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La lutte contre le VIH et les discriminations envers les personnes séropositives

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 139 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 22/11/2021
    • de LEGASSE Dimitri
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Le 1er décembre est consacré Journée internationale de lutte contre le VIH. Si depuis quelques années, le nombre de contaminations par jour s'est réduit, le risque d'une nouvelle flambée est bien réel. En effet, avec les différents confinements et la crise sanitaire, les dépistages des IST et du VIH ont chuté. L'objectif d'éradiquer l'épidémie du sida fixée à 2030 par l'ONU risque de ne pas être atteint.

    Pour cette journée 2021, l'ONU met au centre des priorités la réduction des inégalités et des discriminations. C'est le coeur même de la déclaration politique sur le VIH/sida adoptée lors de la réunion de haut niveau des Nations Unies sur le VIH/sida cette année. Enfin, l'ONU rappelle que s'il faut mettre fin à la pandémie Covid, les efforts pour mettre fin à la pandémie du sida qui frappe le monde depuis de nombreuses années ne doivent pas être réduits.

    Par ailleurs, en 2020, Prévention sida rappelait que 23 % des personnes ignorent qu'un rapport pénétrant sans préservatif est le moyen le plus risqué de contamination au VIH. Seulement un tiers des répondants savait qu'une personne séropositive avec une charge virale indétectable ne peut plus être contaminante. Cela démontre que bien que des actions existent, le travail est encore important pour conscientiser la population.

    En France, les médecins généralistes peuvent aujourd'hui prescrire la PReP, un des outils qui permet de prévenir l'infection contre le VIH notamment chez les publics plus à risque.

    Madame la Ministre portera-t-elle le débat pour faciliter l'accès à la PReP chez le généraliste auprès des autorités fédérales ? Renforcera-t-elle les dépistages du VIH ?

    Agira-t-elle pour que le message indétectable=intransmissible soit mieux connu et mette ainsi fin aux discriminations envers les publics concernés ?

    Que compte-t-elle mettre en place pour assurer l'objectif de la fin du sida en 2030 ?
  • Réponse du 30/11/2021
    • de MORREALE Christie
    Afin d’assurer l’atteinte des objectifs fixés par l’ONUSIDA, à savoir mettre un terme à l’épidémie de SIDA d’ici 2030, les actions de lutte contre le VIH mises en place sur le territoire wallon s’intègrent dans le WAPPS 2030 ainsi que dans le plan national de lutte contre les VIH 2020-2025. Ce dernier paraîtra, avec un peu de retard, début 2022. Ces plans poursuivent donc des objectifs stratégiques également fixés par l’ONUSIDA :
    - 95–95 –95 : d’ici à 2025, 95 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique, 95 % des personnes qui connaissent leur séropositivité reçoivent un traitement et 95 % des personnes sous traitement ont une charge virale supprimée, de sorte que leur système immunitaire reste fort et que le risque qu’elles transmettent sexuellement l’infection est considérablement réduit ;
    - la prévention primaire et l’élimination de la discrimination pour mettre fin au VIH et permettre aux personnes concernées d’atteindre une qualité de vie optimale.

    Ainsi, ce sont l’ensemble des actions prévues par ce nouveau plan national qui contribueront à l’atteinte des objectifs fixés par l’ONUSIDA.

    Les actions de ce plan national sont ventilées selon les 5 piliers : prévention, dépistage, prise en charge, qualité de vie et conseil positif.

    Pour ce qui est de la mise en œuvre du plan wallon de prévention et de promotion de la santé à horizon 2030, un refinancement est prévu afin de permettre à l’ensemble des acteurs de prévention et de promotion d’œuvrer pour atteindre les objectifs qui y sont fixés. Les acteurs agissant dans le champ de l’axe 4 (Maladies infectieuses) bénéficieront donc également d’un accroissement de leurs moyens.
    La bonne articulation des actions de terrain sur le territoire de la Wallonie est garantie pas la participation des différents acteurs aux stratégies concertées IST-Sida.

    Pour ce qui est de la facilitation de l’accès à la PReP, cela constitue un des axes prioritaires du pilier prévention identifiés par le nouveau plan national. Une série d’actions seront mises en place afin d’y parvenir.

    Concernant le renforcement du dépistage du VIH, il faut savoir que : « Par rapport aux autres pays européens, la Belgique affiche un taux de dépistage du VIH relativement élevé et stable avec plus de 700 000 tests de dépistage du VIH par an. En 2018, 1,2 nouveau diagnostic a été établi sur 1 000 tests. » Cependant, en raison des obstacles importants qui entravent le dépistage du VIH et à cause des flux migratoires, un grand nombre de personnes vivant avec le VIH en Belgique sont diagnostiquées à un stade tardif de la maladie (<350 CD4/mm3). Au niveau de la population, le diagnostic tardif est responsable de l’existence d’une épidémie « cachée » qui contribue à la propagation de l’épidémie. » (Proposition de plan national de lutte contre le VIH 2020-2025) C’est pourquoi, l’objectif du pilier dépistage du futur plan est : d’améliorer la fréquence, la régularité et le ciblage du dépistage du VIH/des IST dans les populations clés afin d’accroître le taux de diagnostic précoce, d’améliorer le recours rapide à un traitement durable et de prévenir la transmission.

    Enfin, lors de la prochaine journée mondiale de lutte contre le SIDA, le message clé diffusé dans les différentes campagnes et actions sera le I=i (Indétectable = Intransmissible).

    En 2021, une personne vivant avec le VIH, sous traitement antirétroviral et dont la charge virale est indétectable ne transmet pas le virus. Si cela permet d’assurer une meilleure qualité de vie aux personnes vivantes avec le VIH, les préjugés sur ces personnes ont la vie dure, elles se retrouvent stigmatisées. C’est pourquoi il est important de s’informer. Les opérateurs de promotion de la santé et de prévention wallonne et les centres de planning familial sont là pour ça.

    Si on peut désormais vivre avec le SIDA, cela reste une maladie infectieuse : c’est important de se faire dépister régulièrement et de continuer à utiliser l’ensemble des moyens de prévention à disposition (prep, préservatifs, traitement post-exposition) afin de ne pas contaminer ses partenaires. Le site de la Plateforme Prévention Sida renseigne l’ensemble des lieux où il est possible de faire dépister gratuitement en Wallonie.

    Enfin, pour continuer à lutter contre les discriminations, il est important de rappeler que de nos jours, le VIH ne doit pas être une affaire pénale, mais bien une affaire de santé publique. Une personne vivant avec le VIH ne devrait pas être inquiétée par des poursuites pénales si elle ne divulgue pas son statut sérologique dans la mesure où elle ne met pas en danger son ou sa partenaire grâce à son traitement antirétroviral.

    Rappelons également que le décret du 6 novembre 2008 relatif à la lutte contre certaines formes de discrimination, modifiée par le décret du 2 mai 2019, élève au rang de critère protégé l’état de santé de manière générale, ce qui inclut l’état de santé passé, actuel et futur. Notons par ailleurs que le plan interfédéral de lutte contre les violences LGBQTI+ pourrait prévoir des mesures relatives à la lutte contre les discriminations dont sont victimes les personnes séropositives.