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L'aménagement du Réseau Autonome des Voies Lentes (RAVeL) et la réouverture de la ligne ferroviaire reliant Dinant et Givet

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 316 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 17/12/2021
    • de HAZEE Stéphane
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    Le Gouvernement fédéral a signé avec son homologue français il y a quelques jours une déclaration d'intention pour relancer la réouverture de la liaison ferroviaire transfrontalière Dinant-Givet. Il est ainsi prévu que les entreprises ferroviaires des deux pays réalisent ensemble une évaluation du potentiel économique et de la faisabilité technique du retour du train entre ces régions frontalières.

    Il est clair que la réouverture de lignes présente, dans son principe, un intérêt très positif.

    Ceci étant, un tel projet s'inscrit inévitablement dans un horizon de long terme et il importe également de ne pas entraver le développement de projets concrets en cours pour le court terme.

    Je souhaite dès lors faire le point avec Monsieur le Mininstre sur l'aménagement du tronçon de RAVeL manquant entre Anseremme (Dinant) et Waulsort (Hastière), qui doit prendre place sur une partie de l'emprise de l'ancienne voie de chemin de fer reliant Dinant à Givet.

    En partenariat avec les deux communes concernées, Dinant et Hastière, il a en effet dégelé ce projet à son arrivée. Le permis sollicité a toutefois été refusé, compte tenu d'un enjeu en matière de faune d'une part et des incertitudes concernant une réouverture de la ligne de chemin de fer Dinant-Givet d'autre part. Il m'a répondu à une précédente question qu’il avait demandé à l'administration de réintroduire une nouvelle demande de permis d'urbanisme revue afin de répondre aux observations du fonctionnaire délégué.

    Monsieur le Ministre peut-il confirmer que le projet de RAVeL est examiné dans une approche compatible avec une éventuelle future réouverture de la ligne ferroviaire et que, partant, l'annonce faite par l'État fédéral et la France n'entrave en rien le projet de RAVeL qu’il porte ?

    Peut-il préciser où en est le dossier ? En particulier, qu'en est-il de la demande de permis ? Une échéance approximative est-elle définie ?
  • Réponse du 27/01/2022
    • de HENRY Philippe
    Cela va bientôt faire 10 ans que le projet de RAVeL entre Dinant et Hastière (L154) est envisagé à la suite d’une première étude réalisée par l’ASBL Chemin du Rail en 2012.

    Ce tronçon de RAVeL de 10 km correspond au dernier maillon à aménager d’un itinéraire européen « EuroVelo 19, la Meuse à vélo » qui fait 1000 km entre les Pays-Bas et la France. Un itinéraire qui est de plus en plus emprunté avec l’essor du vélo dont le tourisme à vélo.
    Actuellement l’itinéraire emprunte une régionale (N96) sur 7 km qui est très dangereux pour les cyclistes.

    Entre 2013 et 2017, des études environnementales, puis techniques avec notamment une étude sur les itinéraires possibles ont été réalisées. Outre, l’assiette ferroviaire, plusieurs itinéraires avaient été envisagés dont l’aménagement en rive droite ou via une sécurisation de la voirie régionale. L’option la plus sécuritaire et la plus « simple » à aménager est de loin celle de l’ancienne ligne ferroviaire et c’est donc celle qui a été retenue. Toutefois, cela impliquait des dérogations au niveau de la loi sur la conservation de la nature vu le passage en zone Natura 2000.

    En 2018, l’ensemble des documents (permis d’urbanisme, certificat de patrimoine, autorisation de dérogation environnementale, cahier spécial des charges) ont été préparés. Des déboisements ont d’ailleurs été réalisés entre 2018 et 2019 et le budget était prévu pour l’engagement des travaux en 2019.

    Mais, en avril 2019, mon prédécesseur, le Ministre Di Antonio demandait au SPW MI de ne pas introduire le permis et a gelé le projet. Cette décision faisait suite à l’accord de coopération intervenu fin 2018 entre l’État fédéral et la France pour étudier la remise en service de la ligne ferroviaire Dinant-Givet.

    Pourtant, Infrabel avait bien été associé aux études dès le début et le respect de la distance minimale imposée par Infrabel, à savoir 2,60 m entre le Ravel et le rail, fut d’ailleurs l’un des postulats de base de toutes ces études. Cette distance peut être maintenue sur le tracé excepté en quelques lieux où des déviations peuvent être envisagées.

    C’est pourquoi j’avais pris la décision de relancer la demande de permis rapidement dès mon entrée en fonction. Malheureusement, la dérogation environnementale arrivait à échéance avant que les travaux ne puissent débuter. C’est notamment ce qui a provoqué un refus du permis par le fonctionnaire délégué.

    Par ailleurs, cet été, mon administration a constaté qu’un facteur important avait été sous-estimé jusqu’à présent dans les études. Il s’agit de la sécurisation des rochers dont certains sont déjà tombés sur l’ancienne voie. Cette sécurisation impliquera davantage de compensations environnementales et un budget plus important.

    À cela s’ajoute le fait que les études concernant la réouverture de la ligne ferroviaire vont enfin débuter. Celle consacrée au potentiel voyageur commencera en 2022, et celle sur la faisabilité technique débutera en 2023. La réouverture de la ligne, si elle est confirmée, serait envisagée au plus tôt en 2035.

    Cependant, au vu de l’enjeu de sécurité du trafic cycliste qui est en augmentation et que je souhaite promouvoir et développer, j’estime impossible d’attendre aussi longtemps pour réaliser le RAVeL. Toutefois, il serait logique qu’Infrabel contribue au financement des travaux de compensation environnementale et de sécurisation des parois rocheuses, et que dès lors la Wallonie ne les finance pas seule, si la ligne est ensuite remise en service dans une dizaine d’années.

    J’ai donc écrit à Infrabel pour leur demander de s’engager à travers une convention sur une répartition équitable des coûts dans le cas où la ligne serait réouverte.

    Si leur réponse est positive, je demanderai à mon administration en concertation avec Infrabel d’engager les démarches nécessaires à la réalisation du RAVeL dans les plus brefs délais. Une telle solution me paraît la plus efficace pour l’usager et respectueuse des visions à la fois de la Wallonie et d’Infrabel.

    J’ai également d’ores et déjà sollicité mon administration pour examiner les réponses à apporter aux observations du fonctionnaire délégué afin de pouvoir formuler une demande de permis permettant d’y répondre.

    En parallèle et à court terme, j’ai également demandé à mon administration d’examiner des possibilités d’une sécurisation de l’itinéraire aujourd’hui emprunté par les cyclistes le long de la N96. Cela impliquerait toutefois de réorienter plus de trafic routier entre Givet et Dinant vers la N936 et la N97.