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La culture du chanvre en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 191 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 03/12/2021
    • de ANTOINE André
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    La culture du chanvre revient sur le devant de la scène à l'heure où, dans le monde entier, la réduction de l'empreinte carbone est devenue l'un des enjeux majeurs ! Il est utilisé dans la construction, le secteur automobile, mais également textile.

    Indépendamment de ces utilisations classiques, le chanvre connaît un regain d'intérêt invraisemblable dans le monde entier en raison du CBD ou cannabidiol, l'un des 120 cannabinoïdes présents dans la plante. Le CBD est un produit inerte que l'OMS juge inoffensif. « Cerise sur le gâteau », le chanvre cultivé capte le CO2 à raison de 15 tonnes à l'hectare ! Vu ses qualités, il est donc une ressource idéale dans le cadre des objectifs du Pacte vert européen.

    De notre côté, IsoHemp fabrique de l'isolant au départ de chanvre en Wallonie. Mais, paradoxe, la société doit s'approvisionner à l'étranger. En effet, toute la filière wallonne est à reconstruire depuis la faillite, en 2019, de Be.Hemp, l'entreprise de première transformation du chanvre qui s'était installée à Marloie. Notons que cette faillite a conduit les agriculteurs à arrêter les cultures, faute de débouchés.

    Par ailleurs, la Région wallonne propose des aides pour des cultures favorables à l'environnement comme celle du chanvre, mais reste depuis 2019 dans « un creux ». Quels incitants Monsieur le Ministre va-t-il proposer pour la culture du chanvre et relancer le secteur ?

    Nos outils économiques ont-ils étudié la structuration d'une authentique filière industrielle en Wallonie ? À défaut, ne pourrait-il pas désigner un facilitateur pour favoriser l'éclosion d'une authentique chaîne de valorisation et de transformation industrielle du chanvre en Wallonie ?
  • Réponse du 17/12/2021
    • de BORSUS Willy
    La présence de la culture de chanvre n’est pas neuve en Wallonie. Un projet ambitieux d’usine de défibrage a d’ailleurs été lancé en 2016 à Marloie, projet porté par une coopérative d’agriculteurs et soutenu par les autorités publiques.

    Cependant, malgré les nombreux efforts consentis par l’ensemble des acteurs impliqués, celui-ci s’est soldé par un échec. De nombreux problèmes techniques avec les machines de défibrage, dans certains cas, un manque de technicité au niveau des agriculteurs pour obtenir une qualité de fibre suffisante, un cours du marché qui a chuté et une concurrence des exportations de fibre à bas prix ont impacté durement la filière. Malheureusement, en mars 2019, l’usine de défibrage a fait faillite.

    Ces difficultés ont eu hélas des répercussions directes sur les agriculteurs. Alors qu’en 2017, le chanvre était à son apogée avec une superficie de 311 ha et 61 exploitations, en 2019, on ne dénombrait plus que 5 agriculteurs pour une superficie de 4 hectares.

    Aujourd’hui, selon les derniers chiffres, 77 ha de chanvre seraient implantés en Wallonie pour 16 agriculteurs. Une nouvelle mission de « Mise en place d’une activité d’accompagnement pour développer une filière de textile local et biosourcé » vient d’être confiée – en novembre 2021 - à ValBiom. Les chiffres de superficie qui évoluent positivement sont donc un signe encourageant.

    Cette mission de business développement a pour objectif de concrétiser la production et la mise sur le marché de produits en fibres végétales locales, tout en étant attentif au développement des marchés des co-produits (chènevotte pour l’écoconstruction, fleur de chanvre pour l’extraction de molécules d’intérêt).

    Le secteur textile apparait comme le secteur le plus porteur et prometteur pour redévelopper la filière chanvre. Le développement d’une filière chanvre textile permet de capitaliser sur un savoir-faire existant en Belgique (notamment grâce aux acquis liés à l’industrie textile du lin, déjà bien établie) et de répondre à une demande des consommateurs pour des produits plus éthiques, durables et locaux. En outre, l’industrie textile se réorganise en relocalisant des maillons-clés en Europe.

    Cette mission est financée par la Wallonie dans le cadre de Circular Wallonia. En effet, le Gouvernement wallon a décidé d’inclure les éléments relatifs au soutien de l’économie biosourcée au sein de Circular Wallonia.

    Le chanvre est une filière à développer. Mais il est nécessaire de mobiliser l’ensemble des maillons de la filière : transformateurs et commerciaux pour assurer les mises sur le marché.