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Le kérosène vert

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 175 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 10/11/2021
    • de LEONARD Laurent
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    Début octobre, une usine de kérosène vert a été inaugurée en Allemagne. Initiée par une ONG, l'usine sera la première au monde à produire du kérosène neutre en carbone à l'échelle industrielle.

    L'usine allemande va produire du carburant pour avion à partir d'énergie renouvelable (solaire, éolien…) produite sur place, stockée grâce à la technologie de l'hydrogène. Une autre partie de la production viendra d'une usine de biogaz, aussi présente dans la région.

    La décarbonation du secteur aérien, qui est responsable de 2 % des émissions de CO2 mondiales, est un enjeu important dans la lutte contre le réchauffement climatique. À l'heure actuelle, la production de kérosène vert reste très chère.

    Le développement d'une unité de production de kérosène neutre en carbone fait partie des idées évoquées dans le Plan « Get up Wallonia ! ».

    À Liège, un projet d'usine wallonne de kérosène synthétique – issu de l'hydrogène et de la capture du CO2 – est à l'étude.

    La Région entend-elle encourager et soutenir le développement de cette filière ?

    Monsieur le Ministre a-t-il connaissance du projet liégeois ?

    Quelle est sa stratégie pour que cette filière se développe ?
  • Réponse du 02/12/2021
    • de HENRY Philippe
    Je suis évidemment au courant des projets de production de kérosène synthétique en Wallonie et plus singulièrement celui de Liège dont on est en droit de se demander, suite aux retours que la presse en a récemment faits, s’il est réellement vert. Il sera probablement en grande partie décarboné, mais risquerait d’être produit dans des conditions énergétiques désastreuses en termes d’efficacité s’il est bien couplé à de la capture atmosphérique de CO2.

    Les divers projets de production de kérosène ayant été remis dans le cadre des compétences de recherche et innovation, il sera sans doute plus simple de se tourner vers le Ministre en charge pour savoir comment il entend soutenir cette filière particulière.

    Je confirme, par contre, que la décarbonation du secteur aérien est une priorité essentielle pour le secteur.

    Il semble évident et même acquis que le kérosène à faible impact de carbone est une étape nécessaire à la transition climatique dans le secteur aérien. Plusieurs technologies sont actuellement en compétition. Je pense plus particulièrement aux algae fuels développées depuis plusieurs années déjà et qui offrent des perspectives prometteuses et le kérosène synthétique qui a acquis une certaine notoriété ces derniers temps avec l’attention portée sur l’hydrogène et ses perspectives.

    Comme j’ai déjà eu l’occasion de le rappeler, la transition énergétique et climatique passera par l’hydrogène. Je ne suis par contre pas convaincu que de fonder tous les espoirs sur l’hydrogène de manière aussi rapide sera de nature à réellement permettre son développement dans des conditions saines. Surtout énergétiquement.

    Il ne faut en effet jamais oublier de rappeler que chaque étape de transformation, de l’eau à l’hydrogène, de l’hydrogène à un combustible de synthèse a un impact énergétique important qui s’accroit avec la chaine de carbone. Lorsque la capture de CO2 se fait dans l’atmosphère, le cycle devient difficilement soutenable économiquement dans les conditions technologiques actuelles.

    Le projet allemand que l’honorable membre évoque acquiert une double dimension. D’une part la production de biométhane dont on sait qu’elle permet une réduction substantielle des émissions nettes de CO2 développée dans des conditions optimales et la valorisation probable du CO2 issu du processus de biométhanisation via de l’hydrogène renouvelable. Ce cycle complet permet une réelle réduction de l’impact carbone de production d’un combustible valorisable.

    C’est une double filière que je souhaiterais pouvoir soutenir afin d’établir les conditions économiques idéales pour en assurer le développement.

    J’insiste néanmoins sur un point très important, trop souvent ou trop rapidement oublié. Le développement de carburants de synthèse à bas impact en carbone en est toujours à des étapes de prototypage pré-industriel, laisser à croire que le cap vers une industrialisation à grande échelle trop rapide, sans respecter les chaînes de développement serait probablement de nature à contraindre ces technologies qu’à réellement les soutenir efficacement.

    Je suis donc bien pour un développement d’une filière responsable et intégrée avec des acteurs qui connaissent les enjeux énergétiques, climatiques et soucieux des intérêts économiques des filières qu’ils souhaitent soutenir.