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Le conflit entre l'Algérie et le Maroc

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 33 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 10/11/2021
    • de GAHOUCHI Latifa
    • à DI RUPO Elio, Ministre-Président du Gouvernement wallon
    Le 24 août dernier, Alger a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec Rabat par la voie de son Ministre des Affaires étrangères en invoquant « des tendances et positions hostiles » en provenance du royaume à l'égard de l'Algérie.

    Après des mois de tensions croissantes avec comme toile de fond la question du Sahara occidental, l'espionnage, les relations avec Israël, mais également les supposés liens existants entre le Maroc et le Mouvement pour l'autodétermination kabyle (MAK), accusé d'être à l'origine des incendies ayant ravagé l'Algérie, les relations bilatérales entre ces deux pays voisins sont dans une nouvelle impasse diplomatique.

    Malgré une main tendue par le Roi du Maroc, le chef de la diplomatie algérienne a récemment écarté tout retour à la normale avec leur voisin en caractérisant cette rupture diplomatique comme étant « une décision souveraine, définitive et irréversible »

    Le 26 août, l'Union européenne (UE) a exhorté l'Algérie et le Maroc à trouver une solution « diplomatique et durable ». Elle a également proposé d'être un médiateur pour régler la situation actuelle et au profit des deux pays, de leur population et de l'ensemble de la région méditerranéenne.

    À l'heure actuelle, le sentiment qui se dégage est tel que la situation pourrait s'embraser dramatiquement. En effet, l'impact de cette rivalité constitue une source supplémentaire d'inquiétude pour l'instabilité au Sahel.

    Profondément attachée à l'approfondissement des liens et au dialogue entre les pays de la région, pour en consolider la stabilité et la prospérité, la Belgique se doit d'inviter les deux pays à s'engager dans une logique de paix et de coopération.

    Monsieur le Ministre-Président pourrait-il faire le point quant à l'évolution de la crise diplomatique entre l'Algérie et le Maroc ? Quelle analyse de la situation son Gouvernement fait-il ?

    Par ailleurs, en raison des relations historiques fortes et des accords de coopération riches et variées dans de nombreux secteurs d'activité et ce, avec les deux pays, la Wallonie ne peut rester indifférente.

    Par conséquent, la Wallonie entend-elle amorcer une tentative de médiation dans les relations algéro-marocaines ?
    Des rencontres officielles avec les ambassadeurs respectifs des deux pays sont-elles prévues ?

    Quels sont les leviers qu'il pense activer avec l'État fédéral et avec l'UE, par exemple dans le cadre du traité de libre-échange UE-Maroc ?
  • Réponse du 17/12/2021
    • de DI RUPO Elio
    La décision prise par l’Algérie en août dernier de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc n’est que le dernier épisode d’une longue crise de confiance entre les deux pays, qui remonte aux années 1960, mais qui s’est approfondie avec le conflit au Sahara occidental.

    L’accord donné par le Maroc, le 22 décembre 2020 à une normalisation de ses relations avec Israël en contrepartie de la reconnaissance des États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental a créé un déséquilibre dans la relation entre les deux grands États du Maghreb.

    Depuis la rupture des relations diplomatiques, la situation entre les deux pays reste tendue. En effet, l’Algérie a annoncé modifier le circuit d’acheminement de son gaz à destination de l’Europe. Le contrat du gazoduc Maghreb-Europe (GME) qui relie les champs gaziers algériens à l’Espagne via le Maroc expirait le 31 octobre dernier. Le Maroc avait exprimé sa volonté de le reconduire, mais la Sonatrach a adopté une solution technique alternative pour faire basculer ce qui était transporté par GME sur le gazoduc Medgaz qui relie directement l’Algérie à l’Espagne.

    Je regrette la décision de l’Algérie de rompre ses relations avec le Maroc.

    Je fonde beaucoup d’espoir sur les capacités du nouvel Envoyé personnel du Secrétaire-Général des Nations-Unies pour le Sahara occidental, M. Staffan di Mistura, à donner un nouvel élan au processus politique mené par les Nations-Unies dans le Sahara occidental. M. Staffan di Mistura est un diplomate très expérimenté.

    La Ministre des Affaires étrangères, Sophie Wilmès, a invité ses homologues marocain et algérien, lors de rencontres bilatérales en marge du dernier Sommet Union européenne - Union africaine qui s’est tenu à Kigali, à la retenue et au retour au dialogue pour favoriser la désescalade.

    Je partage cette ligne. J’avais invité l’Ambassadeur du Royaume du Maroc, lors de notre rencontre en février dernier, et alors que la situation s’envenimait déjà entre les deux États, à reprendre le dialogue avec l’Algérie.

    Je m’inscris également pleinement dans l’encouragement formulé par l’Union européenne à toutes les parties à s’engager, dans un esprit de coopération, dans la recherche d’une solution, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité et aux principes et objectifs de la Charte des Nations-Unies.

    Pour répondre à la question sur le traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Maroc, l’essentiel à l’heure actuelle est de faire en sorte que le Nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies puisse mener sa mission avec succès.

    La Wallonie continuera à suivre avec attention l’évolution des relations entre ces deux États.