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La dépollution des sols wallons par la culture du cannabis

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 132 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 05/11/2021
    • de ANTOINE André
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Tant la DPR que le Plan wallon de relance économique font la « part belle » à la nécessaire dépollution des sols et leur requalification pour d'autres affectations.

    Les experts ont relevé pas moins de 3 000 friches industrielles à reconvertir en Wallonie. Rien que l'ancien site de Carsid d'une superficie de 104 hectares constitue l'une des plus vieilles friches sidérurgiques d'Europe en exploitation depuis 1834.

    Inutile de préciser que de telles opérations de dépollution mobilisent des centaines de millions d'euros.

    Or, des scientifiques de l'UCLouvain mènent une recherche sur la dépollution des sols en y cultivant du cannabis. Les résultats sont prometteurs selon les autorités de la première Université francophone.

    À côté de ses caractéristiques décriées comme ses effets addictifs et néfastes sur le cerveau, le cannabis a aussi des qualités indéniables ! Cette plante permet d'extraire les métaux lourds du sol. Ses tiges, sources de fibres, sont utilisées dans l'industrie du textile ou de la construction et ses fleurs ont un intérêt pharmaceutique.

    Les chercheurs de l'UCL ont donc voulu coupler l'utilisation du cannabis pour la gestion des sols contaminés à la production de fibres de qualité. Le chancre accumule les métaux lourds dans ses parties aériennes et met en place des stratégies de résistance face à un environnement pollué.

    Madame la Ministre compte-t-elle soutenir ces recherches prometteuses en finançant leur développement ?

    Va-t-elle recourir à cette technologie nouvelle pour accélérer la dépollution de certaines parcelles polluées ?

    Des opérations pilotées à grande échelle sont-elles prévues afin de promouvoir cette découverte wallonne et en assurer sa notoriété internationale ?

    A-t-elle chargé la SPAQuE d'analyser les résultats de cette recherche universitaire et de l'utiliser sur certains chantiers pilotes de dépollution ?
  • Réponse du 15/12/2021
    • de TELLIER Céline
    Le phytomanagement vise à utiliser des espèces végétales dans la gestion de sites dégradés, en ce inclus des sols pollués. L’objectif de cette stratégie est triple : la production et la valorisation de biomasse de manière durable, la gestion des risques liés aux sols pollués et la restauration des services écosystémiques du sol.

    La Région wallonne s’inscrit dans cette stratégie via différents moyens.

    La convention WallPhy, approuvée par le Gouvernement wallon, est le fruit d’une collaboration entre l'Institut Scientifique de Service public (ISSeP), l’ASBL Valbiom et la SPAQuE. Cette convention vise à promouvoir les projets de phytomanagement pour la réhabilitation de friches industrielles ou de décharges en Wallonie. Un dispositif de phytomanagement est mis en œuvre sur trois sites d’expérimentation.

    Le projet Interreg New-C-Land, soutenu notamment par différents partenaires wallons, vise également à développer des projets de phytomanagement, notamment en mettant en contact des propriétaires de sites marginaux avec des porteurs de projet.

    Les résultats de ces projets sont suivis de près par les directions de la Protection des Sols et de l’Assainissement des Sols. Le Guide méthodologique de référence pour la réalisation des projets d’assainissement tel que prévu par la législation, reprend des recommandations de bonnes pratiques pour la mise en place des projets de phytomanagement. Ces recommandations sont basées sur un document à destination des porteurs de projet, réalisé par l’ASBL Valbiom pour le compte de la Région.

    La stratégie de phytomanagement implique différentes espèces végétales, notamment différentes espèces locales d’arbres et d’arbustes à croissance rapide et de graminées. Le chanvre (Cannabis sativae L.) constitue également un bon candidat, et ce d’autant plus que les itinéraires culturaux et les filières de valorisation de la biomasse sont maîtrisés en Région wallonne, et que les rendements sont de bonne qualité dans nos conditions climatiques. Les pailles récoltées peuvent être valorisées en papeterie, écoconstruction, textile, paillage ou fabrication de biocomposites. Les graines sont quant à elles utilisées pour l’alimentation humaine et animale.

    Les différents projets initiés devraient apporter des enseignements précieux quant à la mise en place du phytomanagement en Wallonie. Par ailleurs, certains acteurs locaux, tels que l’ASBL Valbiom, peuvent fournir un support pertinent à tout porteur de projet qui souhaiterait initier un projet de phytomanagement impliquant notamment le chanvre.

    Étant donné que la culture de chanvre sur sols pollués implique un transfert potentiellement significatif de métaux dans les parties aériennes récoltées, il sera crucial pour de tels projets de contrôler les concentrations en métaux dans les récoltes et de définir la filière de valorisation adéquate, avec une adaptation des techniques si nécessaire.