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Les investissements wallons dans la production de masques chirurgicaux

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 231 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 14/01/2022
    • de ANTOINE André
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Ce devait être le symbole d'une relocalisation réussie ainsi que d'une indépendance stratégique face à certains pays tiers. Un peu avant l'été 2020, après des semaines de pénurie dramatique, plusieurs acteurs industriels belges ont décidé de se lancer dans la production de masques, principalement chirurgicaux.

    Des business plans sont échafaudés, de la place est libérée dans les usines pour accueillir des machines neuves, du personnel est mobilisé.

    La Région wallonne a d'ailleurs investi 250 000 euros en faveur de Deltrian protective Equipment, filiale de l'entreprise fleurusienne, créée pour l'occasion.

    Près de deux ans après le début de la crise, sur la dizaine d'entreprises, seules quelques-unes sont encore opérationnelles, mais tournent largement au ralenti selon certains médias !

    En revanche, dans certaines sociétés comme Deltrian, l'innovation permet de se démarquer et de persister. Ainsi, ils ont lancé un masque « virucide », enduit d'un produit qui détruit les virus.

    En Flandre, Medimundi, spin-off développée durant l'été 2020 est le seul acteur belge qui s'est concentré uniquement sur la production de masques FFP2. Un choix qui a visiblement porté ses fruits. Leur masque FFP3 est même en cours de certification.

    Monsieur le Ministre peut-il évaluer la pertinence et l'intérêt des investissements wallons en faveur des acteurs industriels impliqués dans la production de masques chirurgicaux ?

    Quel budget recherche est encore mobilisé pour soutenir l'innovation dans ce secteur qui est, plus que jamais, stratégique à l'heure actuelle ?

    Quelles initiatives nouvelles va-t-il prendre pour favoriser de réels circuits commerciaux aux masques wallons et donner ainsi crédit au discours d'un retour au local ?
  • Réponse du 03/02/2022
    • de BORSUS Willy
    Début avril 2020, la Région wallonne, au travers de la SRIW et de la SOGEPA, a décidé de constituer, au côté de l’investisseur privé DELTRIAN INTERNATIONAL, une NewCo dénommée DELTRIAN PROTECTIVE EQUIPMENT basée à Fleurus, dont l’objet social est la fabrication et la commercialisation d’équipements et de systèmes de protection individuelle, et en particulier, des masques chirurgicaux.

    La réactivité dont a fait preuve DELTRIAN PROTECTIVE EQUIPMENT face à la pandémie, et qui a été soutenue en association avec les outils financiers et le Gouvernement wallon, constitue un atout qui lui a permis, notamment, de participer au projet européen R&D RESERVIST aux côtés de 3 acteurs belges (CENTEXBEL, SIOEN et DESIMONE) dont le but est de créer des méthodes et des technologies permettant de reconfigurer très rapidement une chaîne de production industrielle afin de fabriquer des produits de première nécessité en cas de nouvelle pandémie. Coordonné par CENTEXBEL, ce projet implique 16 partenaires de 7 pays européens sur une période de 24 mois. En outre, les investissements publics ont eu un effet levier sur les investissements privés.

    Pour se démarquer de la concurrence à bas coût, DELTRIAN PROTECTIVE EQUIPMENT innove en ajoutant de nouvelles fonctionnalités à ses masques. La volonté de l’entreprise est effectivement, depuis le début, de développer une gamme de masques innovants, garantissant une meilleure protection, un meilleur confort, un meilleur coût d’exploitation et moins de déchets. Je soutiens fermement cette volonté, car il est essentiel pour nos entreprises de parvenir à se démarquer via des projets de R&D visant à améliorer notamment la qualité et les performances de leurs produits.

    Le masque virucide de DELTRIAN possède une couche externe imprégnée d’acide citrique qui désarme tout type de virus. Cette avancée majeure permettra notamment au corps médical de mieux se prémunir des maladies nosocomiales. Cette technologie de coating s’applique aussi aux systèmes de filtration d’air. Aujourd’hui, il y a en effet une sensibilisation du public et des industriels pour améliorer la qualité de l’air et optimiser la filtration afin de réduire la consommation énergétique.

    Le masque DELTRIOX est quant à lui un masque en silicone médical qui vient épouser la forme du visage et ne permet pas à l’air de s’infiltrer. L’air respiré passe à travers le filtre imbibé d’acide citrique qui va désactiver à 99,9 % toute forme de virus au bout de quelques minutes. Si le développement de ce produit en « medical device » est terminé, il se poursuit en tant qu’EPI (équipement de protection individuelle) avec toutes les certifications utiles.

    Aucun budget spécifique n’est dédié actuellement au niveau de la recherche pour soutenir l’innovation dans ce secteur, comme j’avais pu le faire lors du lancement de « l’appel Covid » en 2020. Par contre, toute entreprise qui souhaiterait être financée pour mener un projet de recherche, dans le domaine des masques chirurgicaux comme dans toute autre thématique, peut toujours déposer un dossier au niveau du SPW-Recherche et bénéficier d’un soutien wallon, en cas d’évaluation favorable.

    Malgré ces différents efforts, force est de constater que les capacités de production wallonne de masques sont sous-exploitées, par manque de commandes, dans un contexte de concurrence internationale très rude. Certains phénomènes peuvent être pointés : marchés publics qui privilégient encore trop fortement le prix, taux de TVA peu favorables à nos entreprises par rapport à l’importation… Cette situation de difficultés des producteurs nationaux par rapport à la concurrence asiatique se rencontre également en France par exemple.

    Je rappellerai également que, dans le cadre de la crise sanitaire, l’AViQ s’est chargée de la commande de masques, préfinancés par la SRIW et Wallonie Santé :
    * Pour le compte de la SRIW : 15 500 000 masques chirurgicaux pour un montant de 10 316 060 euros et 3 812 000 de masques FFP2 pour un montant de 12 223 394 euros.
    * Pour le compte de Wallonie Santé : 2 000 000 de masques chirurgicaux pour un montant de 1 547 600 euros et 1 500 000 masques FFP2 pour un montant de 6 280 500 euros

    De façon générale, il faut mieux sensibiliser les consommateurs. Ce n’est cependant pas là chose aisée. Nous œuvrons cependant en ce sens, par le développement de clauses environnementales ou encore de critères liés à la sécurité d’approvisionnement, afin de mieux les mettre en balance avec le critère du prix. C’est cependant une action de longue haleine.