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Les recommandations du Conseil international des aéroports

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 39 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 05/11/2021
    • de CLERSY Christophe
    • à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives
    L'aviation a été fortement touchée par la pandémie et peine à se relever de cette crise. Même si les voyages d'affaires reviennent à 90 % de leur niveau d'avant la pandémie, les aéroports ont perdu 1,26 milliard de passagers cette année, soit 62 % de moins qu'avant la pandémie. Nos aéroports wallons n'échappent pas à la règle au niveau du transport des passagers.

    Réunis en assemblée générale il y a quelques jours à Genève, les représentants des aéroports européens ont fait unanimement le constat qu'ils avaient besoin de nouvelles rentrées pour pouvoir garantir leur survie, mais aussi pour investir dans des activités plus vertes.

    Selon l'ACI, la seule solution consiste donc à relever les tarifs des billets d'avion et à diversifier leurs activités.

    Cet élément m'amène à interroger Monsieur le Ministre sur le positionnement de nos aéroports wallons par rapport aux recommandations de l'ACI.

    Quelles actions a-t-il mises en œuvre afin que ces deux objectifs soient rencontrés ?

    Plus concrètement, quelles mesures ont été mises en œuvre dans le cadre de la recapitalisation de BSCA pour ce qui concerne la renégociation des contrats avec les compagnies aériennes ? Qu'en est-il pour ce qui concerne le volet opérationnel de la diversification des activités ?
  • Réponse du 10/12/2021
    • de CRUCKE Jean-Luc
    Les aéroports ont effectivement encore perdu 1,26 milliard de passagers cette année, soit 62 % de moins qu’avant la pandémie et selon l’ACI (Airport Council International), le retour à la normale n’est pas anticipé avant 2025.
    L’ACI rappelle que son secteur a eu droit à très peu d’aide européenne dans le cadre de la pandémie (plus de 31 milliards d'euros pour les compagnies aériennes contre 3 milliards environ pour les aéroports), si bien qu’avec des revenus qui sont toujours bas, augmenter les tarifs apparait comme étant la seule solution.

    En ce qui concerne nos aéroports wallons, les effets de la crise ont cependant été très différents.

    En effet, si Liege Airport qui est essentiellement un aéroport cargo et dont l’activité passagers est accessoire, n’a pas connu et ne connait pas de difficultés financières, BSCA en revanche a, comme le sait l'honorable membre, été très durement touché par la crise sanitaire.

    Je ne repasserai pas en revue l’ensemble des mesures initiées ces derniers mois afin d’assurer la reprise et la pérennisation des activités de l’aéroport, mais je rappellerai quand même que la stratégie de redéploiement et le plan stratégique de BSCA s’accompagnent d’un nouveau business plan qui prévoit entre autres :
    - une augmentation des redevances ;
    - l’instauration d’une redevance « écologique » green fee ;
    - une gestion dynamique de la tarification des parkings voitures.

    Dans le cadre de l’augmentation des redevances, un accord équilibré a été trouvé avec Ryanair et les négociations sont actuellement en cours avec les autres compagnies.

    Comme le prévoit le business plan, les redevances seront également revues afin d’y intégrer notamment une redevance environnementale, destinée à soutenir les efforts en matière de développement durable.

    Dans le même temps, l’aéroport a poursuivi l’effort de diversification amorcé ces dernières années en continuant d’attirer de nouvelles compagnies aériennes.

    C’est ainsi qu’en 2021, en pleine crise, l’aéroport a pu accueillir pas moins de 4 nouvelles routes opérées par Wizzair.

    Eurowings a également débuté ses premières opérations au départ de Charleroi de et vers Pristina.

    Enfin, Air Corsica a ouvert une nouvelle route vers Figari. Dorénavant, les quatre aéroports corses sont accessibles de et vers Charleroi avec Air Corsica.

    La piste allongée qui a été dernièrement inaugurée devrait également offrir la perspective de l’ouverture de nouvelles routes long-courriers au départ de Charleroi.

    Il faut également mentionner le projet de hangar de démantèlement d’avions qui suit son cours, sous l’égide de la SOWAER.

    On constatera donc que BSCA n’a pas attendu les recommandations de l’ACI pour anticiper l’augmentation et la diversification de ses revenus.

    Nos aéroports n’ont pas non plus attendu pour investir dans des activités plus vertes.
    C’est ainsi que Liege Airport s’est engagé dès 2003 dans une politique environnementale ambitieuse en obtenant la certification ISO14001.

    Cette certification a été complétée en 2010 par l’obtention de l’ACA (Airport Carbon Accreditation) d’abord au niveau 1, puis en 2018 au niveau 2 avec une réduction de plus de 20 % de ses émissions de CO2 malgré les extensions du site.

    En 2020, un CEM (Collaborative Environmental Management) a été signé et met autour de la table le gestionnaire de l’aéroport, celui du contrôle aérien et les compagnies aériennes (ainsi que la SOWAER à Liège, vu son implication dans certains domaines environnementaux, en particulier le bruit). Ce comité permet une discussion et des échanges techniques entre partenaires afin de tester ensemble des solutions concrètes aux enjeux environnementaux du transport aérien. Le CEM a pour objectif de formaliser le partenariat entre ces différents acteurs, afin d’améliorer en continu la gestion des impacts environnementaux de leurs activités opérationnelles. Par ailleurs, il est le préalable à la sollicitation du niveau 3 de l’ACA programmée en 2023 qui nécessite de tenir compte des émissions des partenaires de l’aéroport.

    En 2019, Liege Airport a également approuvé une stratégie « zéro carbone » en visant la neutralité carbone en 2030 (en partie via compensations (estimée à 25 %) pour couvrir ce qui ne pourra pas l’être parce que les solutions techniques n’existeront pas à cette date pour atteindre le 0 carbone). L’atteinte de cet objectif permettra de solliciter le niveau 3+ de l’ACA (Neutrality).

    Ce plan « Zéro carbone » envisage les investissements verts : la poursuite de l’installation de panneaux photovoltaïques, un projet de statut de production et de distribution d’hydrogène vert en partenariat avec John Cockerill, le verdissement de la flotte de véhicules…
    Au niveau de BSCA, il est prévu, dans le cadre des nouveaux contrats à conclure avec les compagnies, d’intégrer des clauses environnementales et sociales. Celles-ci prévoient notamment que :

    * En matière d’environnement :
    - les Parties s'engagent à respecter les lois et règlements environnementaux les plus récents ;
    - la compagnie s'assure de disposer d'une flotte répondant aux normes environnementales les plus récentes (notamment en termes de pollution, de bruit) ;
    - chaque partie accorde une attention particulière au développement de politiques environnementales progressives.

    * En matière de protection du travail :
    - chaque partie s’engage à respecter les lois et règlements relatifs à la protection du travail et aux conditions de travail et s’engage à faire bénéficier son personnel et ses agents des lois et règlements sociaux en vigueur, ainsi que des conventions collectives qui les concernent ;
    - cette obligation s’applique également aux sous-traitants ;
    - chaque partie s’engage à respecter et à faire respecter par ses sous-traitants et agents les principes des conventions de l'Organisation internationale du Travail, et notamment l'abolition du travail des enfants et l'élimination de toute forme de travail forcé ou obligatoire.

    Par ailleurs, dans la poursuite de ses actions en vue de réduire son empreinte environnementale, Brussels South Charleroi Airport a conclu un Collaborative Environmental Management (CEM) Working Arrangement, avec ses partenaires (Skeyes, la SOWAER, Eurocontrol et ses principales compagnies aériennes).

    Dans ce cadre, il est possible, voire probable, qu’un accord relatif à l’utilisation de SAF (sustainable aviation fuel) dans les pleins soit conclu et qu’il soit est décidé d’anticiper une probable future obligation légale en la matière, en plaçant une plus grande proportion de SAF dans les pleins de nos compagnies. Dans cette hypothèse, et au vu de la possibilité d’approvisionnement de ces compagnies, toute nouvelle compagnie désireuse de rejoindre BSCA devra obligatoirement accepter cette contrainte de volume, qui aura été déterminée en amont.

    Enfin, sachant que l’aéroport de Charleroi a engagé un manager environnemental chargé de coordonner toute la politique environnementale et cela témoigne de l’importance de ce volet dans le nouveau plan de redéploiement qui en cours d’implémentation.