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La stratégie énergétique wallonne

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 334 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 06/01/2022
    • de DI MATTIA Michel
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    L'Union européenne se penche actuellement sur la taxonomie des énergies vertes et durables, un ensemble de règles visant à fournir aux investisseurs une définition unique et à canaliser davantage les investissements vers des énergies durables à soutenir dans le cadre du Pacte vert européen.

    La première partie du règlement relative à l'établissement des critères environnementaux aurait été adoptée, mais aucune décision n'aurait été arrêtée quant aux investissements pour les secteurs du gaz et du nucléaire. De son côté, le Gouvernement wallon entend développer fortement l'utilisation des énergies renouvelables avec, pour objectif, de se passer totalement du nucléaire et des énergies fossiles, respectivement pour 2025 et 2050.

    Dans cette perspective et pour maintenir ses objectifs en matière d'énergie tout en limitant l'augmentation des coûts pour les usagers, des investissements de plus grande ampleur seront nécessaires sur le réseau existant avec, notamment, la création de nouvelles lignes à haute tension. C'est en tout cas les justifications avancées par Elia pour la réalisation du projet « Boucle du Hainaut ».

    Pour autant l'avis du gestionnaire de réseau wallon quant à la nécessité de renforcer l'infrastructure hennuyère n'a pas été rendu public. La décision des autorités européennes de classifier le gaz fossile et l'énergie nucléaire comme des activités « vertes » ou « de transition » sous certaines conditions pourrait-elle être de nature à modifier la stratégie énergétique wallonne ?

    Le projet de la « Boucle du Hainaut » occupe une place prépondérante dans la mise en œuvre de cette stratégie. Le Gouvernement a-t-il consulté l'opérateur des réseaux gaz et électricité (ORES) dans le cadre du dossier ? Dans l'affirmative, confirme-t-il le besoin de renforcement du réseau existant tel que prescrit par Elia ? Dans la négative, ne serait-il pas opportun de mettre le gestionnaire de réseau wallon autour de la table ?
  • Réponse du 09/02/2022
    • de HENRY Philippe
    Le Gouvernement a en effet décidé de développer fortement l’énergie renouvelable pour pouvoir se passer de l’énergie fossile et nucléaire dès 2050.
    La proposition de la Commission européenne de considérer le gaz fossile et le nucléaire comme des énergies de transition ne modifie pas l’attitude du Gouvernement.

    Ceci demande des efforts à deux niveaux : au niveau de l’infrastructure de réseau électrique, comme l’honorable membre le souligne, mais également au niveau des installations de production d’électricité à partir de sources d’origine renouvelable.

    Si ces deux efforts sont indispensables, ils doivent aussi se faire au moindre coût. C’est pourquoi le Gouvernement met la dernière main à une modification du décret tarifaire de façon que les prochains tarifs pour l’utilisation des réseaux de distribution soient « incitatifs ». Cela signifie que ces nouveaux tarifs, qui entreront en vigueur le 1er janvier 2024, favoriseront une consommation d’électricité durant les plages horaires où l’électricité, notamment d’origine renouvelable, sera abondante et bon marché. De même, ces nouveaux tarifs enverront un signal pour ne pas faire fonctionner certains usages spécifiques, comme la recharge d’une voiture électrique, les pompes à chaleur ou encore les boilers électriques à accumulation … au moment où les réseaux sont saturés.

    De cette façon, il faudra moins vite renforcer les réseaux, tant de distribution que de transport, puisque certains nouveaux usages ne seront pas en activité lors des pointes synchrones (somme instantanée de toutes les pointes) du réseau. Les installations de production seront aussi mieux utilisées, puisque le consommateur recevra un incitant tarifaire à consommer lorsque la production est abondante.

    On devrait donc pouvoir éviter les situations où il faut arrêter des éoliennes parce que la consommation est insuffisante à ce moment-là.

    Tout ceci n’empêchera pas de devoir renforcer le réseau.

    Ce que le GRD peut faire pour réduire les contraintes sur les postes haute tension qui le raccordent à Elia est d’inciter les utilisateurs de son réseau de distribution à réduire les pointes de prélèvement au moment des pointes mesurées à ce poste. C’est ce que les nouveaux tarifs permettront. Ce faisant, le GRD pourra aussi réduire son tarif de transport qu’il doit payer à Elia, puisqu’une partie de ce tarif est calculé sur la pointe annuelle mesurée au poste lors de la survenance des pointes synchrones. C’est de cette façon que le GRD peut réellement aider Elia à limiter les besoins de renforcement de son réseau.