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La régression de la population de chevreuils

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 159 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 22/11/2021
    • de ANTOINE André
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Ces derniers mois, nombreux sont les promeneurs qui ont profité des magnifiques promenades que nous offre la forêt de Soignes. Néanmoins, pour être au plus proche de la nature, certains n'ont pas hésité à s'écarter des sentiers déjà tracés pour en créer d'autres.

    Malheureusement, cela n'est pas sans conséquence fâcheuse puisque, par exemple, la population des chevreuils en forêt de Soignes est en constante diminution depuis 2014, avec une chute plus importante depuis l'année dernière.

    En effet, Stéphane Vanwijnsberghe, ingénieur de la sous-division Forêt et Nature auprès de Bruxelles Environnement, a observé une réduction drastique, qui semble bien la conséquence directe de « l'affluence » sur les sentiers maillant les 4 400 hectares du massif : « Cette affluence peut engendrer un changement de comportement chez les chevreuils, avec des incidences sur le taux de natalité ou sur la mortalité ; La réduction de leur territoire peut faire diminuer le taux de reproduction. »

    Une preuve indiscutable de cette chute de population se retrouve dans les comptages, méthodiques, effectués depuis 13 ans par les services forestiers des trois Régions, cogestionnaires du massif. De 2008 à 2013, ils indiquaient la présence de ces animaux à raison de 1,1 par kilomètre ; à partir de 2014, les chiffres régressent, pour atteindre 0,6. En 2021, cet « indice kilométrique d'abondance » a chuté à 0,5 !

    Madame la Ministrea-t-elle pu se réunir avec ses homologues régionaux afin d'élaborer une stratégie commune pour protéger la population de chevreuils en nette régression ?

    Quelles sont les différentes mesures qu'elle préconise afin de concilier la présence de promeneurs et le maintien du gibier local ?

    Compte-t-elle réaménager les itinéraires pédestres, leurs balisages, et bien sûr, leur surveillance ?
  • Réponse du 11/01/2022
    • de TELLIER Céline
    Comme l’honorable membre le sait, la gestion de la forêt de Soignes incombe aux trois régions. Le suivi de la population de chevreuils fait partie des actions menées depuis plusieurs années de façon concertée.

    Les comptages réalisés chaque printemps sur 24 parcours prédéfinis – dont 2 en Région wallonne– indiquent effectivement que la population de chevreuils de la forêt de Soignes serait en régression.

    L’affluence du public est mise en avant pour expliquer cette régression, mais d’autres pistes d’explication doivent encore être investiguées par les scientifiques de l’Instituut voor Natuur- en Bosonderzoek de la Région flamande et du Département de l’Étude du Milieu naturel et agricole de la Région wallonne.

    Un dérangement important des chevreuils peut avoir une incidence sur leur taux de natalité, mais il peut aussi avoir une incidence sur la détectabilité des chevreuils lors des comptages. Sous la pression humaine, les animaux pourraient adopter des mœurs de plus en plus nocturnes et être plus difficiles à apercevoir lors des comptages matinaux. La régénération de la forêt s’accompagne d’une plus grande fermeture du couvert forestier qui pourrait également compliquer l’observation des animaux.

    Par ailleurs, la population n’étant pas chassée, elle pourrait comporter une proportion plus importante de chevrettes âgées qui ne se reproduisent plus ou se reproduisent moins.

    De plus, le massif est à la fois assez isolé et fragmenté par les grands axes routiers qui le traversent. Ceci limite fortement l’arrivée de nouveaux individus.

    Bref, de nombreuses questions restent à éclaircir avant d’envisager le réaménagement des itinéraires pédestres, comme il le suggère ou d’envisager un renforcement significatif de la surveillance. Faire respecter le Code forestier, qui oblige le public à garder les chiens en laisse, à rester sur les chemins et lutter contre l’utilisation de chemin « pirates » est une priorité que mon administration tente de rencontrer au quotidien.

    Pour le reste, sans vouloir ici minimiser le problème qu’il relève, je ne pense pas qu’il soit nécessaire à ce stade de programmer une réunion avec mes homologues bruxellois et flamands. Je fais pour ma part confiance à mon administration pour gérer ce problème et je serai évidemment attentive aux propositions que celle-ci pourrait avancer dans le cadre de cette problématique.