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La prolifération des fouines

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 169 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 22/11/2021
    • de DURENNE Véronique
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    À peine présente dans nos régions il y a trente ans, la fouine est aujourd'hui établie un peu partout en Wallonie, même dans les villes.

    Attirées par certaines substances et matériaux présents sous le capot des voitures, elles peuvent occasionner de sérieux dégâts aux automobiles. D'après Touring, le nombre d'interventions liées aux dégâts causés par ces mustélidés augmente depuis quelques années. Pour l'année 2020, Touring évalue à 1 million d'euros les dégâts occasionnés par les fouines sur les véhicules.

    En premier lieu, existe-t-il un recensement récent du nombre d'individus sur notre territoire ?

    Si l'animal est bien protégé, y a-t-il cependant au niveau du SPW, un plan visant à contrôler la prolifération des fouines ?
    Dans l'affirmative, quel est-il ?

    Madame la Ministre compte-t-elle prendre de nouvelles mesures afin de lutter contre la croissance non contrôlée des fouines ?
    Si oui, quelles seront-elles ?
  • Réponse du 24/01/2022
    • de TELLIER Céline
    Tout d’abord je précise que la fouine est actuellement régie par la Loi sur la chasse. Au regard de cette Loi, il s’agit d’une espèce dont la destruction est soumise à autorisation. Les éventuelles mesures de gestion de la fouine entrent dès lors dans les compétences de mon collègue le Ministre Borsus auquel je suggère à l’honorable membre d’adresser ses questions relatives à cet aspect.

    Le Département du Milieu naturel et agricole, chargé d’assurer le suivi de l’évolution des mammifères, ne dispose pas de chiffres précis sur les effectifs de cette espèce largement répandue. Les données sont en effet difficiles à obtenir notamment auprès des conseils cynégétiques qui bénéficient d’une large part des autorisations de destruction.

    La fouine a vu ses populations augmenter dès le milieu des années 70. D’après des études par radiopistage menées au début des années 2000 dans des habitats anthropisés semblables aux nôtres, les domaines vitaux des fouines sont la plupart du temps contigus, indiquant que la capacité d’accueil de ces milieux est atteinte. Ceci signifie que, pour toute fouine détruite, un territoire laissé vacant sera rapidement réoccupé par un nouvel individu en quête d’un espace de vie. L’impact attendu d’une destruction n’est ainsi que très temporaire.

    Il faut aussi garder à l’esprit que l’évolution des populations d’un prédateur est essentiellement liée à l’évolution des populations de ses proies. Si les premières augmentent, c’est que les secondes s’accroissent et l’importance du rôle des prédateurs n’en a alors que plus de prix. La Fouine, tout comme le Renard, se montre volontiers charognarde, recyclant ainsi une fraction de la matière organique. En outre, dans les villes et les villages, ces mammifères se sont spécialisés dans le recyclage des déchets alimentaires d’origine anthropique. Les politiques actuelles de gestion des déchets organiques, comme l’utilisation de duo-bacs dans de nombreuses communes, ont tendance à limiter l’accès à ces sources de nourriture pour les espèces opportunistes, en comparaison avec la situation qui prévalait il y a 10 à 15 ans.

    Ainsi, outre les dommages auxquels l’honorable membre fait référence, la fouine a également des rôles positifs : elle contribue à la régulation de nombreuses espèces de rongeurs pouvant proliférer de façon cyclique, comme les campagnols, surmulots, souris et rats, potentiellement vecteurs de maladies graves (hantavirose, typhus, peste). De même, en tant qu’espèce anthropophile, la Fouine limite partiellement la problématique des pigeons dans les agglomérations qui ont à en souffrir.

    Les dommages aux durites et autres câbles de voiture grignotés par la Fouine sont dus à l’incorporation de farines et d’huiles de poisson utilisées pour produire ces équipements, lesquels attirent indéniablement le mustélidé. Des solutions existent pour limiter ces désagréments et mon administration reçoit régulièrement des demandes de conseils auxquelles elle répond, tout comme les compagnies d’assurances et les garagistes sollicités à ce sujet.

    Cette espèce, dont la cohabitation avec l’homme remonte vraisemblablement au Néolithique, s’est de tout temps montrée anthropophile. Elle a vu ses gîtes diminuer drastiquement au cours des dernières dizaines d’années avec la suppression ou la transformation des fermes, étables, vieilles granges, greniers, etc. Ceci entache l’acceptation de sa présence par une partie de la population alors que certaines solutions pourraient être développées pour limiter les difficultés rencontrées :
    - suppression par les constructeurs automobiles de l’utilisation de produits animaux dans la production de durites et autres câbles en vue de réduire les dommages aux véhicules ;
    - protection des poulaillers : pondoirs rendus inaccessibles et enfermement des volailles durant la nuit ;
    - limitation des sources de nourriture auxquelles la fouine peut avoir accès;
    - calfeutrage des points d’accès aux bâtiments.

    La brochure relative à la cohabitation avec la fouine éditée par le SPW permet de trouver un complément d’information utile.

    J’ose croire que la tolérance par rapport à un animal avec lequel l’être humain cohabite depuis des milliers d’années reste possible malgré l’aliénation de plus en plus patente de nos sociétés par rapport à la nature.