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L'assainissement de la décharge de Limoy

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 246 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 20/12/2021
    • de HAZEE Stéphane
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Dans le cadre du Plan de relance pour la Wallonie, le Gouvernement a annoncé avoir débloqué 16 millions d'euros en vue d'assainir les décharges anciennes les plus problématiques. La SPAQuE a identifié, en particulier, 7 décharges problématiques à réhabiliter. Parmi celles-ci se trouve la décharge de Limoy situé sur le territoire de la Ville de Namur.

    Quelle est actuellement la situation de cette ancienne décharge ?

    Une étude de caractérisation de ce site a-t-elle pu être menée ? Avec quels résultats ?

    Le site web de la SPAQuE mentionne qu'en automne 2019, ce site a fait l'objet de prélèvements. Quelles ont été les conclusions de ces analyses ?

    Quelles mesures sont envisagées en vue d'assainir et de réhabiliter ce site ?

    Sous quel délai le travail d'assainissement va-t-il pouvoir débuter ?

    Madame la Ministre dispose-t-elle déjà d'un échéancier dans ce dossier ?
  • Réponse du 24/01/2022
    • de TELLIER Céline
    La décharge de Limoy est une ancienne sablière comblée entre 1986 et 1991 par près de 180 000 m³ de déchets ménagers, encombrants et hospitaliers. À l’issue de son exploitation, elle a été convertie en pâture. Ce site est suivi et étudié par la SPAQuE depuis de nombreuses années.

    Ainsi, plusieurs phases d’études commandées ou réalisées par la SPAQuE de 2002 à 2006 ont clairement mis en évidence un impact sur les eaux souterraines et une production importante de biogaz, migrant en dehors du massif de déchets, dans le sous-sol sableux, en direction d’une habitation voisine. La SPAQuE y a donc installé un dispositif de sécurisation (pompage du biogaz et des lixiviats), qui est toujours actif.

    Les eaux souterraines aux abords de l’ancienne décharge font également l’objet d’un monitoring par la SPAQuE dans le cadre de son activité de surveillance environnementale depuis 2005. Les analyses effectuées sur les eaux souterraines en 2019 ont montré des dépassements de normes en composés azotés, en manganèse et en dichlorométhane. D’autres composés organiques, tels que le benzène et plusieurs solvants chlorés ont été mesurés en faibles quantités. Ce sont les eaux souterraines situées à l’ouest du site qui apparaissent les plus impactées. Cette atteinte reste néanmoins modérée.

    En 2020 et 2021, la SPAQυE et l’ISSeP ont mis en commun leurs compétences afin d’établir un bilan global de la situation environnementale et d’évaluer l’impact de la décharge pour les riverains et l’environnement. Des mesures de gaz dans le sol et dans les eaux souterraines ont été réalisées et un suivi des teneurs en méthane (gaz explosif constituant principal du biogaz) a été réalisé dans les ouvrages de mesures autour de l’habitation et dans la cave de celle-ci.

    Ces investigations ont clairement confirmé le phénomène de migration du biogaz vers l’immeuble voisin. Plusieurs dizaines de pour cent de méthane ont été temporairement mesurés dans les ouvrages situés entre la décharge et l’habitation. Les mesures réalisées dans la cave se sont, quant à elles, montrées rassurantes, indiquant que les risques immédiats semblaient écartés. Néanmoins, l’absence de pénétration et d’accumulation de biogaz dans la cave jusqu’à atteindre le seuil d’explosivité du méthane ne peut être garantie à long terme.

    Compte tenu de l’importance de la problématique rencontrée et au vu des résultats obtenus, la SPAQuE et l’ISSeP ont confirmé la nécessité d’une réhabilitation de cette ancienne décharge, axée en priorité sur la gestion du biogaz. C’est la raison pour laquelle l’assainissement de cette décharge a été jugé prioritaire dans le cadre du Plan de relance de la Wallonie.

    Les travaux seront précédés d’investigations visant à délimiter exactement le massif de déchets, opération indispensable afin de positionner de façon optimale les puits de sécurisation vis-à-vis du biogaz.

    Les travaux de réhabilitation prévoient l’implantation d’un réseau de dégazage constitué de puits de gros diamètre, permettant de récupérer efficacement le biogaz et reliés à une unité de pompage et traitement du biogaz. Le débit et les teneurs en méthane du biogaz pompé, mesurés après la mise en service, orienteront les choix vers les techniques de gestion les plus adaptées.

    Ce réseau de dégazage sera complété d’un dispositif drainant implanté à la limite nord du site, afin de constituer une sécurisation supplémentaire de l’habitation voisine vis-à-vis du biogaz.

    Un réseau de pompes à lixiviats sera également mis en œuvre dans les puits de dégazage, à la fois pour assurer un dégazage plus efficient, et pour empêcher ces lixiviats d’atteindre les eaux souterraines. Les lixiviats pompés seront provisoirement traités sur charbon actif, comme c’est actuellement le cas ; ils seront également analysés et leur débit sera mesuré, de manière à vérifier s’il y a lieu de prévoir un autre type de traitement.

    L’option de mise en place d’une couverture étanche au-dessus du massif de déchets a été exclue d’emblée, afin d’éviter les migrations latérales de biogaz et de bloquer la biodégradation des déchets, retardant la stabilisation finale de la décharge.

    Ces travaux devraient débuter au cours du second semestre 2022.

    Il est également prévu d’assurer la maintenance des équipements installés et le monitoring des eaux souterraines jusqu’à ce que cette décharge ne représente plus de risques significatifs pour les riverains et l’environnement. Une réévaluation périodique de ces risques sera réalisée pendant toute la durée de la post-gestion.

    Le site ainsi réhabilité sera à nouveau apte à recevoir diverses activités adaptées à la valorisation de ce type de foncier dégradé, par exemple en étudiant la possibilité d’y implanter une centrale photovoltaïque. De plus, lors de la réhabilitation du site, divers aménagements favorisant la biodiversité seront mis en œuvre (ensemencement avec des plantes mellifères, création d’abris pour la faune, plantation de haies en limite de site…).