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Le sondage de l'ASBL Mauto Défense relatif à la sécurité routière

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 123 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 17/12/2021
    • de AGACHE Laurent
    • à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
    L'ASBL Mauto Défense a sondé un échantillon de 956 personnes cet été pour mieux connaître l'intérêt de nos citoyens pour la sécurité routière, les facteurs qui contribuent à la détériorer ou à l'améliorer, et sur les moyens de remédier aux accidents.

    Au sujet des pistes d'amélioration, on trouve sans surprise l'amélioration de l'état des routes et des infrastructures. En outre 91,7 % pensent que la formation est un facteur important pour renforcer la sécurité. Si les auto-écoles classiques ont pour mission l'apprentissage du Code de la route, ils estiment qu'enseigner la maîtrise d'une voiture, comme par exemple, dans le cas d'un dérapage serait intéressant.

    86,6 % des interrogés estiment la sécurité routière « mal gérée », et 87,4 % estiment qu'il y a trop d'organismes différents « qui manquent de coordination et donc créent des incohérences qui mettent les usagers en danger et en porte-à-faux ».

    Lorsqu'il est demandé de classer par ordre de priorité les actions à mener par le GW, « l'amélioration des infrastructures routières » ne ressort qu'en 7e position, et « l'amélioration de la sécurité routière », en 9e. Il est interpellant de constater, malgré le nombre toujours trop important de blessés et tués sur nos routes, la faible place de la sécurité routière dans les thèmes prioritaires exprimés dans ce sondage.

    Quelle est l’analyse de Madame la Ministre de cette situation ?

    Confirme-t-elle ce relatif désintérêt des citoyens par rapport aux enjeux de la sécurité routière ?

    Que met-elle en œuvre pour sensibiliser davantage les citoyens à l'importance d'une sécurité routière responsable et partagée par tous les usagers de la route ?

    Plus concrètement, que met-elle en œuvre pour rendre plus accessibles les formations à la maîtrise des véhicules en cas de situation inhabituelle ou d'urgence d'une part, et pour coordonner davantage les acteurs impliqués dans l'édition des normes en matière de sécurité routière et d'usage de l'espace public ?
  • Réponse du 14/01/2022
    • de DE BUE Valérie
    Pour différentes raisons détaillées ci-dessous, il s'agit d'être prudent dans l’interprétation de l’enquête de Mauto Défense :

    Mauto Défense est une ASBL qui se revendique comme défenseuse des droits et intérêts des automobilistes et des motards qui en ont marre de la manière dont ils sont traités par l'État. Leur enquête porte sur un échantillon non représentatif de la population belge : Plus de 55 % des répondants résident en région bruxelloise. Seuls 185 Wallons ont répondu. La plupart des répondants sont sans doute sympathisants ou sensibles aux objectifs affichés par l'ASBL, avec notamment une sous-représentation des usagers actifs (cyclistes, piétons) de la route.

    Cette enquête est basée sur des questions orientées dont la formulation n’est pas neutre et dont le choix de réponse est limité à quelques éléments prédéfinis et à nouveau orientés. Ceci a pour conséquence d’induire certaines réponses sans nécessairement refléter l’opinion des répondants.

    Ainsi, à la question « quels sont vos sentiments à propos de la sécurité routière en Belgique ? ». Les répondants devaient dire s’ils étaient d’accord ou non (sans possibilité de nuancer leur opinion) avec les 6 affirmations suivantes :
    * Bien gérée ?
    * Gérée par trop d’organismes différents ?
    * Infantilisante ?
    * Inéquitable, partiale ?
    * Axée principalement sur les autos/motos et moins sur les autres moyens de déplacement ?
    * Les conseils de l’institut VIAS (sécurité routière) sont judicieux ?

    Lien vers l’enquête :
    https://www.mautodefense.org/_files/ugd/1065e3_fb690be8c4ca4c37bdafbe93c2647e66.pdf

    Lors des États généraux wallons pour la Sécurité routière en 2020, l’AWSR avait procédé à deux études. L’une basée sur un panel représentatif de 3 025 Wallons et l’autre, la consultation citoyenne ayant centralisé les réponses de 6 999 Wallons. La très forte participation spontanée à cette consultation citoyenne nous permet d’affirmer que la sécurité routière est un sujet qui interpelle les Wallons et que ces derniers se sentent impliqués par cette problématique.

    L’approche de l’AWSR permettait d’aborder tous les thèmes avec des questions fermées pour l’adhésion à certaines mesures et des questions ouvertes concernant les actions personnelles et des propositions de mesures. Ainsi, avec près de 13 000 propositions de mesures à la Ministre, les citoyens wallons ont pu librement exprimer leurs priorités réelles.

    Parmi la grande diversité des domaines abordés, la vitesse, l’infrastructure et la formation/sensibilisation ressortent notamment. Nous avons constaté également un fort intérêt pour la cohabitation entre usagers et un renforcement des contrôles/sanctions pour les comportements les plus dangereux.

    Si on peut se réjouir de voir que la formation est reconnue comme un facteur permettant d’améliorer la sécurité routière par les citoyens wallons et même par l’enquête de Mauto Défense, il s'agit de rester critique et se baser sur les études scientifiques qui montrent quels types de formation ont un réel impact sur la réduction du risque d’accident.

    Pour les jeunes conducteurs
    L'utilité d'une formation complémentaire pour les jeunes conducteurs, également appelée formation avancée à la conduite, manque de preuves convaincantes.
    Ce qui est inefficace, c'est la formation qui se concentre sur l'enseignement à court terme des compétences, comme trop souvent les cours de maîtrise des pertes de contrôles.

    En effet, les parcours de formation sont trop courts pour entraîner l'automatisme d'actions complexes, parfois contre-intuitives, nécessaires pour éviter ou corriger les pertes de contrôle. Un recyclage périodique s’avèrerait, en outre, nécessaire tant pour rafraîchir les acquis que pour adapter la formation aux évolutions technologiques.

    En dépit d’absence de ce dernier, les candidats ayant suivi ce type de formation pensent cependant trop souvent maîtriser ad vitam les compétences nécessaires. Cela les rend généralement trop confiants, ce qui entraîne une prise de risque plus élevée dans leur chef au regard des conducteurs qui n'ont pas suivi la formation.
    Toutefois, les formations axées sur l'amélioration de la connaissance et la pratique du trafic et l'amélioration de la conscience de soi s’avèrent être plus efficaces sur le plan de la sécurité routière.

    Pour les conducteurs expérimentés
    Les études scientifiques ont montré que globalement les formations aux situations extrêmes dans le cadre d’un suivi des conducteurs expérimentés, n'entraînent pas de diminution du risque d'accident.
    Néanmoins, certaines formes de formation peuvent être efficaces. Une formation de suivi axée sur la compréhension de ses propres limites, la perception et l'interprétation des conditions de circulation peut conduire à une diminution du risque d'accident chez les conducteurs.

    Au regard de ces éléments, l’AWSR, veille à développer et organiser des formations destinées à divers publics cibles afin de mieux les conscientiser au risque routier.

    Le bon maniement du véhicule en toutes circonstances fait partie de la maîtrise à avoir pour conduire en toute sécurité. Mais plutôt que d’axer les formations sur les dérapages en situation exceptionnelle (pluie, verglas, vitesse inadaptée…), le message à privilégier est l’anticipation ou l’adaptation de la conduite aux conditions de déplacement :
    - Envisager d’abord de ne pas prendre sa voiture dans des conditions météo délicates
    - Adapter sa vitesse, sa distance de freinage,… aux conditions de la route
    - Adapter ses horaires à la densité du trafic
    - …

    L'objectif est de faire réfléchir le conducteur aux actions qu’il peut poser pour diminuer son exposition aux risques.

    En ce qui concerne la sensibilisation à la sécurité routière, l’AWSR a pour mission de conscientiser, accompagner et conseiller tous les usagers de la route, en favorisant un respect et une compréhension mutuelle, avec un seul objectif : initier un changement de comportement durable pour des routes plus sûres.

    Dans cet esprit, l’AWSR développe des campagnes de communication sensibilisant aux grandes causes d’insécurité routière d’une part, mais aussi, différentes actions de proximité, en interaction directe avec les citoyens, axées sur des thèmes et des pratiques qui impactent la vie des usagers de la route, au quotidien.

    Dans le cadre de ces campagnes et de ces interactions avec les citoyens, sur les réseaux sociaux notamment, il semble que la sécurité routière fasse bel et bien partie des préoccupations des citoyens.