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La pénurie de soignants dans les hôpitaux wallons

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 171 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 03/12/2021
    • de LAFFUT Anne
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Les appels au secours ne cessent de se multiplier. Il manque du personnel soignant dans nos hôpitaux. Pas seulement parce que le Covid y a mis à genoux une partie des infirmiers et infirmières. Pas seulement parce que, comme en Province de Luxembourg, où 120 ETP manquent au sein de l'institution Vivalia !, ils sont de plus en plus nombreux à aller chercher de meilleures conditions de travail ailleurs. Mais parce que, tous les intervenants le disent, et ils sont nombreux à s'exprimer publiquement aujourd'hui, le métier est dur, et, même s'il est passionnant, pas assez mis en valeur.

    D'où la situation actuelle, amplifiée par le Covid, mais décrite depuis longtemps comme inévitable si rien n'était entrepris pour y remédier.

    Tous les chefs de service font le même constat : on va dans le mur, le Covid ne fait qu'accélérer les choses.

    De tous les métiers en pénurie ou en situation critique, ceux d'infirmier, en soins spécialisés ou généraux, et d'aide-soignant sont parmi les rares à ne pas avoir une finalité directement économique, pour concerner la santé et le bien-être de l'ensemble de la population.

    Et pour de plus en plus de Wallons, la situation de nos hôpitaux est de plus en plus incompréhensible.

    Quelles mesures Madame la Ministre compte-t-elle prendre, en tant que Ministre de la Formation et de l'Emploi, pour remédier à cette situation que l'on peut qualifier de catastrophique ?
  • Réponse du 13/01/2022
    • de MORREALE Christie
    L’attractivité et la fidélisation de la profession infirmière sont un problème récurrent dans un contexte de forte pression sur le système de santé où se mêlent les exigences de prodiguer des soins de qualité tout en tenant compte des aspects démographiques comme le vieillissement de la population, médicoéconomiques avec par exemple, la réduction des durées de séjour … ou encore sanitaires. Ce phénomène est mondial et a incité l’OMS à déclarer l’année 2020 comme celle des sages-femmes et du personnel infirmier.

    En Belgique, le contenu et l’attractivité des études de l’enseignement supérieur sont des compétences dévolues à la Fédération Wallonie Bruxelles tandis que le financement des normes hospitalières d’encadrement est resté une compétence fédérale.

    En 2016, les études pour les infirmiers généraux sont passées de 3 à 4 ans ceci dans le but de mieux les préparer à la réalité de terrain en effectuant plus de stages. Or, avec ce dispositif, il n’y a pas eu de nouveaux diplômés issus des Hautes Écoles durant l’année 2020. Et ceci, en pleine pandémie.

    Cet allongement des études s’est fait sans valorisation alors que ce métier essentiel exige un haut niveau de connaissances couplé à d’importantes responsabilités.

    En 2008, un plan d’attractivité avait été lancé avec un impact positif tant sur l’attractivité de la profession que sur la fidélisation. On a constaté une hausse des inscriptions dans les écoles et des difficultés moindres pour recruter dans les hôpitaux ce qui, selon l’ACN (association belge des praticiens infirmiers), a redynamisé la profession. En 2014, la poursuite du plan fédéral était prévue, mais plusieurs de ses aspects ont été contrariés.

    Peu avant la pandémie, une loi a été votée, en décembre 2019 : elle vise à améliorer l’emploi et l’encadrement des praticiens de l’art infirmier ainsi que l’attractivité de cette profession tout en permettant des dépenses en personnel de soutien lorsqu’il permet aux soignants d’augmenter le temps effectif pour les soins prodigués aux patients tant dans les hôpitaux généraux que psychiatriques. Ceci doit donc permettre la création nette d’emplois, d’améliorer les conditions de travail ou encore d’organiser des formations. En 2020, le budget alloué était de plus de 301 000 000 d’euros dont près de 12 millions ont été dévolus au financement d’un soutien psychosocial dans le cadre de la crise Covid-19.

    Au niveau des mesures de soutien par le Service public de l’Emploi, dès la mi-mars 2020, Le FOREm a mené un plan d’actions d’urgence pour ce secteur. Les conseillers « entreprises » du FOREm ont contacté proactivement 2425 institutions (Hôpitaux, maisons de repos et de soins, autres institutions d’hébergement) afin de collecter leurs besoins de recrutement urgents. Ces besoins ont été largement diffusés via le site Internet et via les réseaux sociaux afin de mobiliser largement les candidats potentiels sur l’ensemble des fonctions recherchées (personnel soignant, logistique, entretien, cuisiniers, et cetera).

    Bilan final de cette action au cours de la première vague :
    1.​Près de 80 % des besoins des maisons de repos et de soins ont été comblés, ce qui relève d’une double performance puisque les emplois ciblés relèvent très souvent de la pénurie (infirmier : 71 %, aide-soignant : 83 %) ;
    2.​Pour les autres institutions d’hébergement, le taux de satisfaction des besoins est de 68 % (infirmier : 66 %, aide-soignant : 74 %) ;
    3.​Pour les hôpitaux, le taux de satisfaction des besoins est de 70 % (infirmier : 67 %, aide-soignant : 75 %).

    Le FOREm a poursuivi son soutien au secteur de la santé lors du premier déconfinement. Ainsi, pour les maisons de repos et de soins, les autres institutions d’hébergement et les hôpitaux wallons, plus de 2 000 opportunités d’emploi supplémentaires ont été gérées entre le 1er juillet et la mi-octobre 2020 et satisfaites à 95 % en moyenne (y compris pour les fonctions d’infirmier et d’aide-soignant).

    Lors de la 2e vague, des actions similaires ont été menées, avec des résultats supérieurs :
    1.​Pour les maisons de repos et de soins : 3 166 opportunités d’emploi gérées dont 2 250 satisfaites (81 %), infirmier : 80 %, aide-soignant : 91 % ;
    2.​Pour les centres de testing, 19 opportunités d’emploi gérées dont 18 satisfaites (95 %), infirmier : 86 % ;
    3.​Pour les hôpitaux, 419 opportunités d’emploi gérées dont 342 satisfaites (82 %), infirmier : 77 %, aide-soignant : 91 %.

    Dans la continuité de ces actions santé, le FOREm a travaillé depuis mi-février 2021 à satisfaire les besoins de recrutement des centres de vaccination intervenant dans les différentes phases de la stratégie wallonne de vaccination. Anticipant le besoin urgent de personnel médical et de support dans les futurs centres de vaccination wallons, les conseillers du FOREm ont constitué une réserve de recrutement et ont présélectionné plus de 7 500 candidats, dont plus de 4 400 positionnés sur des fonctions médicales. Au final, 1 222 opportunités d’emploi ont été gérées par le FOREm avec un taux de satisfaction de 89 % (infirmier : 92 %, médecin :79 %, préparateur de vaccin : 64 %).

    Les conseillers FOREm sont toujours en contact avec les institutions du secteur de la santé pour combler au mieux les besoins de recrutement qui leur sont confiés.

    Il faut toutefois bien noter que d’autres leviers doivent aussi être activés pour résorber ces pénuries, leur cause étant multifactorielle : image du secteur, attractivité salariale, conditions de travail, pénibilité des fonctions en question, désaffection suite à la crise Corona, peu d’entrées dans les filières d’enseignement ou de formation y relatives, et cetera).