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Les nouvelles technologies de production d'acier

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2021
  • N° : 219 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 23/12/2021
    • de LENZINI Mauro
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Comme Monsieur le Ministre me le suggère dans sa réponse du 19 novembre dernier à ma question 105 sur la disponibilité du masterplan du bureau TER, j'ai consulté les slides en question sur le site de la SOGEPA.

    On peut lire sur le slide 21 (sur 54), acier et industries décarbonées, que vu que le procédé de production actuel est très polluant, l'industrie décarbonée a pour but de remplacer le minerai de fer par de l'hydrogène pour s'inscrire dans l'histoire industrielle de l'acier.

    Monsieur le Ministre peut-il m'apporter quelques précisions sur cette innovation et m’indiquer s’il entend soutenir ce type de technologie ?
  • Réponse du 14/01/2022
    • de BORSUS Willy
    Les industries et plus particulièrement l’acier décarboné ont une place importante dans le pacte vert pour l’Europe.

    Le secteur de l’acier et sa décarbonation sont spécifiquement repris dans :
    - la stratégie européenne pour l’intégration des systèmes énergétiques ;
    - la stratégie industrielle européenne.

    La stratégie pour l’intégration des systèmes énergétiques cite spécifiquement dans son pilier 3 l’objectif de « Soutenir les projets innovants fondés sur les carburants décarbonés comme les aciéries à hydrogène ».

    Par ailleurs, de manière plus globale, la stratégie industrielle européenne vise à mettre en place une industrie européenne qui est leader dans la neutralité climatique et la digitalisation (https://www.switchtogreen.eu/wp-content/uploads/2020/11/EU_industrial_strategy_en.pdf.pdf). Elle souhaite entre autres objectifs atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Les industries consommatrices en énergie (incluant l’acier) font partie des 14 écosystèmes industriels identifiés au sein de cette stratégie. Pour être plus résiliente par rapport à cette dépendance, l’Europe souhaite mettre en place des alliances industrielles sur les matières premières (https://erma.eu/). Cet axe reboucle donc avec l’axe 1 sur l’économie circulaire, créant d’autant plus d’opportunités de connexion entre les projets. Par ailleurs dans le rapport d’analyse sur les dépendances stratégique, l’Europe identifie spécifiquement l’hydrogène comme un facteur clé de décarbonation du secteur de la sidérurgie permettant également un lien entre l’axe 2 et 3 du Master Plan (https://ec.europa.eu/info/sites/default/files/swd-strategic-dependencies-capacities_en.pdf page 79). L’acier est identifié dans ce même rapport comme vital (https://ec.europa.eu/info/sites/default/files/swd-strategic-dependencies-capacities_en.pdf page 26). Enfin dans cette stratégie, pour accélérer la transition, la Commission européenne propose une analyse du secteur de l’acier pour assurer une industrie propre et compétitive. L’acier fait donc l’objet d’une attention particulière au niveau européen dans sa transition bas carbone.

    Outre ces aspects stratégiques, le marché est aussi porteur. Le mécanisme d’ajustement du carbone aux frontières, en cours d’implémentation, vise à mettre en place un système encadrant les importations de l’ensemble des produits consommés sur le territoire de l’Union européenne. Même s’il est aujourd’hui pressenti que les quotas de carbone (les autorisations d’émettre du carbone) pour le secteur de l’acier seront maintenus et que donc le mécanisme n’aura que peu d’impact au début, il prévoira une diminution progressive de ces quotas d’ici 2030 et 2050 pour traiter l’acier comme tout autre produit. Ce mécanisme taxera les émissions de carbone pour la production des biens importés en Europe, limitant par-là l’exportation de la pollution carbone dans le monde. Si ce mécanisme est assez puissant donc, il forcera la réinternalisation de la production de l’acier sur le territoire européen ainsi que sa décarbonation.

    Au niveau régional, l’acier ne fait pas à proprement parler d’un secteur identifié ou d’un domaine d’innovation stratégique au sein de la S3 wallonne. Cependant, de par les liens de cet axe avec l’économie circulaire et la production et l’utilisation d’hydrogène, plusieurs déclinaisons peuvent s’appliquer indirectement.

    En effet, le soutien régional à la production et la gestion de l’hydrogène pourront permettre l’émergence d’une industrie de l’acier décarboné en mettant à disposition de l’hydrogène vert préférentiellement qui sera utilisé dans le cadre d’une chaîne de valeur locale.

    D’autre part, le soutient de la S3 aux projets d’économie circulaire principalement axés sur la circularisation des matériaux géo sourcés (minerais) et préférentiellement rares donc coûteux pourrait mettre à disposition de l’aciérie des matières premières recyclées et donc avec un impact environnemental réduit.

    Par ailleurs, l’acier est un sujet, mais plus globalement l’industrie décarbonée en est un autre plus vaste. En effet, dans cet axe il peut être considéré tout projet de captation de carbone industriel ou autre soutenant l’atteinte de la neutralité carbone d’ici 2030.

    Le bassin d’emploi liégeois regroupe toutes les compétences historiques liées à la production d’acier. De nombreux sous-traitants et équipementiers sont également présents et en complément de grands acteurs économiques liés à l’hydrogène se positionnent sur de futurs projets. Si un industriel de l’acier souhaite bénéficier des soutiens à l’innovation européenne en vue de décarboner son industrie liée à la production d’acier, il aurait tout intérêt à développer son projet dans le bassin liégeois et les sites sidérurgiques offrent de nombreux atouts, tant par leur position, que par leur taille (possibilité de développer un écosystème avec d’autres acteurs) et leur multimodalité (route, eau, rail).

    Plusieurs axes et projets soutenus par le Gouvernement wallon dans le cadre du Plan de relance vont dans ce sens. On peut citer :

    1.3.2. Déployer une filière wallonne « hydrogène ». L’hydrogène vert constitue un élément important de la transition énergétique en vue de permettre une décarbonation croissante de certains secteurs difficilement décarbonables.

    Projet 47 : Soutenir le déploiement d'une filière wallonne « hydrogène » : recherche, production verte et applications sectorielles.

    2.2. Déployer une stratégie bas-carbone

    L’atteinte de ces objectifs doit s’articuler avec le soutien à la compétitivité du secteur économique et la création d’emplois. Dans cet objectif d’une société bas carbone, la reconversion de l’industrie sans sacrifier l’activité est un challenge.

    L’essentiel des actions soutenues au travers de cet axe doit permettre l’atteinte des objectifs ambitieux en termes d’énergies renouvelables et de décarbonation à long terme.

    Cette ambition passe également par une évolution de nos réseaux énergétiques afin de les rendre les plus aptes à relever les enjeux de la transition, plus particulièrement l’électrification massive attendue du transport ou de l’industrie et la décarbonation progressive du gaz naturel qui nécessiteront un renforcement de l’expertise présente au sein de nos GRD.

    Enfin, l’atteinte de nos objectifs de décarbonation nécessite un renforcement du déploiement des énergies renouvelables et des vecteurs énergétiques décarbonés, qu’il s’agisse d’électricité, de biométhane, de chaleur verte ou d’hydrogène et de gaz décarbonés ou à bas carbone. Elle passe également par la génération de technologies disruptives permettant une décarbonation en profondeur de certains procédés industriels, qu’ils soient en ETS ou hors ETS.

    L’ensemble des secteurs de la Wallonie doit contribuer solidairement et équitablement aux objectifs climatiques. Cet objectif de décarbonation à long terme offre un cadre rare de partenariat entre les acteurs institutionnels et le secteur industriel avec une ambition affichée et un maintien de la compétitivité du tissu industriel wallon.

    Les actions devront également permettre de voir l’émergence de nouvelles technologies à fort potentiel d’atténuation de GES comme, par exemple, la capture et la réutilisation du CO2 dans les processus émettant un CO2 de grande pureté.

    Projet 67 : Inciter à la mise en place de techniques innovantes de gestion du CO2 et soutenir des projets pilotes (Capture, transport, réutilisation et séquestration).

    Projet 71 : Soutenir la décarbonation des entreprises (industrielles) wallonnes via notamment la mise en œuvre de WalEnergie et le soutien aux IPCEI bas carbone.

    Projet 72 : Soutenir la décarbonation des entreprises (industrielles) wallonnes via le développement permettant d’amener de nouvelles technologies à maturité industrielle à travers la mise en place d’une plateforme de démonstrateurs.

    Dans la priorité numéro deux de la programmation FEDER 2021-2027, dédiée à « une Wallonie plus verte », les mesures 9, 10 et 11 sont dédiées à l’utilisation durable des ressources, l’économie circulaire et la transition bas carbone.