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Le développement du foie gras en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 214 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 03/12/2021
    • de ANTOINE André
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    L'arrivée des fêtes de fin d'année entraîne forcément une consommation plus accrue de certains aliments, dont le foie gras. Foie gras qui anime toujours les débats en matière de bien-être animal.

    Dans cette optique, rappelons que la Flandre a déclaré interdire le processus de gavage en 2023. Tout producteur devra cesser son activité d'ici là. Le Ministre flamand du Bien-être animal avait déclaré que « tuer des animaux juste pour leur fourrure ou le gavage est aujourd'hui une pratique obsolète ».

    Chez nous, en Wallonie, il existe sept producteurs-transformateurs qui jouent la carte de la proximité, avec de petites exploitations. Néanmoins, certains producteurs comme la marque Upignac souhaitent se développer. En effet, cette dernière étudie le fait de relocaliser une petite partie de sa production en Belgique, dans sa ferme hesbignonne d'Upigny.

    Cette société réfléchit à relancer l'élevage, du moins partiellement. « Mais avant d'investir, on veut être certains des choix politiques en la matière », commente Thibaut Petit, aux commandes d'Upignac. C'est que la Flandre interdit le gavage à partir de 2023. « On ne va pas réinvestir massivement pour que 2-3 ans plus tard, on nous dise stop. »

    Quel est l’avis de Madame la Ministre sur cette question controverse ? D'un côté, une partie de la population souhaiterait obtenir un produit belge et favoriser les producteurs locaux et, d'un autre côté, une partie de la population et de multiples ASBL défendent le bien-être animal en rappelant au passage que 12 pays de l'Union européenne interdisent formellement le gavage.

    Il y a moins d'un an, Gaia lui a remis une pétition rassemblant 82 089 signatures lui demandant l'interdiction du gavage en Région wallonne.

    Quelles suites compte-t-elle réserver à leur appel ? Si le gavage restait autorisé par son Gouvernement, quelles mesures de protection supplémentaires préconiserait-elle ?
  • Réponse du 24/01/2022
    • de TELLIER Céline
    En effet, la question du gavage des canards est récurrente en matière de bien-être animal. Cette pratique est loin d’être anodine. Elle nécessite un cadre réglementaire strict et contrôlé sur le terrain.

    Je rappelle tout d’abord que la production wallonne est relativement faible, proportionnellement à la consommation belge. Il apparait en effet que notre pays importe près de 900 tonnes de foie gras, ce qui représente plus de 95 % de sa consommation.

    Dès lors, il semble plus pertinent de renforcer le cadre et le contrôle des sept exploitants concernés, dont quatre seulement détiennent actuellement des animaux. Une interdiction pure et simple conduirait à une situation où 100 % du foie gras consommé serait importé d’exploitations pour lesquelles nous n’avons aucune maitrise des conditions d’élevage.

    En conséquence, j’ai demandé à l’Unité du Bien-être animal de contrôler toutes les exploitations wallonnes. Mon objectif est de faire le point sur les conditions d’élevage de ces animaux, et d’examiner les marges d’améliorations possibles. De premiers contrôles ont été effectués, et j’ai demandé qu’une enquête soit menée suite aux vidéos diffusées il y a quelques semaines par une association. Un rapport sera ensuite rédigé au niveau de mon administration. J’analyserai la nécessité de modifier la législation si nécessaire en fonction de ce rapport.

    Je rappelle qu’un cadre légal s’applique d’ores et déjà aux producteurs de foie gras. Les éleveurs doivent respecter la directive européenne concernant la protection des animaux dans les élevages. En Wallonie, la législation va plus loin. Depuis 1994, des normes spécifiques pour les canards alimentés en vue de produire du foie gras sont fixées. Ces normes ont été revues et améliorées en 2010. Par exemple, la période de gavage a une durée maximale de 14 jours et les canards ne peuvent pas être détenus en cage individuelle.

    Enfin, le Conseil wallon du bien-être des animaux suggérait d’encourager les produits alternatifs au foie gras, ou d’explorer les méthodes permettant d’obtenir du foie gras sans passer par le gavage. En ce sens, je suis de près les recherches menées par l’INRA en France sur les alternatives à la prise forcée d’aliment. À ce stade, elles n’ont pas encore conduit au développement d’une technique utilisable.

    En conclusion, vu le contexte wallon, ma volonté est d’encadrer fortement les éleveurs locaux et d’essayer d’améliorer en permanence les conditions d’élevage, tout en suivant de près les avancées des recherches françaises.