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Les mégabassines et les réserves d'eau de substitution

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 164 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 22/11/2021
    • de AGACHE Laurent
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    La construction de mégabassines en France a déclenché une forte contestation non seulement de la part d'associations environnementales, mais encore bien plus d'agriculteurs, qui y voient un cadeau de l'État français à son agro-industrie et au soutien de pratiques d'agriculture intensive. Les « petits » agriculteurs y voient un accaparement de l'eau au profit des « grosses » exploitations.

    Les mégabassines sont des ouvrages de stockage de l'eau de grandes dimensions (8 à 10 hectares). Elles sont entourées de digues de 10 mètres de haut environ, érigées grâce à la terre décaissée (jusqu'à 8 m). Ces ouvrages hydrauliques imperméables sont remplis par pompage dans les nappes phréatiques (nappes de surface) ou dans les cours d'eau.

    Appelées aussi réserves de substitution, les mégabassines permettraient, selon leurs promoteurs, de diminuer la pression sur la ressource en eau en « substituant » des pompages de printemps/été par des pompages d'hiver.

    Pour diverses raisons, dont une forme de confiscation de la ressource en eau au profit de l'agro-industrie, la confédération paysanne française réclame l'arrêt immédiat de la construction de ces mégabassines.

    Comme on sait que ce qui se passe en France a souvent une certaine influence en Wallonie, je souhaiterais connaître l’avis de Monsieur le Ministre sur ce type de projets ? A-t-il déjà entendu parler de ce type d'ouvrages, notamment en Wallonie ?

    Anticipe-t-il ce type de demande ?

    Quel type de réponse a-t-il prévu d'y apporter ?

    Notre agriculture, de type familial, doit-elle s'en inquiéter ?
  • Réponse du 13/12/2021
    • de BORSUS Willy
    Pour ce qui concerne la situation en France, les méga-bassines sont d’immenses réservoirs créés par édification de digues et étanchéifiés à l’aide de bâches. On évoque en effet des superficies de plusieurs hectares, et ce parfois jusqu’à plus de 10 mètres de hauteur.

    Ces ouvrages hydrauliques sont censés répondre aux sécheresses récurrentes de ces dernières années, dans certaines régions de France.

    Les méga-bassines sont remplies l’hiver par pompage dans les nappes aquifères et dans les cours d’eau. En périodes sèches, ces réservoirs alimentent des cultures pour compenser les manques d’eau.

    Pour ce qui concerne la Wallonie, il faut évoquer la constitution d’une cellule sécheresse pilotée par le Centre Régional de Crise.

    Par ailleurs, les services de l’administration de l’environnement et la Société wallonne des Eaux se concertent quant aux multiples aspects de la gestion de l’eau et, en particulier sur la possibilité de l’utilisation des eaux résiduaires épurées vers les champs agricoles.

    Concernant l’anticipation de ce type de demandes, les problèmes de sécheresse répétée sont pris en compte en Wallonie, notamment par ces diverses initiatives, et à ma connaissance, il n’y a aucun projet de méga-bassine en Wallonie.

    Je reste donc attentif à cette problématique, laquelle reste toutefois spécifique à une agriculture hautement intensive, ce qui n’est pas la voie que la Wallonie veut suivre.

    Au travers de tous ces éléments, l'honorable membre comprendra bien que ces méga-bassines posent la question fondamentale du droit de l’usage de l’eau et des aspects de gestion des nappes aquifères et des cours d’eau. Je renvoie par conséquent auprès de ma collègue en charge de l’Environnement, qui a l’eau dans ses compétences.