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Les conséquences du télétravail sur la sécurité routière

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 91 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 22/11/2021
    • de WITSEL Thierry
    • à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
    Selon une récente étude de l'Institut Vias, 6 % des automobilistes belges regarderaient des vidéos alors même qu'ils sont au volant de leur véhicule. Il s'agit d'un comportement aussi inadéquat que dangereux qui selon VIAS entraineraient que près d'un Belge sur dix avait déjà eu ou failli avoir un accident à cause du GSM au volant.

    Cette étude conforte celle réalisée par la Société des autoroutes du nord et de l'est de la France. Selon SANEF, le télétravail qui s'est renforcé depuis le début de la crise a des implications négatives sur la sécurité routière. Selon les télétravailleurs interrogés, 15 % d'entre eux utiliseraient davantage leur téléphone alors qu'ils se trouvaient derrière leur volant pour répondre aux appels de leurs supérieurs, contacter des clients ou encore lire leurs mails professionnels. 10 % des télétravailleurs ont admis avoir participé au moins une fois à une visioconférence alors même qu'ils étaient en train de conduire.

    Ces comportements génèrent de sérieux risques tant pour ceux qui les adoptent que pour les autres usagers de la route.

    Madame la Ministre a-t-elle connaissance de ces phénomènes ?

    Des campagnes de sensibilisation sont-elles menées ou prévues ?

    Quelles actions compte-t-elle mener pour lutter contre ces comportements dangereux ? Des sanctions spécifiques existent-elles ?

    Les caméras installées le long des routes sont-elles capables de détecter ces comportements au volant ?
  • Réponse du 07/12/2021
    • de DE BUE Valérie
    Globalement, le télétravail, en réduisant le nombre de déplacements, a un effet bénéfique sur la sécurité routière.

    Ainsi, au premier semestre 2021, période pendant laquelle le télétravail était obligatoire en Wallonie, le nombre d’accidents corporels de la route pendant les journées de semaine a été d’environ 8 % inférieur à celui constaté en 2019 à la même période.

    Il est raisonnable de penser que le télétravail a joué un rôle dans cette réduction du nombre d’accidents par rapport à la période pré-pandémie.

    Toutefois, la multiplication du travail à distance peut, en effet, causer des comportements dangereux en voiture, notamment dans le cas de participation à des visioconférences.
    Certains logiciels sont maintenant directement utilisables depuis le système d’info-divertissement de la voiture.

    Au-delà des utilisations professionnelles, comme l’honorable membre l’indique, les systèmes d’info-divertissement (p.ex. Android Auto, Apple CarPlay) peuvent poser problèmes au niveau de la sécurité routière.

    Plusieurs études récentes mettent en évidence que leur utilisation, même en mode vocal, affecte les comportements de conduite, tels que le respect des distances de sécurité ou les temps de réaction.

    En Wallonie, l’AWSR a réalisé une enquête auprès de 1 000 automobilistes wallons représentatifs en août 2020. Il en ressort également quelques constatations préoccupantes :
    - il arrive à 7,7 % des wallons de parfois regarder une vidéo ou un film en conduisant. 1,4 % disent même le faire fréquemment ;
    - il arrive à 11,5 % des Wallons d’écrire un email au volant. 1,7 % le font fréquemment.
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    Les caméras automatiques ne peuvent actuellement pas détecter les comportements tels que le visionnage de vidéos au volant.

    L’Australie et les Pays-Bas ont commencé depuis peu à réprimer l’usage du téléphone au volant grâce à des caméras automatiques.

    En Belgique, suite à une étude pilote concluante, le gouvernement fédéral envisage également d’avancer dans cette voie. Cette répression se limiterait donc aux personnes tenant leur téléphone en main, pas celles qui regardent une vidéo sur un appareil attaché dans l’habitacle.

    Au-delà de ce projet, les actions doivent s’articuler autour de la prévention afin de conscientiser sur les dangers de la distraction au volant et d’opérations de contrôle, accompagnées d’une sensibilisation, afin d’augmenter le risque d’être contrôlé.

    S’agissant des actions de prévention, L’AWSR veille à mettre l’accent sur les dangers liés à la distraction au volant, qu’elle soit générée par l’usage de GSM ou des écrans auprès de tous les usagers de la route confondus (piéton, cyclistes et automobilistes).

    La grande campagne du printemps dernier intitulée « concentrez-vous sur les notifications de la route » a spécifiquement traité de ce sujet de la distraction au volant et en particulier des risques de l’usage du téléphone au volant, à vélo ou encore en tant que piéton.

    Celle-ci a été déclinée via un affichage en réseau urbain ainsi qu’une campagne digitale.

    Pour conclure cette campagne de sensibilisation, l’AWSR a collaboré avec zones de police de SamSom et SamMeu dans le cadre d’actions de terrain. Un vaste contrôle contre le GSM au volant a été réalisé et mené à la verbalisation de plus de 80 personnes sur les deux jours d’opération.

    Le week-end du 19 novembre dernier, la Police fédérale de la route a de nouveau organisé un « Week-end de l'attention au volant », une action nationale visant à lutter contre tous les types de distraction au volant.

    Le but de cette action de contrôle était bel et bien de sensibiliser les usagers sur les dangers de l'usage du GSM et sur les autres formes de distraction au volant qui sont à l'origine de nombreux accidents mortels.

    La combinaison sensibilisation/contrôle-sanction représente donc un élément clé en matière de sécurité routière et particulièrement s’agissant de la distraction au volant, phénomène relativement important, compte tenu des statistiques

    À l’avenir, la thématique de la distraction au volant fera encore l’objet de communications et campagnes régulières.

    Celles-ci incluront les nouveaux usages et comportements dangereux constatés/rapportés tant dans les études de Vias et SANEF que dans l’enquête menée par l’AWSR en août 2020.