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Les conséquences de la diminution de production de magnésium par la Chine

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 113 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 05/11/2021
    • de BIERIN Olivier
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Nous pouvons lire dans la presse que 85 % de la production mondiale de magnésium proviendrait de la Ville de Yulin en Chine.

    La Chine subissant de graves problèmes d'approvisionnement d'électricité, les autorités locales de Yulin auraient intimé l'ordre à près d'une cinquantaine de fonderies, de cesser toute activité jusqu'à la fin de l'année.

    Si cette information devait se vérifier, ce serait une mauvaise nouvelle pour l'industrie wallonne. En effet, la pénurie risque de se faire sentir sur le prix du métal, notamment dans le domaine de l'aviation et de l'automobile qui dépendent d'alliages incorporant le magnésium.

    Monsieur le Ministre confirme-t-il ces informations que l'on peut lire dans la presse ?

    Quelle est son analyse de la situation ?

    A-t-il demandé à l'administration ou aux outils économiques d'étudier les conséquences potentielles pour l'économie wallonne ?

    Quelles actions a-t-il mises en place pour anticiper une éventuelle pénurie de magnésium ?
  • Réponse du 26/11/2021
    • de BORSUS Willy
    Il est utile de rappeler d’emblée que le magnésium est un composant essentiel pour les secteurs de l'aluminium, de l'automobile, de l'aéronautique, du bâtiment, de l'emballage et de l'acier, car il est largement utilisé dans de nombreux processus industriels. Pour l'industrie de l'aluminium, il est utilisé comme agent de durcissement pour créer des alliages métalliques plus résistants et joue donc un rôle essentiel pour fournir une gamme de produits recherchés par sa clientèle variée.

    Le magnésium a déjà été identifié par la Commission européenne comme l'une des 30 matières premières critiques pour l'Union européenne en septembre 2020. En effet, la Chine détient une position très dominante sur l'offre mondiale de fabrication de magnésium depuis la fermeture des dernières usines européennes de production de magnésium en Norvège et en France au début de l'année 2000. S’en est suivi la fermeture des sites de production de magnésium en Iran et en Malaisie au cours des vingt dernières années. Cela a eu pour conséquence que l'Union européenne est devenue totalement dépendante de la Chine.

    La Chine est de loin le premier producteur de magnésium au monde avec 800 000 tonnes (78,4 % de la production mondiale dont un cinquième est exporté), suivie de la Russie (65 000 tonnes – 6,4 %) et des États-Unis (50 000 tonnes – 4,9 %). Viennent ensuite de plus petits producteurs : Israël 25 000 tonnes – 2,5 %, Kazakhstan 23 000 tonnes – 2,3 %, Ukraine 19 000 tonnes – 1,9 %, Brésil 15 000 tonnes – 1,5 %, Turquie 10 000 tonnes – 1,0 %, Corée du Sud 10.000 tonnes – 1,0 % et Iran 5 000 tonnes – 0,5 %.

    Les prix du magnésium ont en effet très fortement augmenté en Chine cette année passant de 2553 US$ par tonne (FOB) en janvier à 3277 US$ en août (+28,4 %) et à 4299 US$ (+31,2 % par rapport à août et +68,4 % par rapport à janvier). À cela doit s’ajouter la hausse très importante du fret maritime de Chine vers l’Europe.

    La Wallonie est très faiblement tributaire de la Chine pour ses importations de magnésium. En 2018, la Chine représentait 1,731 % (1/58) des importations wallonnes de magnésium, 0,673 % (1/149) en 2019, 0,008 % (1/11.814) en 2020 et 0,018 % (1/5.481) pour le premier semestre de 2021. Dès lors, même une mise à l’arrêt totale de la production de magnésium en Chine pour les deux derniers mois de 2021 n’aura pas d’effets directs sur l’industrie wallonne. Il faut néanmoins rester prudent sur l’ensemble des chaines de valeur qui sont liées au magnésium.

    Des contacts ont eu lieu début novembre entre mon Cabinet et les fédérations Agoria et Mecatech. Il en ressort qu’en Région wallonne, ce sont donc surtout les secteurs de la construction aéronautique et automobile et de la production d’acier qui risquent d’être touchés par une pénurie de magnésium à moyen terme. Les entreprises ne rencontrent pas à ce stade de graves problèmes d’approvisionnement, mais elles restent vigilantes quant à l’approvisionnement et l’évolution du coût de leurs matières premières.

    Je pense dès lors qu’il serait prudent pour les entreprises wallonnes utilisatrices de magnésium de – si ce n’est pas encore le cas – constituer des stocks stratégiques de magnésium.

    Que l'honorable membre se rassure, le Gouvernement suivra ce dossier de manière minutieuse et évaluera régulièrement la situation dans les prochaines semaines.