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Les initiatives citoyennes de soutien aux personnes sans-abri

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 142 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 22/11/2021
    • de DI MATTIA Michel
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    La crise sanitaire n'a pas été étrangère à une recrudescence de la précarité et à l'approche de l'hiver. La Wallonie a pris des dispositions pour renforcer au travers du plan grand froid l'accueil continu et inconditionnel des personnes sans-abri au départ des relais sociaux. Certaines initiatives voient toutefois le jour à l'échelle des communes pour venir en soutien aux personnes en difficulté. C'est par exemple le cas du CPAS de Charleroi qui vient de débloquer des fonds pour soutenir des microprojets associatifs et citoyens en faveur des personnes les plus précarisées. Nous savons aussi que plusieurs grandes villes wallonnes tentent actuellement de formaliser un recensement des personnes sans domicile fixe à l'approche de l'hiver.

    Madame la Ministre a-t-elle prévu de créer un répertoire qui recense le nombre de personnes actuellement à la rue à l'échelle de la Wallonie ?

    Le Gouvernement a-t-il prévu les moyens pour le réaliser et le mettre régulièrement à jour ?

    La Région wallonne compte-t-elle soutenir des initiatives en faveur d'aide matérielle hivernale ?

    Quelle évaluation fait-elle des mesures en matière d'hébergement et de « housing first » pour les personnes en grande difficulté ?

    Renforcera-t-elle ces projets par des mesures complémentaires cet hiver ?
  • Réponse du 09/12/2021
    • de MORREALE Christie
    Depuis 2009, les sept Relais sociaux urbains et leurs partenaires (environ 70 services) collectent des données qu’ils communiquent ensuite à l’IWEPS. Ces données permettent de rendre compte de l’activité des services organisés pour assurer la prise en charge des personnes en situation de grande précarité en Wallonie et du profil des bénéficiaires de ces services.

    La collecte des données est réalisée de façon continue par les travailleurs sociaux des services partenaires des Relais sociaux urbains, à l’aide d’un formulaire de recueil de données spécifique à chacun des quatre axes d’activités coordonnées par ces Relais (hébergement d’urgence, dispositif d’urgence sociale, travail de rue, accueil de jour (Bas seuil, Alimentaire, Logement, Prostitution et Santé). Ces données sont agrégées par les services partenaires, annuellement pour le profil des utilisateurs et mensuellement pour l’utilisation des services. Elles sont transmises aux Relais sociaux au début de l’année civile qui suit celle de la collecte.

    Chaque Relais social rassemble, vérifie et met en forme les données recueillies par ses partenaires et les transmet à l’IWEPS. L’Institut extrait les données et dispose ainsi de données agrégées par service et par axe d’activité. Les données 2015 ont été publiées en mai 2018. Les données 2017 ont fait l’objet d’une nouvelle formule pour la publication, elles ont été diffusées complètement fin juin 2019. Tous les tableaux de données de « profil des utilisateurs » et « d’utilisation des services » sont téléchargeables sur le site de l’IWEPS. Ces fiches sont mises à jour régulièrement.

    Les statistiques des Relais sociaux urbains constituent une source de données unique sur les populations les plus précarisées vivant en Wallonie. Ces statistiques permettent de mesurer l’évolution du secteur, mais aussi l’évolution sur un territoire (en termes de phénomène par exemple) ou encore l’évolution par rapport à un public (sur la question de la tranche d’âge des 18-25 ans). Sur cette base statistique, les Relais sociaux peuvent justifier la mise en place de nouveaux projets.

    La recherche soutenue par la Fondation Roi Baudouin s'appuie, quant à elle, sur l'étude MEHOBEL qui recommande des dénombrements ponctuels nationaux.

    Ceux-ci ont été réalisés à Louvain en février 2020, dans 40 des 42 communes de la province du Limbourg et dans les villes de Gand, Liège et Arlon en octobre 2020, en collaboration avec les autorités locales, associations et bénévoles. La finalité de ces recensements est de donner une impulsion aux autorités pour apporter des réponses à la question du sans-abrisme et du « mal logement », de façon coordonnée. Un des objectifs était également de développer un manuel pratique pour l’ensemble des administrations locales belges. Plusieurs Relais sociaux ont montré leur intérêt pour la méthodologie développée par les chercheurs. Avec la constitution récente des Relais sociaux intercommunaux du Brabant wallon et de Luxembourg, l’ensemble du territoire wallon pourrait ainsi faire l’objet de dénombrements. À titre informatif, les Relais sociaux de Charleroi, Liège et Namur ont réalisé un dénombrement la nuit du 28 au 29 octobre dernier.

    De plus, le Gouvernement wallon, à mon initiative, a prévu d’inscrire la sortie du sans-abrisme dans son Plan de relance notamment. L’objectif est ambitieux et un budget de 25 millions y est consacré. À ceux-ci, s’ajoutent les 30 millions d’euros pour des projets d’infrastructure, destinés à augmenter et à rénover les places d’accueil et d’hébergement dédicacées aux personnes vulnérables. L’appel à projets devrait être lancé en décembre de cette année.

    Les moyens inhérents au Plan de relance de la Wallonie permettront d’installer un observatoire du sans-abrisme et de procéder à l’organisation d’un dénombrement. Ces moyens serviront aussi à renforcer le secteur de l’hébergement de l’Action sociale : maisons d’accueil, abris de nuit, etc. Les équipes « housing first » seront renforcées avec des moyens supplémentaires significatifs et des équipes seront implémentées sur les territoires qui en sont, à ce jour, dépourvus, en collaboration avec le Ministre du Logement, mon Collègue, Christophe Collignon et le concours des Associations de Promotion du Logement. Enfin, des expériences de type « territoire zéro sans-abri » verront le jour en Wallonie.

    En ce qui concerne les initiatives en faveur d’aide matérielle hivernale qui sont prises par les communes et/ou CPAS dont celui de Charleroi, elles sont évidemment à saluer. Il est par ailleurs utile de rappeler que les 7 Relais sociaux urbains sont des associations Chapitre XII et que les CPAS constituent des partenaires publics à part entière. Ils sont déjà bénéficiaires des « enveloppes projets » des Relais sociaux et bénéficiaires des moyens supplémentaires accordés dans le cadre du Plan Grand Froid. En outre, deux Relais sociaux intercommunaux sont désormais constitués et sur le point d’obtenir leur reconnaissance. Je me réjouis de cette avancée. Les CPAS sont aussi des partenaires de ces Relais intercommunaux constitués en ASBL.

    Concernant le Plan grand froid (PGF), activé le 1er novembre dernier et jusqu’au 31 mars, près de 500 000 euros (481 399, 20 euros) sont débloqués en faveur des 7 Relais sociaux urbains. Ces moyens supplémentaires permettent d’augmenter la capacité des accueils de jour (horaires élargis), de nuit, de renforcer le travail de rue (maraudes renforcées) et également de soutenir des initiatives en faveur d’aide matérielle hibernale (chauffage d’appoint, bar à soupe…). L’objectif est de garantir un accueil inconditionnel et de rencontrer les besoins les plus élémentaires des personnes en situation de grande vulnérabilité. Au total, on comptabilise 163 places d’accueil de nuit supplémentaires en Wallonie grâce au PGF.

    Avec ces éléments, j’espère de nouveau avoir convaincu l’honorable membre de la nécessité impérieuse d’agir concrètement en faveur des plus vulnérables et de faire de la lutte contre le sans-abrisme une priorité absolue, bien au-delà du discours.

    Enfin, je tiens à souligner l’engagement sans faille de celles et ceux qui accompagnent les personnes les plus vulnérables et à remercier l’ensemble des équipes qui méritent toute notre reconnaissance et notre considération.