/

L'obligation de vider les piscines une fois tous les deux ans en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 147 (2021-2022) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 18/11/2021
    • de WITSEL Thierry
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Le 26 octobre dernier dans la presse, on a pu lire qu'en Wallonie les piscines doivent être entièrement vidées tous les deux ans. Nous savons que cette règle a été abandonnée en Flandre en 1995 et à Bruxelles en 2002.

    En effet, une des règles sanitaires est de renouveler 40 litres d'eau par nageur. Statistiquement, la piscine est donc entièrement renouvelée tous les 6 mois.

    Les piscines sont déjà un gouffre financier pour les communes, mais cette règle d'entretien n'aide pas celles-ci à gérer les piscines ou même les laisser ouvertes. En effet, nous savons qu'il y a une pénurie de piscines et que de nombreuses communes n'en n'ont plus.

    Tant d'un point de vue environnemental qu'écologique, changer l'eau tous les deux ans apparait comme étant du gaspillage. Il faut savoir qu'un bassin représente plus d'un million de litres d'eau et lors de la vidange, cela part directement aux égouts.

    C'est la piscine de Braine-l'Alleud qui a dénoncé cette situation. Elle a ouvert il y a un an et vient d'apprendre qu'elle devait changer l'eau en octobre 2022, soit en plein milieu du trimestre de rentrée. Les gestionnaires ont demandé une dérogation à l'administration qui leur a été refusée.

    Madame la Ministre a-t-elle connaissance de la situation de Braine-l'Alleud équipée d'une piscine moderne qui pourrait prolonger la durée de vie de l'eau du bassin ?

    Pourrait-elle me dire pourquoi la dérogation a été refusée ?

    Les piscines modernes étant conçues pour que la plupart des travaux soient réalisés sans vider les bassins, ne compte-t-elle pas changer notre législation afin de l'adapter aux évolutions technologiques ?

    Que pourrait-elle mettre en place afin que les gestionnaires de piscines offrent un meilleur service aux usagers ?
  • Réponse du 27/12/2021
    • de TELLIER Céline
    L'apport par les baigneurs de matières organiques et d’organismes biologiques (virus, bactéries, champignons) nécessite que l'eau soit traitée par un procédé physico-chimique ; une filtration, suivie d'une désinfection de l'eau par un biocide, tel que le chlore. Cependant, des matières polluantes résultant de ce traitement finissent par s'accumuler progressivement, et ce indépendamment du renouvellement de l'eau des bassins de natation.

    Ainsi, il résulte d'une étude effectuée par L’Institut Scientifique de Service public (ISSeP) que les sous-produits issus de la désinfection par le chlore sont les chloramines, les trihalométhanes, de l'acide halocétique, des haloacétonitriles, de l'halocétone, des trichloroacétaldéhydes, du trichloronitrométhane, du chlorure de cyanogène, et des chlorates. Ces substances peuvent impacter la santé des baigneurs.

    L'accumulation de ces sous-produits est indépendante du niveau de modernité des installations et l'eau de la piscine de Braine-l'Alleud se charge progressivement de ces polluants au cours de son exploitation, à l'instar des autres bassins de natation.

    L'objectif de cette vidange n’est pas seulement d'ordre sanitaire, mais également structurel. En effet, si quelques établissements disposent effectivement d'un revêtement en inox au niveau de la cuve du bassin de natation facilitant ainsi leur nettoyage, la plupart des établissements existants en Wallonie sont équipés de carrelages nécessitant un nettoyage approfondi du radier et des parois et de procéder à la réfection des joints et de carrelages qui s'usent et s'abîment dans le temps, au risque de blesser les usagers.

    La règle des 40 litres d'eau par baigneur et par jour évoquée ne repose sur aucune base légale.

    La vidange, tout comme les apports d'eau quotidiens, représente effectivement un coût environnemental. Certains établissements compensent cet aspect en réutilisant une partie de cette eau pour alimenter les sanitaires ou pour l'arrosage des espaces verts (après élimination du biocide).

    Cette nécessité de vidanger les bassins de natation existe depuis de très nombreuses années, elle est antérieure à l'entrée en vigueur du décret relatif au permis d'environnement en 2002, et à ce jour, cette problématique liée à la vidange des bassins de natation n'a été portée qu'à deux reprises à la connaissance de la Cellule Piscine du Département des Permis et Autorisations, depuis l'entrée en vigueur de cette disposition.
    Toutefois, je reconnais qu’il convient d’éviter tout gaspillage d’eau et qu’une vidange totale d’une piscine communale peut également poser des problèmes environnementaux ou de fonctionnement des stations d’épuration. Je vais dès lors interroger l’Institut scientifique de service public pour qu’il précise le bien-fondé de cette règle de la vidange des piscines tous les deux ans.

    Une demande de dérogation temporaire, visant à reporter l’échéance de la vidange à un an, a d'ailleurs été sollicitée récemment par le gestionnaire de la piscine du Grand Large de Mons, motivée par le contexte actuel lié à la pandémie et à la fermeture prolongée de cet établissement. La Cellule Piscine a émis un avis favorable à cette demande de dérogation, mais celle-ci a finalement été retirée par le gestionnaire étant donné qu'une vidange du bassin s'avérait finalement nécessaire pour réaliser les travaux nécessaires de réfection de la cuve du bassin de natation.

    Aucune demande de dérogation pour la vidange du bassin de natation de la piscine de Braine-l'Alleud n'a cependant été sollicitée auprès de mon Administration.