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Le concept d'ingénierie de la formation

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 203 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 20/12/2021
    • de KAPOMPOLE Joëlle
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Lors d'un interview, Yannig Raffenel, conférencier, consultant en management, professionnalisation, TIC et Co-Président d'EdTech France, évoque la nécessité de l'ingénierie de la formation : « Aujourd'hui, tous les savoirs sont sur internet ; la valeur n'est plus dans son contenu, mais elle est dans l'ingénierie de la formation, comment nous les mettons en pratique et en mesurons l'impact… ». D'après lui, les acteurs de la formation doivent faire de l'ingénierie pédagogique, reprendre les fondamentaux appris en « faisant ». C'est mettre en place une pédagogie par projet dans lesquels les apprenants vont travailler en groupe, avec des ressources qui leur sont mises à disposition. L'enjeu essentiel ici, ce n'est pas le contenu, mais ce qu'on en fait.

    Quel est l'avis de Madame la Ministre sur sa vision ?

    Quelle approche envisage-t-elle afin de faire évoluer les choses ?

    Quelles concertations peut-elle mener sur cette thématique avec la Ministre en charge de l'Enseignement supérieur ?
  • Réponse du 20/01/2022
    • de MORREALE Christie
    Il est nécessaire de préciser les concepts.

    L’ingénierie de formation s’appuie sur des méthodes d’analyse de besoins (en entreprise par exemple) afin d’élaborer un dispositif de formation : méthodes, outils d’évaluations ou de suivi afin d’améliorer le dispositif.

    Cette ingénierie relève des responsables RH ou des responsables de centres de formation : il s’agit avant tout d’établir un plan d’actions de formation en s’appuyant sur les besoins identifiés.

    Depuis plusieurs années, en référence aux recommandations européennes qui mettent en avant la notion de « learning outcomes » (résultats ou acquis d’apprentissage), les opérateurs publics de formation utilisent une ingénierie de la formation qui place la notion de compétences au cœur des curriculums. Ainsi, les programmes ou référentiels de formation sont rédigés avec un focus axé sur les compétences que doivent maitriser les apprenants au terme de leur parcours de formation (plutôt que sur le contenu de la formation) en vue de rencontrer les attentes du marché de l’emploi.

    L’ingénierie pédagogique est de la responsabilité du formateur et/ou de l’enseignant qui doit proposer un dispositif pédagogique (didactique) afin d’assurer le développement des compétences attendues. Concrètement, les formateurs mettent en œuvre la formation sur la base des programmes/référentiels rédigés selon l’approche des « learning outcomes », qui constituent en quelque sorte leur cahier de charge, en renforçant leur rôle d’accompagnateur afin de favoriser l’émergence, la combinaison et l’intégration de ressources, et donc le développement de compétences. Dans ce cadre, des méthodes et des contenus seront identifiés pour favoriser ce développement de compétences. Afin de répondre au mieux aux besoins individuels et collectifs, ces méthodes seront variées et doivent permettre la personnalisation de l’apprentissage. C’est dans ce cadre que la pédagogie par projets peut s’inscrire, ainsi que les nombreux contenus disponibles sur Internet (comme par exemple la Khan Academy, Wallangues, les moocs…).

    Ainsi, le parcours de formation est caractérisé par une alternance de séquences d’apprentissage de ressources (notamment en situations professionnelles reconstituées, voire réelles dans le cas de formations en alternance et/ou en milieu de travail) et d’évaluations formatives qui sont des mises en situation offrant un caractère fonctionnel, complexe et intégratif.
    C’est dans ce contexte également que s’inscrivent les changements de paradigme pédagogique que sont la classe inversée, le blended learning, l’usage de serious games ou même la classe renversée.

    Ces nouvelles méthodes pédagogiques contribuent à l’intégration des savoirs dans une approche par compétences et permettent de travailler sur les réalisations et projets menés par les apprenants. La combinaison du travail collectif et collaboratif avec un parcours individualisé et adapté aux besoins de chacun est tout le défi de ces nouvelles méthodes.

    Depuis plusieurs années, l’offre de formation de formateurs portée par FormaForm propose de nombreux modules qui permettent d’aborder ces différentes méthodologies. La Formation des formateurs est résolument ancrée dans cette « approche par compétence » qui s’appuie sur diverses méthodes pédagogiques pour accompagner les stagiaires et assurer le bon transfert des acquis sur le poste de travail.

    La pédagogie par projet est une des approches, l’approche par « le faire » également. L’idée est bien de sortir de la transmission de savoirs et de travailler davantage sur la compétence en situation de travail.

    Les CISP ont fortement développé ce type de pratiques dans leurs démarches de formation par le travail au travers de différents chantiers qui permettent aux stagiaires de développer leurs compétences et transférer leurs savoirs dans des situations de travail réelles.

    Elles gagnent à être développées plus largement pour développer les compétences autrement, mais également pour rencontrer des enjeux de notre société encore en souffrance (santé, crise migratoire, gestion de l’environnement, univers carcéral…).

    Des approches de stage ou de formation en entreprise sont à privilégier pour assurer l’intégration de ces compétences dans des contextes de travail réels. Il s’agit d’ailleurs d’objectifs poursuivis par certains projets pilotés par le Forem dans le cadre du Plan de relance, notamment la formation d’adultes en milieu de travail ou le développement des usages numériques « par immersion » dans les digital factories (fiche lifelong digital training).