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L'impact de la crise sanitaire sur l'introduction des jeunes diplômés sur le marché du travail

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 134 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 22/11/2021
    • de BELLOT François
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Selon une enquête de Page Personnel, les jeunes diplômés qui se lancent dans la vie active sont actuellement 16 % de moins que l'année dernière malgré pourtant une hausse de 45 % de postes à pourvoir par rapport à 2020 (et 30% par rapport à 2019).

    Cette baisse significative des demandeurs d'emploi demeure problématique. Alors que le nombre d'offres d'emplois ne fait que croître, les employeurs peinent de plus en plus à recruter.

    Il apparaîtrait que les jeunes étudiants diplômés, en raison de la crise sanitaire, souhaiteraient prendre le temps avant de signer un contrat de travail. Au contraire, d'autres encore sont tétanisés par ce nouveau changement que représente le monde du travail. Ils craignent de ne pas trouver d'emploi rapidement.

    La crise sanitaire a pesé lourdement sur le moral de ces jeunes et c'est un peu normal qu'ils aspirent à changer d'air après des mois de stress. Cette crise a aussi peut-être eu un impact sur leur confiance en eux, ayant eu moins l'occasion de se tester en classe, de débattre sur leur avenir.

    Le FOREm, via la Garantie Jeunesse, mettra notamment en oeuvre un nouvel outil d'accompagnement. Madame la Ministre travaille-t-elle néanmoins en collaboration et en synergie avec le Ministre de l'Économie et le secteur entrepreneurial, notamment pour rassurer ces jeunes et leur donner envie de se lancer afin d'atteindre les taux d'emploi attendus ? La Ministre de la Fonction publique est-elle également associée pour rendre plus accessible et attractif le secteur public ?

    À l'heure de la relance et de la reconstruction de la Wallonie, actionne-t-elle d'avance de mesures d'informations : communique-t-elle davantage, et positivement, sur les nombreuses offres d'emplois disponibles, y précise-t-elle que la conjoncture est bonne, que le marché n'est pas en crise et est loin d'être saturé ? Bien sûr, certains ont perdu leur boulot, mais il n'y a aussi jamais eu autant de nouvelles opportunités. Et surtout, il faut combler tous ces métiers en pénurie.
  • Réponse du 30/11/2021
    • de MORREALE Christie
    Le marché de l’emploi en Wallonie connaît depuis plusieurs mois quelques signes de reprise, y compris parmi les jeunes dont la demande d’emploi diminue depuis le mois de mars 2021, et ce dans des proportions plus importantes que sur l’ensemble de la demande d’emploi. On observe par ailleurs que le taux d’insertion des jeunes demandeurs d’emploi à la sortie des études en 2020 demeure à un niveau proche de celui enregistré en 2019, soit avant le début de la crise sanitaire.

    Après une baisse du nombre total de jeunes inscrits pour la première fois au FOREm après leurs études entre 2012 et 2015, la période 2016-2019 a vu une légère remontée de ce public. En 2020, la pandémie de Covid-19 est venue bouleverser les tendances. Ainsi, le nombre de jeunes inscrits pour la première fois au FOREm est passé de 29 828 en 2019 à 26 213 en 2020, soit une diminution de 12,1 %.

    Malgré cette diminution, le taux d’insertion se maintient à un bon niveau : 63,1 % des jeunes demandeurs d’emploi inscrits au FOREm à la sortie des études se sont insérés à l’emploi dans les 6 mois. Le délai moyen d’insertion avant la première occupation est de 53 jours et la durée moyenne d’occupation est de 113 jours sur 6 mois, soit des résultats très proches de ceux de 2019, année où le FOREm avait enregistré les meilleurs chiffres pour l’insertion de ce public.

    De manière générale, le FOREm observe une entrée de plus en plus tardive des jeunes sur le marché du travail. En 2010, l’âge moyen de la première inscription au FOREm était de 20 ans et 178 jours, en 2020, elle est de 21 ans et 14 jours, soit plus d’une demi-année en plus.

    Ce constat peut être expliqué au moins par deux facteurs :
    - L’allongement de la durée des études : les étudiants du supérieur seraient de plus en plus à effectuer des années complémentaires après leur master ou leur bachelor voire même un séjour à l’étranger. Par ailleurs, le décret paysage, entré en vigueur en 2014-15 a amené un nombre important de jeunes à étaler leur parcours, ce qui contribue à allonger la durée des parcours d'étude. En Haute Ecole, ils ne sont que 21 % à obtenir le bachelier professionnalisant en trois ans. Un constat identique se pose à l'Université, où seuls 23 % des étudiants réussissent la totalité de leurs crédits de bachelier de transition dans les temps. »

    - Dans un contexte économique incertain, les jeunes ont tendance à rester le plus longtemps possible aux études. Ainsi, selon certaines études, entrer sur le marché du travail en période de récession pourrait pénaliser la carrière. Selon les travaux de Bart Cokcx, les jeunes diplômés, en période de récession, ont tendance à prendre des emplois qui ne sont pas à leur niveau. Cela veut dire qu’après un certain temps, ils auront de l’expérience dans un emploi qui est sous leur niveau de diplôme. Et donc après un certain temps, la différence de rémunération peut devenir considérable. Donc il s’agit vraiment d’un problème d'enfermement dans un travail qu’ils ont dû accepter à cause de la récession. Certains jeunes pourraient ainsi retarder leur entrée sur le marché du travail en attente d’un mouvement de reprise économique.

    Le recul du nombre d’opportunités d’emploi en 2020 a entraîné une hausse du nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans. En moyenne entre 2019 et 2020, la demande d’emploi a progressé de 3 %. Si toutes les classes d’âge ont été touchées, c’est surtout parmi les plus jeunes que l’ampleur de la hausse a été la plus marquée (+ 5,3 % en moyenne).

    Néanmoins depuis mars 2021, le nombre de jeunes demandeurs d’emploi inoccupés est de nouveau orienté à la baisse en Wallonie. Fin octobre 2021, la Wallonie dénombre 5,4 % en moins de demandeurs d’emploi inoccupés âgés de moins de 25 ans sur base annuelle.

    Il s’avère que la reprise bénéficie particulièrement aux jeunes. En effet, certains secteurs qui emploient une part importante de jeunes voient à nouveau leur activité progresser. Par exemple, l’Horeca depuis la réouverture du secteur connait des besoins de recrutement importants. De même, l’activité intérimaire (fortement touchées au début de la crise) connait un redressement marqué depuis plusieurs mois. Le secteur de la construction, au regard des plans de relance, mais aussi des besoins engendrés par les récentes inondations, fait face aussi à un important besoin de main-d’œuvre.

    Il semble toutefois que depuis plusieurs années les aspirations de jeunes à l’égard de leur emploi évoluent. Ainsi, les priorités des jeunes diplômés qui rentrent sur le marché du travail ont changé. Selon une étude menée par le Cabinet YouGov réalisée auprès d’un échantillon d’adultes belges, il semblerait qu’un peu plus de la moitié des jeunes Belges (55 %) privilégient avant toute autre chose un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée lors de la recherche d’emploi et s’orientent en priorité vers des offres garantissant de la flexibilité. Pour plus d’une personne sur trois et 45 % des travailleurs à temps partiel, le choix se porterait même vers un emploi qui leur donne la capacité de choisir eux-mêmes leurs heures de travail ce qui leur permettrait de se consacrer à d’autres activités ou hobbies (pour 38 % des sondés).

    La rémunération a toujours une influence dans la sélection d’un emploi pour 64 % des jeunes Belges, mais moins de la moitié d’entre eux (36 %) affirment encore choisir un travail en fonction de sa capacité à couvrir le coût de la vie. Le salaire n’occupe donc plus la première place dans le top des priorités des nouveaux arrivants sur le marché du travail. Le choix d’un emploi en lien avec ses convictions personnelles figure désormais dans le classement puisqu’il s’agit d’une priorité pour 36 % des répondants.

    D’autre part, des facteurs de choix traditionnellement populaires tels qu’un « emploi excitant » ou la « possibilité de faire carrière » n’y figurent plus. »