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L'intégration des personnes autistes en entreprise

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 95 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 27/10/2021
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    La semaine Cap48 qui vient de s'achever est une semaine de solidarité qui vise à récolter des fonds pour des projets en faveur des personnes en situation de handicap, mais c'est aussi une semaine qui permet de mettre un coup de projecteur sur les projets et les évolutions de notre société dans ce domaine. L'effort pour l'intégration des personnes porteuses de handicap se doit d'être quotidien et certaines entreprises l'ont compris.

    À titre d'exemple, depuis une dizaine d'années, la société Passwerk met au travail des personnes atteintes d'autisme notamment en tant que développeurs. Aujourd'hui l'entreprise compte environ 143 consultants autistes.

    Experts en analytique, perfectionnistes, doués d'une grande capacité de concentration et aussi capables d'effectuer des tâches répétitives sans lassitude, l'entreprise leur trouve de multiples qualités.

    Conscientes des difficultés d'insertion de ce public, les entreprises qui ont franchi le pas sont très bien organisées, elles ont appris à gérer les éventuelles crises et à faire de leurs différences une richesse. C'est ainsi qu'un ou plusieurs collègues en interne sont formés pour faire face aux éventuels problèmes qui pourraient survenir. Le collaborateur autiste dispose par ailleurs également d'un référent « parrain » ou « marraine » chez le client.

    Des ASBL comme Diversicom mettent en relation les chercheurs d'emploi porteurs de tous types de handicap avec les entreprises intéressées et désireuses de participer à leur inclusion.

    C'est ainsi qu'Alexandre, universitaire, ingénieur mathématicien, ancien collaborateur d'Engie, optimalise aujourd'hui le réseau Géoroute de Bpost, que Baptiste est devenu palefrenier à la cavalerie de la police ou qu'André est devenu inspecteur réseau signalétique à la STIB.

    Les profils, les compétences et les capacités sont nombreux et variés. Mais il semblerait que bon nombre d'entreprises soient intéressées sans oser franchir le pas.

    Quelles sont les actions soutenues par la Wallonie en vue d'intégrer les travailleurs porteurs d'un handicap et comment, le cas échéant, est-ce que les entreprises intéressées sont mises en relation avec des partenaires qui disposent de l'expertise nécessaire ?

    Madame la Ministre pourrait-elle également me dire s'il existe des mesures d'accompagnement une fois ces personnes mises à l'emploi ? Quelles sont-elles, le cas échéant ?
  • Réponse du 24/11/2021
    • de MORREALE Christie
    Les situations des personnes atteintes de troubles du spectre de l’autisme auxquelles il est fait référence dans la question peuvent à coup sûr nous réjouir tant elles témoignent admirablement des compétences et talents mis à profit dans le cadre de relations professionnelles où toutes les parties tirent mutuellement et sereinement profit.

    Encore trop souvent, le focus est mis sur les « déficiences » des personnes plutôt que sur leurs compétences.

    L’entreprise Passwerk, active depuis plus de dix ans en Flandre sur le modèle d’autres entreprises actives dans divers pays, a effectivement l’ambition de recruter des travailleurs francophones (wallons ou bruxellois), mais en se limitant dans un premier temps à un siège situé à Bruxelles. L’AViQ est régulièrement associée au recrutement et à l’insertion au sein de celui-ci.

    Des projets de développement d’activités particulièrement adaptées aux compétences de personnes présentant ce profil sont par ailleurs en cours de réflexion, mais il sans doute prématuré de les évoquer précisément.

    D’autres entreprises emploient des personnes avec profil du spectre autistique. Il ne s’agit alors pas d’un projet développé explicitement pour valoriser au mieux leurs compétences spécifiques, mais d’une valorisation de ces compétences dans le cadre d’un emploi parmi d’autres au sein de ces entreprises. Certaines de ces entreprises découvrent alors les compétences particulières de ces personnes.

    Dans tous les cas, ces entreprises peuvent être soutenues par la Wallonie, notamment via les aides à l’emploi dont la mise en œuvre est confiée à l’AViQ. Ainsi, des contrats de formation en entreprise (appelés contrats d’adaptation professionnelle), des primes d’embauche (prime à l’intégration), l’incitation à une attention particulière au sein de l’entreprise (prime au tutorat), ou la prise en compte de divers soutiens à l’ajustement des situations de travail (prime de compensation) sont proposés aux entreprises. Les aides que je viens d’évoquer sont destinées à l’ensemble des personnes en situation de handicap et à leurs employeurs.

    On évoque l’apport incontournable d’associations telles que Diversicom à Bruxelles dans l’accompagnement des travailleurs en situation de handicap, j’ambitionne à ce niveau la pérennisation et l’extension du dispositif de soutien dans l’emploi inspiré de la méthodologie du supported employment mise en œuvre dans les pays anglo-saxons et dont l’AViQ coordonne un réseau de jobcoaches avec des résultats intéressants.

    La prochaine programmation du Fonds social européen à compter de 2022 devrait par ailleurs constituer une opportunité pour des associations telles que le SUSA, service d’accompagnement agréé et subventionné par l’AViQ, d’accroître leurs moyens d’action et de soutien des personnes atteintes d’autisme et de leurs (futurs) employeurs.

    Pour terminer, j'informe que le Gouvernement wallon a approuvé en 1re lecture un projet d’arrêté modifiant le Code réglementaire de l’action sociale et de la santé, dans sa partie relative aux aides à l’emploi et à la formation. Ce projet d’arrêté améliore ces dispositifs notamment en ce qui concerne le handiprenariat. Des contacts sont en outre en cours entre l’AViQ, la SOWALFIN, mon cabinet et le cabinet du Ministre Willy Borsus afin de mieux soutenir les personnes en situation de handicap qui souhaite créer leur propre entreprise.