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La captation de CO2 par les industries verrières et cimentières

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 312 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 17/12/2021
    • de FLORENT Jean-Philippe
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    Deux secteurs industriels sont de grands consommateurs d'énergie et dès lors de gros émetteurs de CO2, le secteur du verre et du ciment. L'industrie verrière requiert de faire fondre du sable à près de 500°C et puise énormément d'énergie. Le secteur du ciment est également fortement émetteur : une tonne de ciment produite génère environ 600 kg de CO². Et il s'agit déjà d'une réduction de 200 kg de CO²/tonne de ciment par rapport à 1990, grâce à l'utilisation de combustibles alternatifs, et à une meilleure composition du ciment.

    Face à ce constat, ces deux secteurs sont en recherche de solutions techniques. Le recyclage du verre a un coût énergétique significativement moins élevé.

    Une autre piste envisagée par les deux secteurs, c'est la capture du CO2 lors du process industriel et sa séquestration. Cette solution pourrait bénéficier aux cimenteries, ainsi qu'aux autres industries de la construction. C'est d'ailleurs l'un des projets que vous pilotez dans le cadre du Plan de relance de la Wallonie.

    Quel travail de réflexion Monsieur le Ministre met-il en place concernant la captation de carbone des industries ?

    Quelles mesures porte-t-il pour favoriser ce genre de projets ?

    Une filière wallonne de captation carbone est-elle envisageable ?

    Le Plan de relance dans son projet 67 « inciter à la mise en place de techniques innovantes de gestion du CO2 et soutenir des projets pilotes » est-il orienté vers ces secteurs industriels ? Quel en est le calendrier de mise en œuvre ?

    Ces deux industries sont soumises aux accords de branche signés entre leur secteur et la Région wallonne, qui définissent d'un commun accord leurs ambitions climatiques.

    Comment Monsieur le Ministre étudie-t-il et soutient-il ces solutions dans le cadre des accords de branche ?

    Les accords de branche étudient-ils sur les alternatives énergétiques des secteurs énergivores ?

    D'autres solutions industrielles sont-elles à l'étude au sein du Gouvernement (usage d'hydrogène vert comme carburant alternatif) ?
  • Réponse du 27/01/2022
    • de HENRY Philippe
    Les industries cimentières et verrières sont effectivement de grosses consommatrices d’énergie. On nous rappelle que la production d’une tonne de ciment émet maintenant 600 kg de CO2, mais qu’une diminution de 200 kg par rapport aux années 1990 a déjà été réalisée. C’est bien sûr insuffisant, mais cela montre qu’il y a moyen d’améliorer, dans une certaine limite, les émissions des industries lourdes aux procédés industriels difficilement remplaçables.

    Pour aller au-delà, il y a bien une réflexion à devoir mettre en place. La neutralité carbone passera immanquablement par des techniques de neutralisation du carbone dans les processus émetteurs.

    J’attire néanmoins l’attention sur le fait qu’il faudra bien distinguer le CO2 pur pouvant être utilisé comme ressource du CO2 issu de processus de combustion ou trop impur dont la purification implique des coûts conséquents et une consommation énergétique trop importante.

    Quant à savoir, dans cette réflexion, si une filière de captation de CO2 est possible, il faut se rendre compte que chaque procédé industriel est différent et a ses propres spécificités. La réussite de ce type de projets dépend également des industriels eux-mêmes qui mettent en jeu leurs compétences pour installer un nouvel outil de production de chaux ou de ciment permettant une capture efficace du CO2. Ce type d’initiative ne peut pas être simplement copiée dans d’autres domaines industriels.

    On en vient alors à l’idée de capter le CO2 en divers endroits et de le transporter pour le stocker ou le transformer.
    Il est important de note que d’une part, il y a peu de lieux de stockage aisément accessibles en Wallonie, et d’autre part, la transformation pour la production de matériaux différents n’en est encore qu’au stade de la recherche, recherche dans laquelle la Wallonie est bien active.

    Nous pouvons évidemment capitaliser sur ces acteurs. C’est pourquoi, à l’instar de l’appel relatif à l’hydrogène, il sera intéressant de dupliquer l’initiative sur les technologies relatives à la filière du CO2. Je souhaiterais en effet pouvoir rapidement lancer un appel en ce sens de la manière la plus efficiente possible.

    Dans le cadre des accords de branche, la réflexion est bien d’actualité. La troisième génération est en cours de préparation, en utilisant les retours d’expérience de la deuxième. Les objectifs principaux sont la réduction de la consommation énergétique et la réduction des émissions de CO2 restent bien d’actualité, mais il faudra aller plus loin. J’attire cependant l’attention sur une des grandes difficultés de la capture de CO2 qu’il faudra contourner, à savoir la dégradation de l’efficience énergétique du processus industriel. Il faudra donc définir la façon d’intégrer cette difficulté dans la méthode de calcul afin de ne pas pénaliser les entreprises qui l’utiliseront.

    Pour répondre à la dernière question, la réponse est positive lorsque c’est approprié, vu la faible disponibilité actuelle de l’hydrogène vert. Un plan stratégique wallon pour l’hydrogène sera rédigé courant 2022.

    Cette année 2021, la réponse peut être illustrée par l’appel à projet sur l’hydrogène qui a montré un bel intérêt du secteur.