/

Le fort de Boncelles

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 115 (2021-2022) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 26/11/2021
    • de BIERIN Olivier
    • à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
    Le fort de Boncelles, patrimoine historique des deux guerres mondiales, est le plus gros fort de la région liégeoise. S'il a été recouvert de terre et si des habitations ont été construites au-dessus, le site est toujours en bon état et comporte des peintures murales réalisées par des soldats.

    Le fort est malheureusement laissé à l'abandon. La commune a lancé des démarches pour que le bâtiment soit classé au patrimoine militaire et ainsi entreprendre des démarches de rénovation. Si le fort venait à être classé, cela permettrait à la ville de recevoir des subsides à hauteur de 70 % du budget nécessaire pour rendre le bâtiment accessible sans danger et aménager les 3/4 du fort.

    Une mobilisation s'organise, notamment grâce à un passionné qui a réussi à réunir différents acteurs extérieurs autour de la valorisation des lieux. Parmi eux, se trouvent notamment la WHI, l'ULiège, la FTPL, Land of Memories, Nirli et l'ESA Saint-Luc. Les citoyens voisins montrent également leur intérêt avec un projet d'ASBL.

    Le dossier de classement aurait été accepté en interne à l'AWaP et se trouverait à présent entre les mains du cabinet de Madame la Ministre depuis quelque temps.

    Confirme-t-elle cette information ?

    Quelle est son analyse quant au classement de ce site ?
  • Réponse du 16/12/2021
    • de DE BUE Valérie
    S’il est toujours réjouissant de voir la mobilisation de nombreux acteurs au bénéfice de la valorisation d’un site historique tel que le fort de Boncelles, il me semble utile de rappeler que le classement est le résultat d’une reconnaissance collective de la valeur patrimoniale d’un bien. Cette dernière est analysée par l’AWaP qui en évalue les intérêts potentiels au travers d’une grille de critères stricts. La décision de la mise sous protection d’un monument ou d’un site répond donc, d’abord et avant tout, à sa qualité patrimoniale et non à un éventuel besoin pécunier. Les subsides alloués aux monuments classés sont d’abord là pour aider le maître d’ouvrage à répondre aux exigences techniques d’une restauration en bonne et due forme.

    Pour ce qui est du dossier de demande de classement, l’Agence wallonne du Patrimoine m’informe qu’il a bien été traité d’un point de vue administratif et qu’il devrait être transmis à mon Cabinet début 2022.

    Sans préjuger de son contenu, je tiens à préciser d’ores et déjà que l’éventuel classement du fort de Boncelles devra immanquablement s’intégrer dans une réflexion plus globale relative à la protection du patrimoine militaire des deux guerres. En effet, le dispositif fortifié de la Meuse, pensé et mis en œuvre par le général Henri-Alexis Brialmont, ne comporte pas moins de neuf forts en périphérie de Namur et de 12 autour de Liège. Après la guerre de 1914-1918, quatre forts se sont encore ajoutés au système défensif liégeois. À ces constructions bien connues s’ajoute l’intérêt patrimonial que peuvent revêtir des cimetières ou des monuments mémoriels, mais également des lieux de détention, des bunkers, des abris ou encore certains éléments anti-char qui ponctuaient la ligne K-W.

    L’honorable membre l’aura compris, un recul est nécessaire pour pouvoir désigner avec équité et rigueur les éléments les plus représentatifs en vue de candidater au classement. Une analyse de ce type demande la mise sur pied d’un recensement plus large de l’ensemble des traces militaires qui se réfèrent notamment à ces deux conflits mondiaux. Cette démarche au long cours n’est pas à l’ordre du jour dans l'immédiat, car j’ai demandé à l’Agence wallonne du Patrimoine de se concentrer sur le recensement du patrimoine industriel et du patrimoine du XXe siècle, hors patrimoine mémoriel. Celui-ci et sa reconnaissance universelle fait par ailleurs débat au niveau de l’UNESCO. Un groupe de travail spécifique va être mis en place pour aborder l’épineuse question de la mémoire dite « négative » au travers du prisme de la diversité culturelle mondiale.

    Dans l’attente, j’encourage la Ville et ses partenaires à poursuivre leurs démarches proactives de valorisation du fort de Boncelles. Certaines d’entre elles pourraient éventuellement être soutenues par l’AWaP dans le cadre des subventions visant la sensibilisation du patrimoine.