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Le risque de pénurie de pellets

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 201 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 10/12/2021
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    L'augmentation du prix de l'électricité et du gaz pousse de plus en plus de nos concitoyens à opter pour un moyen de chauffage complémentaire.

    Économique, efficace, écologique, on observe une hausse significative des moyens de chauffage aux pellets (poêles, cassettes, chaudière à pellets) chez les particuliers, mais aussi dans les petits commerces.

    Récemment, dans un article de presse de France Info, on apprenait que nos voisins des Hauts de France étaient en rupture de stock. Au sein des petites entreprises ou des entreprises familiales, cette pénurie avec des délais d'attente pouvant aller au mieux jusqu'à 3 semaines met en péril l'avenir de ces entreprises.

    Les clients délaissent peu à peu ces petits fournisseurs pour s'approvisionner dans les grandes surfaces qui ne connaissent pas encore ce problème parce qu'elles sont en mesure de prévoir et de stocker plus de volume. S'il y a pénurie dans les mois à venir, il y aura immanquablement une plus forte demande et donc une potentielle hausse de ce combustible qui est encore l'un des seuls à ne pas souffrir de fluctuations importantes.

    Bien que renouvelable, le bois n'est pas une ressource inépuisable et en considérant la mainmise chinoise sur notre bois wallon Monsieur le Ministre peut-il dire si nous devons craindre également une pénurie prochainement ?

    Des petites entreprises de revente de pellets lui ont-elles fait part de problèmes ou de craintes similaires ?

    A-t-il eu connaissance d'indicateurs relatifs à ce produit permettant d'envisager les évolutions de consommation ?

    Une éventuelle pénurie se profile-t-elle selon lui dans les mois à venir ?

    Pense-t-il que ce combustible connaitra lui aussi une augmentation et l'effet yoyo des prix du gaz et de l'électricité dans un avenir proche et enfin quelles mesures la Région wallonne peut-elle proposer pour aider les ménages qui se trouveraient en difficulté ?
  • Réponse du 21/12/2021 | Annexe [PDF]
    • de BORSUS Willy
    L’importance de la demande chinoise concerne essentiellement sur les bois feuillus (chêne, hêtre, frêne) qui ne sont pas utilisés pour la production de pellets. Les résineux exportés sont actuellement des bois scolytés excédentaires. Il faudra néanmoins rester attentif à ce qui pourra se passer une fois la crise des scolytes terminée, car un flux aura été amorcé ; flux qui pourrait se montrer fort préoccupant par la suite, s’il est soutenu par les prix, car la disponibilité des résineux va fortement se réduire dans les années à venir.

    La production de pellets en Belgique est essentiellement localisée en Wallonie, et est intimement liée aux grosses scieries de bois résineux (Fruytier, I.B.V., Pauls, Paletterie François, Fagnes Pellets) où la ressource destinée à leur production - copeaux et sciure - est largement captive (donc provenant de leur propre activité de transformation).

    Initialement orientés vers les pellets industriels pour la centrale électrique des Awirs (mise en service en novembre 2005 et fermée le 01/09/2020), les producteurs de pellets wallons (granulateurs) se sont progressivement tournés vers les pellets domestiques (normés et de meilleure qualité) du fait de la réduction de la consommation, par ladite centrale, de pellets locaux, plus chers que ceux importés.

    Partie de 0 en 2005, la production annuelle de pellets atteint 600 000 tonnes en 2020 en Wallonie (source FEBHEL - Fédération interprofessionnelle belge du Bois Énergie). Une nouvelle unité de 200.000 tonnes est en outre à l’étude, et serait implantée le long de la Meuse à Hermalle-sous-Argenteau.

    La consommation de pellets en Wallonie apparaît dans le Bilan énergétique de la Wallonie. Ce bilan est réalisé par l’ICEDD pour le compte du SPW ARNE. Le bilan 2021 (chiffres 2019) donne une consommation de pellets domestiques de 167.000 tonnes, en croissance régulière, mais encore loin de la capacité de production de nos granulateurs, en admettant, bien entendu, que ces derniers n’exportent pas l’essentiel de leur production.

    Le prix des différents combustibles est donné par l’APERe et ValBiom ; il est publié sur le site https://energiecommune.be/statistique/prix-energie/. Mais il est clair qu’une intensification de la demande peut conduire à une augmentation des prix, comme nous la connaissons pour les autres produits bois, même si elle ne se manifeste pas encore pour le moment.

    Le graphique en annexe reprend l’évolution de la valeur des pellets - en vrac ou en sac - parmi les autres sources d’énergie.

    Un focus sur les combustibles bois est repris sur le PanoraBois 2021 édité par l’Office économique wallon du bois.

    Concernant les mesures pouvant être prises, les CPAS octroient déjà des chèques énergie. Cela pourrait être un point de départ pour une éventuelle intervention à caractère social.

    Il faut encore souligner qu’une éventuelle augmentation importante des prix du bois énergie risque d’avoir un effet déstabilisant sur la filière. Lorsque, pressés par la demande, les granulateurs deviennent gourmands en matière première, ils se tournent non plus uniquement vers les produits connexes de la transformation du bois, mais achètent directement des (petits) bois ronds ordinairement réservés à la fabrication du papier et des panneaux. C’est ce qui s’est produit en 2014, et que d’aucuns ont appelé « la guerre des petits bois ».