service social (gérés par des ASBL ou par des mutualités), un accompagnement par un travailleur social formé à la thématique de la monoparentalité ;

    - amplifier et enrichir la Plateforme « Seul.e avec enfant.s » http://actionsociale.wallonie.be/seulavecenfant
    Concrètement, le design du site web et l’organisation de l’information seront revus et une nouvelle campagne de communication grand public sera lancée. En parallèle, le contenu du site sera traduit en plusieurs langues (anglais, espagnol, portugais, russe, turc, albanais, pachto, dari, swahili et arabe) ;
    - soutenir financièrement les demandeurs d’emploi, chefs de famille monoparentale, dans les frais de garde d'enfants, et ce, afin de soutenir l’insertion socioprofessionnelle de ces personnes.

    Enfin, cette thématique sera traitée en 2022 dans le cadre de la CIM Droits des femmes, dont la présidence vient d’être reprise par ma collègue Bénédicte Linard, ministre des Droits des femmes à la Fédération Wallonie-Bruxelles.