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L'impact des centrales hydroélectriques sur la faune aquatique

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 120 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 03/11/2021
    • de MATAGNE Julien
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Dans un contexte global énergétique toujours plus complexe, j'aimerais me pencher sur l'un des modes de production d'énergie renouvelable qu'est l'hydroélectricité. Sept centrales sont notamment exploitées par Luminus en Belgique et sont relativement bien intégrées dans le paysage et acceptées par les riverains ; ce qui n'est pas le cas de tous les autres modes de production …

    Cependant, il est un point à considérer qui est l'impact de ces centrales sur la vie aquatique. Dans un récent article de l'Avenir, nous apprenions que divers projets étaient mis en place pour permettre une cohabitation entre turbines et poissons (comme les smolts saumons et anguilles), notamment un programme LIFE rassemblant des partenaires multiples et variés tels que Luminus, les équipes EDF, le bureau d'étude Profish et les Universités de Liège et Namur. Des solutions techniques ont été créées et sont testées en début d'année afin de permettre un contournement des turbines.

    Les premiers résultats semblent satisfaisants, mais Madame la Ministre dispose-t-elle d'une évaluation quantitative détaillée de ces premiers tests ?

    Il en va de même à Andenne, un système prédictif de dévalaison des anguilles a pu être testé en 2021 en collaboration avec le SPW afin de permettre aux poissons de passer par le barrage lorsque les turbines sont à l'arrêt. Dispose-t-elle d'une première analyse quantitative ?

    Outre le projet Life4Fish susmentionné, d'autres projets de collaboration concernant cette thématique sont-ils en préparation ?
  • Réponse du 15/12/2021
    • de TELLIER Céline
    Si les centrales hydroélectriques apportent une énergie verte, renouvelable, utile à la transition énergétique et sont ainsi un outil indispensable à l’atteinte de nos objectifs de réduction d’émissions de GES, ces centrales peuvent aussi générer des contraintes environnementales fortes. En Wallonie, les centrales hydroélectriques sont souvent construites au fil de l’eau. Elles s’accompagnent d’un barrage permettant la rehausse du niveau d’eau dans le bief amont, rehausse nécessaire à la navigation de bateau à haut tirant d’eau. La chute d’eau entre le bief amont et le bief aval a souvent permis au gestionnaire du barrage d’y installer des petites centrales hydroélectriques. En Wallonie, la puissance de production hydroélectrique atteignait 105 MW pour une production annuelle de 277 GWh en 2018.

    Si ce bilan est flatteur en terme énergétique, il est utile de se poser la question aussi en terme environnemental.

    Le principal impact des barrages hydroélectriques concerne l’interruption potentielle de la libre circulation des espèces vivantes, en premier lieu les poissons, mais aussi le libre écoulement de la charge sédimentaire et la modification majeure des habitats amonts.

    Sur la Meuse et la Sambre, 6 barrages hydroélectriques, équipés au total de 23 turbines, produisent chaque année 245 GWh d’électricité verte. Depuis 15 ans, mon Administration, lors du renouvellement du permis d’environnement de chaque unité, contraint les opérateurs à l’atteinte d’objectifs environnementaux minima concernant la circulation et la mortalité piscicoles. Ces objectifs sont définis site par site. Ils sont d’autant plus importants que nos eaux abritent deux espèces de poissons migratrices protégées, le saumon atlantique dont nous visons le retour sur l’ensemble du bassin mosan depuis de nombreuses années, mais aussi l’anguille européenne.

    Concernant la montaison, l’ensemble des barrages seront équipés d’échelles à poissons permettant la libre circulation de la faune le long de la trame bleue wallonne. L’efficacité de ces échelles fait l’objet d’un contrôle permanent par les opérateurs et l’attractivité de celles-ci pour les poissons doit souvent encore être améliorée.

    La dévalaison, soit le passage de l’amont vers l’aval pour les poissons migrateurs, comme c’est le cas des jeunes saumons smolts âgés de 1 à 2 ans qui tente de rejoindre la mer pour poursuivre sa croissance, ou comme c’est aussi le cas de l’anguille dite argentée lorsqu’elle redescend nos cours d’eau pour rejoindre l’océan atlantique afin d’y assurer sa reproduction, la dévalaison donc fait spécifiquement l’objet du programme d’études Life4Fish.

    Ce programme regroupe des opérateurs privés, EDF et Luminus, deux partenaires universitaires, l’Université de Liège et l’Université de Namur, et un bureau d’études privé, ProFish. Ce programme est financé par l’Union européenne. Il s’écoule de 2017 à 2023. Le SPW-ARNE contribue à ce projet en étant présent au sein du Comité de pilotage et au sein du Comité scientifique et y apporte les informations et les données nécessaires au projet.

    Ce programme comprend un ambitieux plan d’actions. Il vise à atteindre un taux de survie de plus de 90 % pour les saumons dévalants et de plus de 80 % pour les anguilles dévalantes. Pour atteindre cet objectif, 4 solutions sont testées et évaluées :
    - Adaptation de la stratégie de pilotage des ouvrages prenant en compte un modèle prédictif de la dévalaison du saumon et de l’anguille ;
    - Installation de barrières répulsives visant à orienter la dévalaison vers le passage adéquat ;
    - Installation d’exutoires de dévalaison ;
    - Et, hors LIFE, installation d’un nouveau type de turbine dite éco-durable et ichtyo-compatible sur certains barrages.

    L’objectif de ce programme vise à permettre aux deux opérateurs concernés d’atteindre, sur leurs sites, les objectifs de mortalité fixés par l’Administration, et à servir d’exemples pour les installations autres et futures.

    Il convient aussi de souligner les études menées par Énergie Fleuve pour les installations sur la Meuse en amont de Namur, également en vue de respecter des taux maximums de mortalité imposés par la concession de service public et par les permis d’environnement.