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Le dépistage du VIH et des infections sexuellement transmissibles (IST)

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 179 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 09/12/2021
    • de GAHOUCHI Latifa
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Chaque 1er décembre, des articles paraissent dans la presse à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida. Pour les générations qui ont traversé les années 80, au cours desquelles le monde était frappé par une pandémie silencieuse et se pétrifiait, presque incapable de réagir, le sida n'est pas une « petite » maladie. Même si nous sommes loin des années 80, même si la prévention a été efficace, même si les traitements progressent, on ne guérit toujours pas du sida et le dépistage reste insuffisant. Et les préjugés dont souffrent les malades demeurent.

    Le nombre de nouveaux diagnostics du VIH a diminué de 21% entre 2019 et aujourd'hui, selon le rapport annuel de Sciensano. Ce chiffre s'explique principalement par la baisse des interactions sexuelles en raison de la diminution des contacts physiques et sociaux entre les individus et la réduction de l'activité de dépistage pendant le confinement. En effet, les acteurs associatifs et médicaux font le constat de nombreuses difficultés, tant en termes de prévention, de dépistages que d'accompagnement des personnes.

    Or, le dépistage précoce du VIH est une composante essentielle de la réponse à cette épidémie qui ne bénéficie toujours pas à ce jour d'un vaccin. Aujourd'hui, le sida est parfois perçu, à tort, par les plus jeunes comme « une maladie de vieux », une maladie d'une autre époque, la leur étant victime de la Covid. Autres temps, autres mœurs. Les plus vieux ont protégé leur vie sous préservatif, la leur, les jeunes la protégeront sous un masque.

    Chez certains jeunes, le sida semble souffrir d'une banalisation et l'usage du préservatif est en recul, laissant la voie ouverte au large flanc des IST : gonorrhée, chlamydia, papillomavirus, herpès, syphilis, hépatites…

    La crise sanitaire a rendu difficile la captation de l'attention du grand public et des plus jeunes sur les risques liés aux IST et au VIH. La Covid ne doit surtout pas nous faire oublier que d'autres virus circulent.

    Madame la Ministre envisage-t-elle de mener des actions de sensibilisation au VIH et autres IST, en Région wallonne, à l'instar de celle menée ce 1er décembre par la plateforme Prévention Sida intitulée « Le VIH/sida existe encore mais.. », auprès des publics prioritaires et des jeunes ?

    Quels moyens ont été débloqués cette année par la Région wallonne en faveur de la sensibilisation face aux maladies sexuellement transmissibles ?

    Quelles mesures sont envisagées pour soutenir le rôle et amplifier l'action des centres de planning familial et des autres acteurs clés en matière d'information, de sensibilisation, de prévention et de dépistage des IST et du VIH ?

    A-t-elle le projet de renforcer les stratégies de dépistage (dépistage rapide, autotests..) auprès des personnes à risques et des jeunes ?
  • Réponse du 22/12/2021
    • de MORREALE Christie
    Selon plusieurs opérateurs, les données préliminaires semblent effectivement montrer une tendance à la baisse des dépistages IST. Les tendances de dépistage pour les IST sont analysées par Sciensano sur base des données de remboursements de l’INAMI. Ces données sont disponibles avec un délai lié à la procédure de remboursement du dépistage qui peut aller jusqu’à 2 ans. En conséquence, les données de dépistage jusqu’à la mi-année 2020 sont complètes à au moins 95 %. Les données ne sont pas encore complètes pour la fin de l’année 2020.

    On constate une forte chute du nombre de tests de dépistage pour les 3 IST suivies (Chlamydia trachomatis, gonorrhée et syphilis) entre mars et mai 2020 par rapport à ce qui aurait été prévu en fonction des années précédentes. Les dépistages semblent revenir à la normale vers juin-juillet 2020.

    Divers facteurs ont pu jouer un rôle dans cette réduction du dépistage que l’on observe : d’une part, une réduction de l’accès aux consultations médicales durant la période de confinement, et d’autre part une réduction des contacts et des comportements à risque pour la transmission des IST entraînant une réduction du nombre d’infections.

    Selon les chiffres provisoires récoltés à l’AViQ auprès des Centres de Planning familial, le nombre de consultations médicales (y compris gynécologiques) a diminué de 18 % et le nombre de personnes touchées par toutes les consultations confondues (pas uniquement médicales) a diminué d’environ 15 % entre 2019 et 2020. Il semble qu’il y ait une tendance à l’augmentation des consultations médicales avec motif IST en 2021, mais il faudra attendre la récolte des données et leur analyse pour le confirmer. Les centres de Planning familial et lieux de dépistage gratuit ont été accessibles sur rendez-vous durant le confinement. Toutes les demandes de dépistages ont trouvé une réponse.

    Face à la crise exceptionnelle du Covid-19, les acteurs de terrain se sont unis pour communiquer de manière harmonisée vers le grand public et les acteurs clés, sans attendre d’évaluation chiffrée.

    Les actions mises en place pour la sensibilisation au dépistage des IST :
    * Une campagne d’information au dépistage des IST suite au déconfinement du printemps 2020, pour inciter les personnes ayant pris des risques et n’ayant pas pu confirmer une potentielle contamination avec la fermeture des centres de dépistage, de finalement aller chez son médecin généraliste pour faire le point sur sa santé sexuelle. Campagne faite avec la collaboration de la SSMG et l’ensemble des acteurs de prévention de Wallonie.
    * Diffusion gratuite d’autotests VIH pour les plus vulnérables via des téléconsultations, mais aussi par des actions communautaires ciblant les lieux de pratiques à risque.
    * Relance de la campagne « À quand remonte ton dernier dépistage ? » en 2021.
    * Les campagnes de sensibilisation aux dépistages sont encore en cours (la campagne TV et radio, Instagram est diffusée actuellement). Leur évaluation n’a donc pas encore commencé.
    * Un projet de diffusion d‘autotests à des publics vulnérables par les associations francophones montre présentes déjà quelques données.
    * Les actions communautaires ont aussi été renforcées en 2021.

    En parallèle, la Société Scientifique de Médecine générale (SSMG) relayait sur son site destiné aux médecins généralistes, des informations, des documents et une formation continue en ligne concernant notamment le dépistage des IST.

    Actuellement, une dizaine d’associations sont subsidiées par l’AViQ à hauteur de plus d’un million et demi d’euros par an. En 2021, nous avons renforcé ces actions de près de 250 000 euros pour la sensibilisation, le renfort des actions communautaires afin d’amoindrir les effets de l’impact de l’épidémie.

    Enfin, afin d’assurer l’atteinte des objectifs fixés par l’ONUSIDA, à savoir mettre un terme à l’épidémie de SIDA d’ici 2030, les actions de lutte contre le VIH mises en place sur le territoire wallon s’intègrent dans le WAPPS 2030 ainsi que dans le plan national de lutte contre les VIH 2020-2025. Ce dernier paraîtra, avec un peu de retard, début 2022.