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L'utilisation des données récoltées en agriculture

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 247 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 14/01/2022
    • de FLORENT Jean-Philippe
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    L'agriculture se digitalise. Les éleveurs et cultivateurs s'équipent progressivement d'appareils, robots, et capteurs censés faciliter le quotidien. Ces divers appareils connectés envoient les données collectées dans un « cloud ». Cette moisson de données est vouée au développement de services toujours plus performants ainsi que d'outils d'aide à la décision (OAD).

    Cependant, nous ne savons pas comment sont utilisées ces données, et surtout par qui. Une inquiétude renforcée par le flou juridique entourant la collecte de données agricoles et leur privatisation. En effet, les leaders de ces technologies de pointe sont des acteurs privés, eux-mêmes parfois rachetés par des multinationales pharmaceutiques.

    Face à ce risque, Elévéo a initié le projet « WaLLeSmart », une plateforme numérique permettant le développement d'une solution centrale de gestion du Big Data qui vise à éviter les lourdeurs administratives, traiter collectivement la donnée pour en tirer un maximum de connaissances afin de renforcer les OAD, mais surtout de sécuriser l'accès et la propriété des données des éleveurs. Ce projet permettrait une innovation plus transparente, collaborative, et collective.

    Cette évolution des technologies agricoles risque également d'accentuer la fracture numérique, en excluant une partie des agriculteurs des innovations.

    Que met en place Monsieur le Ministre pour soutenir les agriculteurs et éviter les écueils de cette digitalisation ?

    Soutient-il la mise en place de formations à l'utilisation de ces nouvelles technologies ?

    Les aides ADISA à l'investissement couvrent elles cette automatisation ? Le cas échéant, quelles balises a-t-il établies ?

    La priorité ne devrait-elle pas être donnée à des technologies open source et par lesquelles les agriculteurs conservent la propriété des données récoltées ?

    Comment assure-t-il que les agriculteurs restent maîtres et autonomes dans l'utilisation de ces robots, et des données qui en découlent ?
  • Réponse du 27/01/2022
    • de BORSUS Willy
    L'honorable membre souligne à juste titre la rapide transformation numérique du secteur agricole et le rôle central que les données jouent dans ce contexte.

    Le risque existe en effet que, dans certains cas, les données relatives aux exploitants agricoles soient exploitées par des acteurs privés sans le consentement explicite de ces derniers ou pour des fins différentes de celles initialement mentionnées dans les contrats qu’ils signent avec les fournisseurs de technologie. Le gouvernement s’est d’ores et déjà attaqué au problème. En particulier, il soutient le projet OpenAgro 4.1, porté par le CRAW. Il a pour objectif de qualifier le régime juridique des données et de leur utilisation. Ce projet sera amplifié via le Plan de Relance wallon, ce qui se traduira par la définition de bonnes pratiques nécessaires au développement d'outils (plateformes, OAD- outils d’Aide à la Décision) pour répondre aux nécessités d’ouverture et de transparence actuelles dans le respect des parties prenantes des secteurs de l’agriculture et de l’environnement. Il débouchera sur un cadre légal pour l’utilisation des données, des publications vulgarisées permettant au secteur de comprendre les enjeux autour des données et les aspects législatifs et la mise en place d’un service de conseil auprès des opérateurs économiques du monde agricole.

    Comme signalé, le projet « WaLLeSmart », porté par Elévéo, est également une réponse aux risques liés à l’utilisation potentiellement abusive des données, et ce dans le secteur de l’élevage. Il s’agit d’une plateforme collaborative regroupant actuellement près de 5000 adhérents. Ce projet garantit que les données de l’éleveur sont sécurisées et qu’il se trouve au centre de la décision quant à leur utilisation. Une convention-cadre a été passée entre le gouvernement et Elévéo qui, de plus, assure la formation des utilisateurs aux technologies déployées.

    En ce qui concerne la fracture numérique, c’est évidemment par l’intensification des efforts de formation des exploitants agricoles que l’on pourra y répondre. Plus de 1000 agriculteurs ont déjà été concernés par les formations dispensées par WalDigiFarm, un autre projet soutenu par le gouvernement et qui se verra considérablement renforcé, à nouveau dans le cadre du PRW. Dans le même ordre d’idées, l’une des activités prévues par la fiche 142 du PRW est justement consacrée à l’organisation d’ateliers de sensibilisation, de formation et d’accompagnement à la transformation numérique des métiers agricoles (Digital Training et Digital Agriculture).

    Au total, c’est plus de 12 millions d’euros qui seront consacrés au développement et à l’encadrement du Smart Farming en Wallonie sur la période 2022-2024. Parmi les mesures soutenues, il existe bien un soutien renforcé au développement de solutions Open Source, par exemple le projet Agromet II, qui a pour objet l’établissement d’une météorologie de précision, grâce à la combinaison du réseau météo de référence agromet.be et du réseau collaboratif de stations météo connectées des agriculteurs.

    Les aides ADISA, par l’admissibilité de certains investissements, contribuent à une partie de l’automatisation. En effet, il est possible pour une exploitation de demander des aides pour les investissements suivants : Outils informatiques professionnels (DAC, DAL, caméra chaleur), robots (nettoyeur, alimentation), GPS et RTK. Pour la future PAC, cette liste pourrait être complétée.