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Les filières wallonnes d'isolation des bâtiments

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 205 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 17/12/2021
    • de MAROY Olivier
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Dans le cadre de son Plan de relance, la Wallonie prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros dans l'isolation du bâti public et privé. Le parc de logements wallon est vieux et vétuste, l'isolation des bâtiments constitue donc un gisement très important de réduction des émissions de CO2.

    Ces objectifs wallons, qui vont entrainer une augmentation de la demande pour le secteur de la construction, représentent selon moi une opportunité pour l'économie et l'emploi en Wallonie. Si on doit isoler tous ces bâtiments, il serait souhaitable que cela profite en priorité aux entreprises wallonnes. Pour rappel, le secteur de la construction au sens large représente 12 % du PIB régional. Chaque million d'euros de demande supplémentaire adressée au secteur génère en moyenne un total de l'ordre de 10 emplois dans l'ensemble de l'économie wallonne.

    Il existe déjà une « plateforme wallonne de l'isolation » qui référencie les professionnels de l'isolation en Wallonie. C'est un pas dans la bonne direction !

    Comment Monsieur le Ministre peut-il faire en sorte de privilégier et soutenir les entreprises wallonnes de l'isolation ? Je pense à la construction, mais aussi aux entreprises de production des matériaux d'isolation. Soutient-il cette filière en Wallonie ?

    Que pourrait-on faire pour soutenir les nouvelles entreprises qui se lanceraient dans la filière de l'isolation en Wallonie ?

    Ne pense-t-il pas qu'il serait souhaitable de booster cette « plateforme wallonne de l'isolation » ? Ne pourrait-on pas lui donner plus de visibilité selon Monsieur le Ministre, au bénéfice des entreprises wallonnes ?

    Comment collabore-t-il avec le Ministre Henry dans ce dossier ?
  • Réponse du 13/01/2022
    • de BORSUS Willy
    La filière de l’isolation, mais plus globalement, celle de la construction est essentielle en Wallonie, non seulement pour ce qu’elle représente en termes d’activité et d’emploi à l’heure actuelle, mais aussi et surtout pour ce qu’elle représente pour l’avenir.

    En effet, l’atteinte de l’objectif de réduction de -55 % des émissions de gaz à effets de serre d’ici à 2030 représente un défi colossal. L’une des façons d’y arriver sera l’accélération du rythme des rénovations, lequel devra évoluer drastiquement ; on passe ainsi d’un objectif du taux de rénovation actuel de 0,7 % à plus de 3 % par an (x4) du parc immobilier wallon si l’on souhaite atteindre les objectifs de réduction d’émissions fixés à l’horizon 2050. Atteindre cet objectif nécessite le déploiement d’efforts considérables à tous les niveaux, raison pour laquelle l’accompagnement et le soutient de toutes nos filières, notamment de la construction/isolation se révèle indispensable.

    Le bâti wallon présente un potentiel d’amélioration colossal. À l’heure actuelle, la performance énergétique moyenne est très faible et près de 50 % des constructions correspondent à une classe G ou F (PEB), alors que nous devons faire passer l’ensemble à la classe A !

    L’objectif de rénovation de 3 % du bâti correspond à 45 000 logements par an, soit au minimum 2,5 milliards d’euros d’investissement annuels en prenant un montant estimé des travaux pour une rénovation en profondeur située en 55 000 et 80 000 euros par logement.

    Ces objectifs ne doivent néanmoins pas être vus comme des contraintes, mais bien comme des opportunités (dont l’atteinte reste néanmoins fort ambitieuse) ; des opportunités pour les entreprises actives dans le secteur, mais aussi et surtout pour les ménages et les entreprises. Au vu de l’augmentation actuelle du coût de l’énergie, l’atteinte des objectifs de rénovation devient d’autant plus nécessaire au vu de l’augmentation du coût de l’énergie pour les ménages, pour le chauffage, notamment.

    Avec ces éléments de contexte, il me semble important de rappeler qu’existent actuellement un certain nombre d’outils à la disposition du secteur privé et public afin de leur permettre de réaliser leur transition énergétique. Je pense notamment au dispositif EasyGreen de Novalia ou encore à Renowatt de la SRIW.

    J’ai par ailleurs proposé au Gouvernement, qui l’a accepté en date du 16 décembre 2021, de confier une nouvelle mission déléguée nommée WalEnergie à la SRIW, afin que celle-ci, en concertation avec la Sowalfin, crée un nouvel outil d’accompagnement des grandes entreprises dans le même effort de transition énergétique. L’objectif est que début 2023, les outils fusionnés permettent d’accompagner techniquement et financièrement les entreprises de toutes tailles vers une transition énergétique réussie, laquelle passe notamment par l’isolation. Cette mission sera financée sur les fonds des outils et pourra également être alimentée par le Fonds wallon Kyoto. La SRIW travaille actuellement à l’identification d’entreprises pilotes, en concertation avec les fédérations, afin d’initier l’effort d’accompagnement et de définir une méthodologie efficiente, qui corresponde aux besoins du secteur.

    Par ailleurs, on mentionne la « plateforme wallonne de l’isolation ». Celle-ci existe effectivement depuis 2017, est gérée par le CCW et permet l’identification de prestataires de qualité en vue d’effectuer des travaux d’isolation.
    Aussi, et bien qu’il s’agisse d’une excellente initiative, j’insiste ici pour dire que cette plateforme n’est que l’un des instruments de facilitation existants. Le réel potentiel wallon réside dans une combinaison et un travail concerté de tous les acteurs du secteur. Je pense notamment aux pôles de compétitivité, aux clusters et aux acteurs privés qui travaillent à l’analyse et l’expérimentation devant permettre la mise en place d’un cadre propice à l’atteinte des objectifs susmentionnés. C’est sur base de ce travail qu’un certain nombre d’initiatives et dispositifs ont vu le jour.

    Le Gouvernement, à l’initiative de mon collègue Philippe Henry, a approuvé le 17 décembre 2021, le financement d’un projet pilote (Réno+) visant à analyser la faisabilité d’une massification des rénovations. L’objectif étant ici une rationalisation des coûts et des efforts déployés. Nous recherchons l’efficience par une approche de masse.

    La formation est également l’un des éléments critiques de cette période. Le secteur l’a suffisamment répété, ils manquent de travailleurs qualifiés. Nous mettons tout en œuvre pour former une nouvelle génération de professionnels de la rénovation en Wallonie.

    Je travaille par ailleurs activement avec les clusters, les pôles de compétitivité et les centres de recherche afin de les soutenir dans le cadre de projets de recherche et d’innovation en vue d’aboutir à des solutions mobilisables et réplicables à tout le territoire.

    Pour conclure, le troisième appel à projets lancé par la SRIW, qui concernait les matériaux et systèmes de construction, a abouti en décembre 2021 avec la sélection de cinq projets portés par des entreprises wallonnes représentant plus de 100 millions euros d’investissement corporel pour créer ou développer les capacités de production des entreprises lauréates. Parmi celles-ci, deux projettent de construire des unités de fabrication d’isolant au départ de matières premières biosourcées. À côté d’acteurs majeurs de ce secteur qui sont établis en Wallonie depuis de nombreuses années, comme par exemple Unilin à Vielsalm ou Knauf à Visé, je vois dans les résultats de l’appel à projets SRIW la démonstration de la pertinence de développer de telles activités industrielles sur notre territoire, particulièrement quand il s’agit de produits revendiquant un bénéfice pour l’environnement au regard de leur bilan carbone.