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Les tensions entre les chasseurs et les autres usagers de la forêt

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 124 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 05/11/2021
    • de FONTAINE Eddy
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Chaque année, lors des périodes de chasse, nous pouvons observer une augmentation des tensions entre les différents usagers de la forêt et les chasseurs. Un collectif d'associations protestait récemment contre les limitations d'accès à la forêt en automne, et ce particulièrement les dimanches et jours fériés, traditionnellement des journées où l'utilisation sociorécréative des espaces forestiers est la plus importante.

    En avril 2021, le SPW Environnement et le CGT lançaient la charte « Apaisons la Forêt », pour plus de respect et une meilleure cohabitation entre usagers de ce milieu. Cette démarche était la première étape de la Table ronde organisée par ces deux organismes avec les usagers, propriétaires et ayants droit de la forêt.

    Dans le contexte de la crise sanitaire, le nombre d'usagers de la forêt a littéralement explosé, menant parfois à certaines difficultés de cohabitation qui sont aujourd'hui réaffirmées par ce collectif d'associations.

    La garantie du partage respectueux et équilibré des forêts, notamment sur les voies ouvertes au public, est primordiale. Le Code forestier vise à assurer la coexistence harmonieuse des fonctions économique, écologique et sociale (ou sociorécréative) de la forêt.

    Quelle est l’analyse de Monsieur le Ministre face aux déclarations du collectif de 76 associations vis-à-vis des tensions entre usagers de la forêt et aux limitations demandées ?

    Dispose-t-il de retours de terrain d'acteurs du milieu de la chasse vis-à-vis de ces tensions ?

    Ont-ils formulé des pistes à étudier pour calmer ces tensions avec les autres usagers de la forêt ?

    Concerte-t-il avec ses collègues en charge de la Forêt et du Tourisme pour permettre une cohabitation plus harmonieuse de nos forêts ?

    Un agencement des temps accordés à la fonction sociorécréative de la forêt en saison de chasse est-il à l'étude ?

    De même, l'obligation d'informer précisément le public des actions de chasse est-elle bien contrôlée ?
  • Réponse du 30/11/2021
    • de BORSUS Willy
    Ni mon administration ni mon cabinet n’ont le sentiment que les tensions entre les chasseurs et les autres usagers de la forêt se sont accrues ces derniers temps. Je n’ai pas de retour significatif en ce sens.

    Actuellement, la réglementation n’impose pas aux chasseurs d’informer le public de la tenue d’actions de chasse.

    Les titulaires de droit de chasse qui estiment que l’organisation d’une battue pourrait entrainer des risques pour la sécurité des autres usagers peuvent demander l’autorisation de fermer des chemins publics durant la journée de chasse. Dans ce cas, des affichettes rouges d’interdiction de circuler préviennent les usagers à l’entrée du chemin.

    Conscient de la nécessité de diffuser au mieux les informations pertinentes en matière de chasse, le projet de mise en place d’un site Web sur lequel tout usager trouverait les dates de chasse sur le parcours de balade qu’il envisagerait a été lancé.

    Je rappelle qu’avant de pouvoir relier des dates de chasse, qui nécessitent ou non des fermetures de chemin, à des territoires de chasse, la première étape passe par la consolidation des limites de milliers de territoires de chasse en Wallonie, ce qui constitue un travail conséquent.

    Mais à terme, nous disposerons d’un outil d’information très attendu qui devrait contribuer à prévenir les situations conflictuelles sur le terrain.

    L'honorable membre évoque dans sa question la protestation d’un collectif d’associations contre les limitations d’accès à la forêt en automne, et ce plus particulièrement les dimanches et jours fériés.

    J’entends bien cette demande, mais je rappelle que nous faisons face depuis plusieurs années à un problème aigu de surdensité de grands gibiers (principalement de sangliers, mais également de cerfs) dans de nombreuses régions et je souhaite que, durant la période relativement courte durant laquelle la chasse en battue est autorisée (octobre à décembre), une pression suffisante puisse être menée sur ces populations de gibiers qui doivent absolument diminuer pour des questions tant écologiques qu’économiques. Pour réussir à atteindre les exigences souvent élevées des plans de tir, nous devons éviter de mettre trop de contraintes à ces prélèvements indispensables.

    Je rappelle également que le nombre de journées de battue sur un territoire est généralement assez limité, de l’ordre d’une à deux battues par mois, pendant une partie de l’année seulement, et que leur organisation ne nécessite pas systématiquement une fermeture des chemins publics.

    Par ailleurs, dans le cadre d’un meilleur partage de la forêt en automne, une disposition inscrite depuis 2017 dans les nouveaux cahiers des charges de location du droit de chasse des forêts domaniales, cahiers des charges également proposés aux communes, impose au locataire de réserver, durant la période d’ouverture de la chasse en battue au bois, deux week-ends par mois durant lesquels aucune action de chasse en battue n’est programmée. Je n’ai aucune intention d’aller au-delà de ces dispositions.

    Pour conclure, la problématique du partage de la forêt dans un but sociorécréatif ne peut se résumer à une simple opposition entre les chasseurs et les autres utilisateurs de la nature.

    Les demandes des divers usagers de la forêt (promeneurs, VTTistes, exploitants forestiers, chasseurs…) sont multiples et nous devons veiller tant à l’équilibre entre eux qu’à la préservation des milieux naturels et des espèces sauvages.