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Le plan hydrogène en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 127 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 10/11/2021
    • de LENZINI Mauro
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    La Ministre flamande de l'Innovation et de l'Économie a récemment annoncé que le Gouvernement flamand prévoyait d'investir 106,3 millions d'euros dans cinq grands projets liés à l'hydrogène.

    Ces projets visent tant la construction d'usines à hydrogène pour produire de l'hydrogène durable, que l'utilisation de l'hydrogène pour fabriquer de l'acier durable ou pour reconvertir le CO2 en carburants durables.

    Ces projets ont été envoyés à la Commission européenne pour approbation.

    Des projets de même type sont-ils dès lors plus rapidement à envisager en Wallonie ?
    Dans l'affirmative, lesquels ?
    Le cas échéant, sont-ils déjà soumis à la Commission européenne ?

    Des investissements régionaux concrets sont-ils prévus pour les soutenir ?

    Comment Monsieur le Ministre s'inscrit-il dans la démarche par rapport à cette annonce envers la politique à mener en Wallonie ?

    Les réflexions en cours ne doivent-elles pas s'accélérer ?
  • Réponse du 30/11/2021
    • de BORSUS Willy
    Comme le souligne l’honorable membre, récemment, la Flandre a annoncé soutenir cinq projets de grande envergure sur l’hydrogène auprès de la Commission européenne dans le cadre de l’IPCEI (Important Project of European Interest) Hydrogène porté par 22 États membres et pour lequel un appel à manifestation d’intérêts a été lancé par le Fédéral en mars 2020.

    La Wallonie n’est pas en reste sur le sujet. En effet, des acteurs du sud du pays travaillent au dépôt définitif à court terme de deux projets, et à moyen terme, potentiellement d’autres projets, wallons de grande envergure dans cette procédure IPCEI. Cela permettra de soutenir, à travers des aides d’État exceptionnelles, des projets ambitieux permettant de faire avancer l’état de l’art industriel sur une chaîne de valeur et de prendre un leadership technologique sur l’industrie et les technologies liées à l’hydrogène.

    Il le comprendra, les détails concernant ces projets sont, à ce jour, encore confidentiels. Cependant, je peux lui confirmer que les projets en montage au niveau wallon sont notamment :
    - Deux projets de grande envergure portés par ENGIE, d’intégration industrielle, comprenant la production d’hydrogène par électrolyse, la capture du CO2 dans une industrie chaufournier et la transformation des deux produits en e-combustible. Les deux projets se développeront dans la région de Charleroi (Columbus avec Carmeuse et John Cockerill) et de Liège (Kerolhyme avec Lhoist et Fluxys).
    - Associée à ces projets, il s’agit d’accueillir en Wallonie une usine d’assemblage d’électrolyseur haute puissance (100MW+), ainsi qu’un bureau d’engineering, en vue de fournir le marché européen. Ce projet est porté par John Cockerill en collaboration avec la France qui accueillera la production des stacks des électrolyseurs en Alsace.
    - Enfin, Breuer Technical Development, une PME de Malmedy développera aussi un centre de compétence sur l’utilisation de l’hydrogène comme combustible. Ce centre de compétence sera spécialisé en optimisation des moteurs et de leurs combustibles à base d’hydrogène.

    En outre, un projet porté par Fluxys a été pris en charge par le Fédéral et est relatif au développement d’un réseau open access en plusieurs étapes sur le territoire national. Ce projet commencera par développer à court terme des hubs de distribution autour des sites industriels de Charleroi et de Liège, avant de développer un réseau interconnecté. Le projet pourra ainsi suivre le développement de la filière hydrogène en Wallonie, tant pour les producteurs que pour les utilisateurs finaux.

    La procédure IPCEI consiste, d’une part, au dépôt d’une demande d’autorisation d’aide d’état auprès de la Commission européenne, et d’autre part, à la constitution d’un leadership technologique à travers l’intégration des projets dans une chaîne de valeur européenne.

    La Wallonie va donc accompagner les entreprises parties prenantes des projets (que les acteurs soient candidats directs ou indirects, c’est-à-dire s’inscrivant dans la dynamique IPCEI, mais sans pour autant être financés par leur État membre) à travers leurs démarches d’intégration dans la chaîne de valeur européenne. Cet accompagnement sera caractérisé par la rédaction d’un document chapeau regroupant les objectifs et les acteurs de l’IPCEI, qu’ils soient publics ou privés, et validé par la Commission européenne.

    D’autre part, les participants directs devront présenter des dossiers détaillés en termes de RDI (Recherche, Développement, Innovation) et de déploiements industriels afin de justifier des aides d’état octroyées par la Région. Le développement technologique et industriel, ses conséquences sur le développement de l’économie wallonne, et leur nécessité dans la chaîne de valeur européenne seront particulièrement analysés.

    Mon Administration fonctionnelle, le SPW-Recherche, a la charge d’assurer cet accompagnement et la constitution des dossiers pour la Commission européenne.

    Les projets qui font l’objet d’une participation directe et qui seront évalués favorablement feront donc potentiellement l’objet d’aides d’état, qui peuvent couvrir financièrement tant les parties RDI que les premiers déploiements industriels des projets.
    Dans le cadre du Plan wallon de relance, j’ai plaidé pour, et obtenu, des moyens conséquents pour soutenir ces projets stratégiques, puisque 102,2 millions d’euros ont été dégagés et financés via le PNRR (Plan national de relance et de résilience) spécifiquement pour le financement de projets IPCEI hydrogène.

    Dans les semaines qui viennent, je devrais pouvoir être en mesure de proposer au Gouvernement wallon de procéder à la notification définitive à la Commission européenne des projets COLUMBUS, portés par Engie, Carmeuse et John Cockerill, et JCH2 porté par John Cockerill. Ces dossiers ont en effet été envoyés pour préanalyse à la DG Concurrence le 31 août dernier.

    Le soutien de la Région pour le développement de ces projets devrait donc, le cas échéant, pouvoir être formellement conventionné au début 2022, conformément à l’échéancier de la fiche Hydrogène du Plan de relance national.