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La lutte contre l'antisémitisme en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 143 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 22/11/2021
    • de ANTOINE André
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    L'European Jewish Association (EJA) s'est réuni début novembre à l'occasion d'un symposium organisé à Cracovie en compagnie de nombreux politiques européens, pour aborder la question de l'antisémitisme en Europe et les pistes pour lutter contre celui-ci.

    À cette occasion, la société Ipsos a présenté une enquête réalisée entre 2019 et 2020 auprès de 16 000 Européens relative à l'antisémitisme. Et cette enquête révèle que la Belgique n'est pas épargnée par cette dérive.

    En effet, 26 % des Belges âgés de 18 à 75 ans sont modérément antisémites et 4 % le sont fortement. En regard des seize pays analysés, la Belgique se situe dans la moyenne inférieure puisqu'elle est dixième parmi les pays sondés. La tendance à discriminer et/ou agir de manière antisémite concernerait donc un Belge sur quatre, et près d'un Belge sur 20 discriminerait clairement une personne parce qu'elle est d'origine juive.

    Les résultats dans notre pays sont commentés dans les trois régions. Ainsi, l'institut de sondage relève plus d'antisémitisme en Région flamande (24 % dont la moitié est considérée comme « fortement antisémite ») qu'en Région wallonne (14 %) et dans la capitale (10 %).

    Quelle est l’appréciation de Madame la Ministre des résultats présentés ? Notre région s'inscrit-elle dans une démarche de coopération internationale ?

    Chez nous, comment la Wallonie se mobilise-t-elle dans la lutte contre ce fléau ? Y a-t-il des opérateurs et des moyens financiers mobilisés ?

    La Région wallonne soutient-elle des démarches de sensibilisation, notamment des plus jeunes générations au souvenir de ceux qui luttèrent autrefois contre les formes les plus abjectes de l'antisémitisme ?
  • Réponse du 22/12/2021
    • de MORREALE Christie
    L’enquête réalisée par IPSOS relative à l’antisémitisme en Europe a retenu toute mon attention. Les chiffres qui y sont renseignés sont confirmés par les données d’UNIA. En effet, UNIA enregistre également une augmentation des signalements pour les faits antisémites et de négationnisme. Ainsi, en 2020, UNIA a relevé 115 faits d'antisémitisme et/ou de négationnisme. Cela représente une augmentation de 56 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Dans 7 cas sur 10, il s’agit de messages de haine, souvent postés sur les médias sociaux.

    La Wallonie prend cette situation très au sérieux et dispose de plusieurs leviers afin de lutter contre le racisme et l’antisémitisme.

    Tout d’abord, le décret du 8 novembre 2008 relatif à la lutte contre certaines formes de discrimination, en ce compris les discriminations liées à la nationalité, la prétendue race, l’ascendance ou l’origine nationale et ethnique, est un dispositif particulièrement solide. Ce décret a été modifié par le décret du 2 mai 2019, qui renforce notamment la prévention, la lutte, ainsi que les possibilités d’actions et de pénalisations des discriminations.

    Ensuite, nous disposons d’un accord de coopération entre les entités fédérées et UNIA. Dans le cadre de celui-ci, la Wallonie octroie un financement de 646 000 euros par an à l’institution afin d’accomplir ses missions de sensibilisation et de traitement des signalements pour toutes formes de discrimination.

    Rappelons que la politique d’intégration des personnes étrangères mise en place en Wallonie, dont l’objectif est d’intégrer les personnes étrangères en favorisant notamment la cohésion sociale dans la perspective d’une société interculturelle et de promotion de l’égalité des chances, est également un outil important en faveur de la lutte contre le racisme et de l’antisémitisme.

    C’est dans ce contexte que, depuis plusieurs années, la Wallonie lance un appel à projets ILI (Initiatives locales d’intégration des personnes étrangères) pour que les citoyens d’origine étrangère ou non, participent à la création d’une société harmonieuse, solidaire et respectueuse des principes fondamentaux.

    En effet, l’un des domaines d’action de l’appel à projets est « l’interculturalité, la lutte contre le racisme et les duos vers l’inclusion ». Il vise à soutenir des projets qui :
    - encouragent la participation active à des initiatives collectives et multicommunautaires dans les champs social, économique, culturel, politique ou sportif ;
    - luttent contre les discours de haine, la discrimination, la déconstruction des préjugés et stéréotypes à caractère raciste ;
    - organisent un partage d’expérience entre individus autochtones et allochtones de manière individuelle sous la forme d’un parrainage.

    L’appel à projets 2022-2023, doté d’un budget de 9 millions d’euros, vient d’être publié et les candidatures sont à rentrer pour le 14 janvier 2022.

    Par ailleurs, en juin 2021, je lançais un appel à projets destiné à soutenir les opérateurs de la société civile actifs dans la lutte contre le racisme et toutes les formes de discrimination. Celui-ci visait à soutenir des initiatives liées à la prévention, la formation, l’aide aux victimes de racisme et de discriminations et des actions de sensibilisation, et ce, dans les différents secteurs de compétence de la Région wallonne.

    71 candidatures ont été réceptionnées dans le cadre de cet appel à projets et 49 projets ont été retenus pour un budget total de 751 189 euros.
    La Région soutient par ailleurs, depuis plusieurs années, l’ASBL « Territoires de la Mémoire », qui poursuit les missions suivantes :
    - sensibiliser au travail de mémoire ;
    - pratiquer la citoyenneté ;
    - renforcer la démocratie et lutter contre les idées liberticides ;
    - et éduquer au respect de l’autre.

    En 2019, cet opérateur bénéficiait d’un montant de près de 435.000euros correspondant à l’octroi de subsides APE, à la réduction de cotisation sociale, complété par des subsides facultatifs en Égalité des chances.

    Enfin, l’élaboration d’un plan interfédéral de lutte contre le racisme se poursuit actuellement, sous la coordination de la Secrétaire d’État fédéral à l’Égalité des chances, Sarah Schlitz. Plusieurs mesures devraient concerner la lutte contre l’antisémitisme.