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Le manque de stocks de pellets

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 230 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 14/01/2022
    • de ANTOINE André
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Les stocks des fournisseurs de pellets s'amenuisent et la production ne suit pas. Cela a bien évidemment un impact sur la disponibilité et le prix des granules de bois.

    Au-delà de l'effet saisonnier qui fait logiquement grimper la demande en hiver, s'ajoute un été qui a particulièrement été frais. Les chaudières et poêles à pellets n'ont donc pas été complètement en « vacances » cette année et les fournisseurs n'ont pas reconstitué leurs stocks comme les autres années.

    À cela s'ajoute un « effet confinement », note Pierre Martin, le secrétaire général de la Fédération interprofessionnelle belge du Bois Énergie (FEBHEL). « On le sait, beaucoup de Belges ont profité de cette période pour faire des aménagements dans leur logement. Poêles à bois et à pellets ont connu une nette hausse des ventes. Avec, forcément, une répercussion qui se fait ressentir cet hiver sur le combustible. D'autant plus qu'avec l'explosion du prix des énergies fossiles, les Belges brûlent plus de pellets et de bûches. »

    Quelles initiatives Monsieur le Ministre a-t-il ou va-t-il prendre afin de faire face à ce manque de stocks de pellets ?

    Va-t-il réinvestir dans le secteur à travers la filière bois et son office économique qui regroupent 8 000 entreprises et représentent 18 000 emplois directs dans notre région ?

    Suite à l'augmentation des prix de l'électricité ou encore du gaz, nos concitoyens préfèrent, plus qu'auparavant encore, privilégier d'autres méthodes pour se réchauffer telles que l'usage du bois en bûches ou en pellets.

    Monsieur le Ministre a-t-il rencontré les différents acteurs de la chaîne du bois afin de préparer une réponse collective à l'attente de nos concitoyens ?

    Comment décourager les exportations du bois wallon afin de favoriser le circuit court ?

    Quelles initiatives va-t-il prendre pour assurer au mieux ses obligations vis-à-vis de ce secteur essentiel ?
  • Réponse du 27/01/2022
    • de BORSUS Willy
    Il est important de bien évaluer les capacités et les consommations actuelles des chauffages au bois et aux pellets. Or, le bilan énergétique wallon s’appuie sur des données assez anciennes, qui sont annuellement extrapolées sur la base des degrés-jour par l’ICEDD (Institut de Conseil et d’Études en Développement Durable). Les volumes de consommation de bois et de pellets annoncés sont dès lors très théoriques et peuvent se montrer largement sous-estimés.

    Au même titre que l’évaluation de la consommation, l’évaluation par la FEBHEL (Fédération Interprofessionnelle belge du Bois Énergie) de la production et surtout des flux de distribution des pellets wallons doit permettre d’y voir plus clair.

    Rappelons que la production annuelle de pellets atteignait 600 000 tonnes en 2020 en Wallonie (source FEBHEL), et qu’une nouvelle unité de production de pellets – Pellets Ardents– d’une capacité de 200 000 tonnes est annoncée à Hermalle-sous-Argenteau, alors que la consommation annuelle de pellets domestiques a été évaluée par l’ICEDD à 167 000 tonnes, en croissance régulière, mais encore loin de la capacité de production de nos granulateurs. Il s’agit donc d’une question de commerce, pas de production.

    Le problème est que la demande de pellets croît partout dans le monde (et surtout en Asie : Chine, Corée, Japon), ce qui ne laisse guère de marge de manœuvre en matière d’importation. Nos voisins français se plaignent également du même problème depuis plusieurs mois.

    Une sensibilisation des producteurs wallons est à envisager, car ils sont certainement sollicités à l’exportation, mais l’impact de cette sensibilisation est à relativiser.

    Mais il y a aussi une carence en bois bûche. Un récent reportage du côté de Charleroi faisait état de ruptures de stock avec des prix qui grimpaient (90 euros/stère). Selon un marchand de bois-bûche, la reconstitution de ces stocks demandera du temps ; peut-être deux ans, le temps que le bois soit suffisamment sec.

    Le plan de relance de la Wallonie a prévu de consacrer un budget de 42 millions d’euros à la filière bois, dont 8 millions d’euros pour la valorisation des feuillus, et 7 millions d’euros pour le nouvel opérateur, produit de la fusion de l’Office économique wallon du bois avec RND. Une série d’initiatives ont déjà été prises par l'Office pour mieux valoriser la ressource locale.

    L’augmentation du prix du gaz et de l’électricité dope effectivement l’usage du bois en bûches et des pellets. Mais à cela s’ajoute depuis plusieurs années une politique de promotion de l’utilisation de la biomasse dans la génération, la cogénération et le chauffage individuel et collectif, et, d’une façon plus générale, des énergies renouvelables dans le mix énergétique. L’ICEDD avait estimé qu’en Wallonie, plus de la moitié des énergies renouvelables consommées provenait du bois. La contribution du bois est énorme. Or il faut être conscient que notre ressource est, et restera limitée. Du fait de cette demande croissante et d’un marché international extrêmement fluctuant, il est donc plus que jamais nécessaire de stabiliser, voire d’accroître la ressource forêt/bois, d’autant que la transition bois carbone, dans le contexte de changement climatique, l’impose.

    En ce qui concerne les feuillus, la fuite de grumes est essentiellement préjudiciable aux scieries bien que d’autres acteurs soient également affectés. Pour la production de calories (les bûches, puisqu’il s’agit de feuillus, ou les plaquettes), l’essentiel – le houppier ou les petits bois – reste en forêt. En ce qui concerne les pellets, les exportations de résineux ronds représentent une perte de matière utilisable pour la production de pellets de 50 % (soit le rendement en volume du sciage).

    Des actions sont bien entendu menées pour limiter les exportations de façon générale, notamment :
    - ventes de gré à gré aux scieries de bois feuillus ;
    - promotion de la consommation de bois local (marque collective Bois Local – Notre Savoir-faire) ;
    - développement de nouveaux produits, process… dans le but d’améliorer la compétitivité des entreprises régionales.

    Le budget réservé au développement de la filière bois dans le PRW, et la création d’un opérateur unique ont déjà été évoqués. Il faudra toutefois veiller à ce que les évolutions de la forêt, qui se dessinent actuellement, ne portent pas préjudice à la fonction productive de la forêt.